Victor Hugo est un poète, dramaturge, prosateur et dessinateur romantique français, né à Besançon le 26 février 1802 (le 7 ventôse an X selon le calendrier républicain encore en vigueur) et mort le 22 mai 1885 à Paris. Il est considéré comme l’un des plus importants écrivains de langue française. Il est aussi une personnalité politique et un intellectuel engagé qui a joué un rôle majeur dans l’histoire du xixe siècle. Il occupe une place marquante dans l’histoire des lettres françaises au xixe siècle, dans des genres et des domaines d’une remarquable variété. Au théâtre, Victor Hugo se manifeste comme un des chefs de file du Romantisme français lorsqu'il expose sa théorie du drame romantique dans les préfaces qui introduisent Cromwell en 1827, puis Hernani en 1830 qui sont de véritables manifestes, puis par ses autres œuvres dramatiques : Ruy Blas en 1838, mais aussi Lucrèce Borgia et Le Roi s'amuse.
Jacques Prévert est un poète, scénaristeet artiste français, né le 4 février 1900 à Neuilly-sur-Seine, et mort le 11 avril 1977 à Omonville-la-Petite (Manche). Auteur de recueils de poèmes, parmi lesquels Paroles (1946), il devint un poète populaire grâce à son langage familier et à ses jeux sur les mots. Ses poèmes sont depuis lors célèbres dans le monde francophone et massivement appris dans les écoles françaises. Il a écrit des sketchs et des chœurs parlés pour le théâtre, des chansons, des scénarios et des dialogues pour le cinéma où il est un des artisans du réalisme poétique. Il a également réalisé de nombreux collages à partir des années 1940.
Paul Verlaine est un écrivain et poète français du xixe siècle, né à Metz (Moselle) le 30 mars 1844 et mort à Paris le 8 janvier 1896 (à 51 ans). Il s'essaie à la poésie et publie son premier recueil, Poèmes saturniens en 1866, à 22 ans. Sa vie est bouleversée quand il rencontre Arthur Rimbaud en septembre 1871. Leur vie amoureuse tumultueuse et errante en Angleterre et en Belgique débouche sur la scène violente où, à Bruxelles, Verlaine blesse superficiellement au poignet celui qu'il appelle son « époux infernal » : jugé et condamné, il reste en prison jusqu'au début de 1875, renouant avec le catholicisme de son enfance et écrivant des poèmes qui prendront place dans ses recueils suivants : Sagesse (1880), Jadis et Naguère (1884) et Parallèlement (1889). Usé par l'alcool et la maladie, Verlaine meurt à 51 ans, le 8 janvier 1896, d'une pneumonie aiguë. Il est inhumé à Paris au cimetière des Batignolles (11e division). Archétype du poète maudit, Verlaine est reconnu comme un maître par la génération suivante. Son style — fait de musicalité et de fluidité jouant avec les rythmes impairs — et la tonalité de nombre de ses poèmes — associant mélancolie et clairs-obscurs — révèlent, au-delà de l'apparente simplicité formelle, une profonde sensibilité, en résonance avec l'inspiration de certains artistes contemporains, des peintres impressionnistes ou des compositeurs (tels Reynaldo Hahn, Gabriel Fauré et Claude Debussy, qui mettront d'ailleurs en musique plusieurs de ses poèmes).
Charles Baudelaire est un poète français. Né à Paris le 9 avril 1821, il meurt dans la même ville le 31 août 1867. Baudelaire naît le 9 avril 1821 au 13 rue Hautefeuille à Paris. Sa mère, Caroline Dufaÿs, a vingt-sept ans. Son père, Joseph-François Baudelaire, né en 1759 à La Neuville-au-Pont, en Champagne, est alors sexagénaire. Quand il meurt en 1827, Charles n’a que six ans. Cet homme lettré, épris des idéaux des Lumières et amateur de peinture, peintre lui-même, laisse à Charles un héritage dont il n’aura jamais le total usufruit. Il avait épousé en premières noces, le 7 mai 1797, Jeanne Justine Rosalie Janin, avec laquelle il avait eu un fils, Claude Alphonse Baudelaire, demi-frère de Charles. « Dante d’une époque déchue » selon le mot de Barbey d’Aurevilly, « tourné vers le classicisme, nourri de romantisme », à la croisée entre le Parnasse et le symbolisme, chantre de la « modernité », il occupe une place considérable parmi les poètes français pour un recueil certes bref au regard de l’œuvre de son contemporain Victor Hugo (Baudelaire s’ouvrit à son éditeur de sa crainte que son volume ne ressemblât trop à une plaquette…), mais qu’il aura façonné sa vie durant : Les Fleurs du mal.
