Théodore de Banville

Chanson d’amour.

Qui veut avant le point du jour,
Vers le bien-aimé de mon âme,
Parce que je languis d’amour,
Porter le secret de ma flamme ?
 
Ô mon cœur, à quel cœur discret
Peux-tu te confier encore ?—
Si l’alouette a mon secret,
Elle ira le dire à l’Aurore.
 
Le désir de son javelot
A percé mon cœur qui se brise.—
Si je dis mon secret au flot,
Le flot l’ira dire à la brise.
 
Un frisson glisse sur mon col,
Et glace ma lèvre déclose.—
Si je le dis au rossignol,
Il ira le dire à la rose.
 
Qui donc saura le supplier
De finir mes peines mortelles ?—
Si je le dis au blanc ramier,
Il l’ira dire aux tourterelles.
 
Je me ploie ainsi qu’un roseau
Et ma beauté penche flétrie.—
Si je le dis au bleu ruisseau,
Il l’ira dire à la prairie.
 
Vous qui voyez mon désespoir,
Flots, ailes, brises des montagnes !—
Si je le dis à mon miroir,
Il l’ira dire à mes compagnes.
 
Parce que je languis d’amour,
Vous qui voyez que je me pâme,—
Allez, allez de ce séjour
Vers le bien-aimé de mon âme !

Les Stalactites (1846)

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Piaciuto o affrontato da...
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