Robert Desnos

Le suicidé de nuit

Les rameaux verts s’inclinent quand la libellule apparaît
au détour du sentier
J’approche d’une pierre tombale plus transparente que
la neige blanche comme le lait blanche comme la
chaux blanche blanche comme les murailles
La libellule patauge dans les flaques de lait
L’armure de verre tremble frémit se met en marche
Les arcs-en-ciel se nouent à la
Louis
XV
Eh quoi ? déjà le sol dérobé par notre route dresse la main
Se bat avec l’armure de verre
Sonne aux portes
Flotte dans l’air
Crie
Gémit pleure ah ! ah ! ah ! ah ! sillage tu meurs en ce bruit
bleu rocher
Les grands morceaux d’épongés qui tombent du dd
recouvrent les cimetières
Le vin coule avec un bruit de tonnerre
Le lait le sol dérobé l’armure se battent sur l’herbe qui
rougit et blanchit tour à tour
Le tonnerre et l’éclair et l’arc-en-cie l
Ah ! sillage tu crevasses et tu chantes !
 
La petite fille s’en va à l’école en récitant sa leçon.
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