Robert Desnos est un poète français, né le 4 juillet 1900 à Paris et mort du typhus le 8 juin 1945 au camp de concentration de Theresienstadt, en Tchécoslovaquie à peine libérée du joug de l’Allemagne nazie. Liminaire Autodidacte et rêvant de poésie, Robert Desnos est introduit vers 1920 dans les milieux littéraires modernistes et rejoint en 1922 l’aventure surréaliste. Il participe alors de manière éclatante aux expériences de sommeils hypnotiques et publie avec Rrose Sélavy (1922-1923) ses premiers textes qui reprennent le personnage créé par Marcel Duchamp. Dans les années 1924-1929, Desnos est rédacteur de La Révolution surréaliste mais rompt avec le mouvement quand André Breton veut l’orienter vers le communisme. Il travaille alors dans le journalisme et, grand amateur de musique, il écrit des poèmes aux allures de chanson et crée avec un grand succès le 3 novembre 1933, à l’occasion du lancement d’un nouvel épisode de la série Fantômas à Radio Paris La Complainte de Fantômas. Le poète devient ensuite rédacteur publicitaire mais préoccupé par la montée des périls fascistes en Europe, il participe dès 1934 au mouvement frontiste et adhère aux mouvements d’intellectuels antifascistes, comme l’Association des écrivains et artistes révolutionnaires ou, après les élections de mai 1936, le Comité de vigilance des intellectuels antifascistes. En 1940, après la défaite de la France face à l’Allemagne nazie, il redevient journaliste pour le quotidien Aujourd’hui, et dès juillet 1942 fait partie du réseau de résistance AGIR. Il poursuit ses activités de résistance jusqu’à son arrestation le 22 février 1944. Il est déporté à Buchenwald et passe par d’autres camps avant de mourir à Theresienstadt (Térézin), en Tchécoslovaquie : épuisé par les privations et malade du typhus, il meurt le 8 juin 1945, un mois après la libération du camp par les Soviétiques. La dépouille du poète est rapatriée en France, et Robert Desnos est enterré au cimetière du Montparnasse à Paris. Son œuvre comprend un certain nombre de recueils de poèmes publiés de 1923 à 1943—par exemple Corps et biens (1930) ou The Night of loveless nights (1930)—et d’autres textes sur l’art, le cinéma ou la musique, regroupés dans des éditions posthumes. Biographie Années de jeunesse Robert Desnos naît à Paris au 32, boulevard Richard-Lenoir. Il est le second enfant de Lucien Desnos et Claire Guillais. En 1902, la famille s’installe dans le quartier populaire des Halles où son père est mandataire pour la volaille et le gibier, mais également adjoint au maire de l’arrondissement. Ils habitent 11, rue Saint-Martin, dans « ce coin de Paris qui sent le soufre » où, jadis, les alchimistes et autres « sorciers » se livraient à d’étranges métamorphoses. Gérard de Nerval avait d’ailleurs trouvé là une source à ses voyages imaginaires. En 1913, la famille déménage pour le 9, rue de Rivoli, un autre univers. Mais ce Paris interlope des artisans et des commerçants marque profondément l’enfant et apparaîtra abondamment dans son œuvre. Ses rêveries sont nourries par le spectacle insolite des rues, entre cloître Saint-Merri et tour Saint-Jacques-la-Boucherie, et le monde varié des images que lui offrent aussi bien les affiches que les illustrations de L’Épatant et de L’Intrépide ou les suppléments illustrés du Petit Parisien et du Petit Journal. À six ou sept ans, Desnos dessine d’étranges formes sur ses cahiers. À douze ans, il passe à la couleur, et son monde secret se teinte de fantastique. L’enfant se rêve « enfant libre ». Desnos fait sa première communion en 1911 en l’église Saint-Merri. À l’école, il n’est pas bon élève. Il s’ennuie profondément et ne supporte pas le discours patriotique qui s’y développe. Il préfère lire Les Misérables de Hugo et s’embarquer avec les Marins de Baudelaire. Il se passionne aussi pour la culture populaire : romans – Émile Gaboriau, Eugène Sue, Jules Verne ou Ponson du Terrail –, et bandes dessinées, avec une affection particulière pour l’insaisissable Fantômas, dont les exploits sont relatés au cœur d’ouvrages bariolés. Il plonge avec délice dans ce romantisme de gare engendré par Les Mystères de New York, ou de Chicago, voire de Paris. Les surréalistes se retrouveront plus tard sur ce point en baptisant le merveilleux dans la naïveté populaire « Poésie involontaire ». Avec le cinéma, ses aventures livresques deviennent presque réalité. De tout cela, Desnos témoignera dans ses récits et ses critiques de films. Pour l’heure, il n’est encore qu’adolescent lorsqu’en 1916, avec pour seuls bagages un certificat d’études acquis en 1913 et son brevet élémentaire, il décide de quitter l’école Turgot. Face à un père désireux de l’encourager à poursuivre ses études pour embrasser une carrière commerciale, il oppose son désir farouche de devenir poète. Mis en demeure de se débrouiller tout seul, relégué – mais il le « veut » aussi – dans une chambre de bonne, il multiplie les petits boulots. On le trouve, un temps, commis dans une droguerie de la rue Pavée, mais le plus important est ailleurs : Desnos, buvant l’eau vive de ce qui s’offre à lui, se forge une solide et vaste culture autodidacte. Pendant que le premier conflit mondial s’éternise, il fréquente des jeunes gens en commune révolte contre cette boucherie des tranchées. Dès 1918, il a commencé à écrire quelques poèmes, dont certains sont publiés dans la Tribune des jeunes, une revue de tendance socialiste. Ses influences se nomment peut-être Apollinaire ou Rimbaud ; plus sûrement Laurent Tailhade, Germain Nouveau et, très certainement, ces anonymes « putains » des nuits de Saint Merri, que le garçonnet avait contemplées du haut de son sixième étage, au croisement de la rue des Lombards et de la rue Saint-Martin… Les putains de Marseille ont des sœurs océanes Dont les baisers malsains moisiront votre chair… Ce Fard des Argonautes, daté de 1919, et publié la même année dans la revue d’avant-garde Le Trait d’union, oscille entre illuminations d’un certain Bateau Ivre et grand fourre-tout mythologique issu des magazines à sensation. D’ailleurs, côté alexandrins, Desnos s’embrouille souvent avec la métrique et certains de ses vers ont treize pieds… À ceux qui le lui feront remarquer, intellectuels ayant digéré leurs classiques, Desnos rétorquera : « Je ne suis pas philosophe, je ne suis pas métaphysicien… Et j’aime le vin pur. » Le jeune homme n’a pas de culture savante ; il s’est construit en vrac, pataugeant dans l’immédiat de la vie qu’il mange à pleine dents, et les rêves des nuits qu’il note au tout premier réveil. « Ce que les écrivains ont à dire s’adresse à tous », répète-t-il devant les langages obscurs et les amphigouris des poètes sérieux… Son éveil à la chair ne s’est également pas fait sérieusement. Pas d’amours adolescentes ni d’ombres de jeunes filles en fleurs : c’est en plein hiver à seize ans, dans les bras d’une imposante matrone, que tout cela s’est joué. Dans cet immédiat après-guerre, Desnos devient secrétaire de Jean de Bonnefon et gérant de sa maison d’édition. Il fréquente des gens infréquentables, des anticonformistes clopinant du côté de l’hôtel de ville. Vers 1920, grâce au poète Louis de Gonzague-Frick, il est introduit dans les milieux littéraires modernistes. Chez Georges-Elzéar-Xavier Aubaut, homosexuel notoire et fort singulier personnage qui se farde comme Pierre Loti, se pare de bijoux et se dit ancien secrétaire de Huysmans, il rencontre Benjamin Péret et l’aventure Dada. Mais, malgré ses efforts, Desnos ne parvient pas à pénétrer ce milieu. Qui plus est, l’heure de son service militaire a sonné. Il part pour Chaumont puis au Maroc. Lorsqu’il reviendra, juste un an plus tard, les tempêtes dadaïstes auront déjà fait long feu. Le surréalisme et les premiers écrits Pendant qu’il joue les tirailleurs entre dattiers et palmiers en s’efforçant de