Sonnet V.
Ronsard si tu as su par tout le monde épandre
L’amitié, la douceur, les grâces, la fierté,
Les faveurs, les ennuis, l’aise et la cruauté,
Et les chastes amours de toi et ta Cassandre,
Je ne veux à l’envi pour sa nièce, entreprendre
D’en rechanter autant comme tu as chanté,
Mais je veux comparer à beauté la beauté,
Et mes feux à tes feux, et ma cendre à ta cendre.
Je sais que je ne puis dire si doctement,
Je quitte de savoir, je brave d’argument,
Qui de l’écrit augmente ou affaiblit la grâce.
Je sers l’aube qui naît, toi le soir mutiné,
Lorsque de l’Océan l’adultère obstiné,
Jamais ne veut tourner à l’Orient sa face.