Poète, dans les cœurs mettre un écho sonore,
Remuer une foule avec ses passions,
Écrire sur l’airain ses moindres actions,
Faire luire son nom sur tous ceux qu’on adore ;
Courir en quatre pas du couchant à l’aurore,
Avoir un peuple fait de trente nations,
Voir la terre manquer à ses ambitions,
Être Napoléon, être plus grand encore !
Que sais-je ? Être Shakespeare, être Dante, être Dieu !
Quand on est tout cela, tout cela, c’est bien peu :
Le monde est plein de vous, le vide est dans votre âme...
Mais qui donc comblera l’abîme de ton cœur ?
Que veux-tu qu’on y jette, ô poète ! Ô vainqueur ?
—Un mot d’amour tombé d’une bouche de femme !