tromper son ennui comme il peut, à Paris, les dynamiteurs de la pensée officielle comme de l’ordre social ont lancé leurs premières grenades. Entre 1920 et 1922, le peintre Francis Picabia ouvre la voie à la rupture et André Breton lance son célèbre Lâchez tout dans le second numéro de la revue Littérature. Dada mis au rancart, une nouvelle aventure commence. Benjamin Péret avait parlé de Breton à Desnos avant son départ pour l’armée. Il lui avait décrit les furieux éclats contre son temps de ce jeune homme de vingt-cinq ans. Sans doute est-ce au cours d’une permission que le troufion Desnos établit enfin le contact avec « ces compteurs d’étoiles », selon le mot de Victor Hugo. Tout se passe alors au Certa, un bar du passage de l’Opéra aujourd’hui disparu. S’y retrouvent Aragon, Breton, Radiguet (qui mourra en 1923), Tzara, Soupault, Cendrars, Vitrac– un ami– et quelques autres. Desnos monte dans la nacelle sans se faire prier, car il a déjà expérimenté à sa façon l’écriture automatique, forme d’expression aussi peu contrôlée que possible. En 1922, c’est certain, il a rejoint l’aventure Surréaliste. L’élève se révèle fort doué. Il trouve une famille parmi tous ceux qui se reconnaissent dans Les nécessités de la vie et les conséquences des rêves, ouvrage publié par Paul Éluard en 1921. Voir au-delà ou au-dedans… Desnos s’impose immédiatement par ses exceptionnelles capacités verbales (un flot de paroles intarissable où les mots s’appellent par affinités sonores) et met sa fougue à entrer dans les expériences les plus diverses. Il participe de manière éclatante aux expériences de sommeils hypnotiques, de récits de rêves ou de fantasmes. De fait, « il parle surréaliste à volonté ». Le rêve, cette porte ouverte sur l’inconnu, Desnos l’a déjà entrebâillée. Durant l’hiver 1918-1919, il avait noté sur son carnet : « Je suis couché et me vois tel que je suis en réalité. L’électricité est allumée. La porte de mon armoire à glace s’ouvre d’elle-même. Je vois les livres qu’elle renferme. Sur un rayon se trouve un coupe-papier de cuivre (il y est aussi dans la réalité) ayant la forme d’un yatagan. Il se dresse sur l’extrémité de la lame, reste en équilibre instable durant un instant puis se recouche lentement sur le rayon. La porte se referme. L’électricité s’éteint. » Lorsqu’en 1924 paraîtra le premier numéro de La Révolution surréaliste, on pourra lire dans la préface signée Jacques André Boiffard, Paul Eluard et Roger Vitrac : « Le procès de la connaissance n’étant plus à faire, l’intelligence n’entrant plus en ligne de compte, le rêve seul laisse à l’homme tous ses droits à la liberté. Grâce au rêve, la mort n’a plus de sens obscur et le sens de la vie devient indifférent. » De fait, Desnos est un voyant : il est ce medium qui, endormi, répond aux questions des assistants, amorce des poèmes ou des dessins. Lors de ces séances des sommeils, (la première a lieu chez Breton le 25 septembre 1922) il est question d’aller retrouver la liberté première de la pensée ayant élu domicile dans cet état de somnolence/rêverie que Nerval avait nommé supernaturaliste. Il est aussi celui qui ira le plus loin dans l’amour de l’involontaire et du fabuleux. Fantomas revient, à la fois magicien et sorcier et pénètre les mots. C’est l’heure où Breton annonce : « Le surréalisme est à l’ordre du jour et Desnos est son prophète. » Desnos s’installe alors dans l’atelier du peintre André Masson au 45 de la rue Blomet, à Montparnasse, près du Bal Nègre qu’il fréquente assidûment. Il s’initie à l’opium. C’est le temps des trois forteresses surréalistes : Breton, rue Fontaine, Aragon, Prévert, Queneau et André Thirion, rue du Château et cette rue Blomet où Desnos compte Joan Miró et le dramaturge Georges Neveux parmi ses voisins. Clair, garni de bizarreries trouvées au marché aux puces et d’un gramophone à rouleaux, l’atelier de Desnos n’a pas de clé, seulement un cadenas à lettres