Sonner XXIV.
Pauvre peintre aveuglé, qu’est-ce que tu tracasses
A ce petit portrait où tu perds ton latin,
Essayant d’égaler de ton blanc argentin
Ou du vermeil, le lys et l’oeillet de sa face ?
Ce fat est amoureux, et veut gagner ma place.
Il lui peint pour le front, la bouche et le tétin.
Sors de là, mon ami, je suis un peu mutin :
Madame, excusez-moi, car j’y ai bonne grâce
Ces coquins n’ont crayons à vos couleurs pareils
Ni blanc si blanc que vous, ni vermeil si vermeil.
Tout ce qui est mortel s’imite, mais au reste
Les peintres n’ont de quoi représenter les dieux,
Mais j’ai déjà choisi dans le trésor des Cieux
Un céleste crayon pour peindre le céleste.