I.
Mon âme est faite ainsi que jamais ni l’idée,
Ni l’homme, quels qu’ils soient, ne l’ont intimidée ;
Toujours mon cœur, qui n’a ni bible ni Coran,
Dédaigna le sophiste et brava le tyran ;
Je suis sans épouvante étant sans convoitise ;
La peur ne m’éteint pas et l’honneur seul m’attise ;
J’ai l’ankylose altière et lourde du rocher ;
Il est fort malaisé de me faire marcher
Par désir en avant ou par crainte en arrière ;
Je résiste à la force et cède à la prière,
Mais les biens d’ici-bas font sur moi peu d’effet ;
Et je déclare, amis, que je suis satisfait,
Que mon ambition suprême est assouvie,
Que je me reconnais payé dans cette vie,
Et que les dieux cléments ont comblé tous mes veux.
Tant que sur cette terre, où vraiment je ne veux
Ni socle olympien, ni colonne trajane,
On ne m’ôtera pas le sourire de Jeanne.