dont il se rappelle la composition une nuit sur deux. De 1922 à 1923, il se livre là uniquement au travail de laboratoire dont doit résulter Langage cuit, ce que Breton appelle les mots sans rides, et à la recherche poétique. Les Gorges froides de 1922 en sont l’un des exemples marquants. Plus tard, c’est sans doute également dans cet antre qu’il écrira The Night of loveless nights. Ce voyage expérimental vers le verbe nouveau est une impasse, et Desnos le sait. Lautréamont ne disait-il pas « une philosophie pour les sciences existe. Il n’en existe pas pour la poésie ? » Peu importe, il faut partir sur les routes, selon le mot de Breton. Sonne l’heure des poèmes de L’Aumonyme et des exercices de Rrose Selavy. Suivent Les Pénalités de l’Enfer (1922) et Deuil pour deuil (1924). Ces enfants terribles que sont les surréalistes revendiquent un esprit en ébullition perpétuelle et, pour l’heure, encore un humour sans limites. Desnos incarne cela plus que tout autre. Une anecdote de 1925 mérite d’être rappelée : lors de la première représentation de Locus Solus de Raymond Roussel, la salle reste de marbre alors que le poète applaudit à tout rompre : —Ah ! J’ai compris, lui dit son voisin, vous êtes la claque... —Parfaitement !, répond-il, et vous, vous êtes la joue. Dans les années 1924-1929, Desnos est rédacteur de La Révolution surréaliste. Mais il faut bien vivre : il travaillera comme comptable des publications médicales de la Librairie Baillière, écrira sur commande pour Jacques Doucet (De l’érotisme, 1923), deviendra, pendant un moment, courtier de publicité pour un annuaire industriel, puis caissier du journal Paris-Soir. À partir de 1925, il se fait journaliste d’abord à Paris-Soir puis au journal Le Soir ; enfin à Paris-Matinal. Sur ce métier, il écrira un sanglant article pour la revue Bifur : « Le journalisme actuel n’est “ journalisme ” que par le nom. […] Lecteurs, prenez garde ! L’annonce de huitième page du grand quotidien relative au fabricant de lits-cages influence le “ papier ” du chroniqueur de première page autant que les fameux fonds secrets et les subventions d’ambassade dont certains partis politiques ont tiré un argument facile pour discréditer leurs adversaires. Un journal, au surplus, s’écrit-il avec de l’encre ? Peut-être, mais il s’écrit surtout avec du pétrole, de la margarine, du ripolin, du charbon, du caoutchouc, voire ce que vous pensez… quand il ne s’écrit pas avec du sang ! » Reste le cinéma. Desnos écrira de nombreux scénarios. S’il n’est pas un théoricien, il préconise quand même un accord entre le pamphlet, la métaphysique et la poésie. Le cinéma du rêve, Luis Buñuel ou Jean Cocteau, est encore trop pauvre pour le satisfaire, mais il fait affaire avec ce qu’il voit et multiplie les critiques. Écrits sur le cinéma Il est ainsi possible de distinguer deux Robert Desnos dans son rapport au cinéma : celui qui écrit des scénarios, publiés mais jamais tournés, et celui qui écrit sur le cinéma pendant les années vingt. Entre les deux, c’est toujours le poète qui s’exprime. Ici, il sera question de Desnos face au cinéma de son époque. Il s’agit de comprendre comment s’articulent les convictions artistiques du poète surréaliste (priorité du rêve, de l’imagination, tragique exaltant l’amour) avec la réalité cinématographique des années vingt. Desnos écrit sur le cinéma essentiellement entre 1923 et 1929 dans Paris-Journal, puis Journal Littéraire, Le Soir, le Merle et enfin Documents. Ces textes reflètent les sentiments du groupe surréaliste dont il est l’un des membres les plus actifs à l’égard du cinéma. S’y retrouvent les questionnements autour du rêve et de l’écriture automatique. Desnos y adopte un ton lyrique et polémique. Desnos a toujours insisté sur le fait qu’il ne voulait pas faire de critique : « Je me suis toujours efforcé de ne pas faire de critique. En ce qui concerne le cinéma, je me suis borné à émettre des désirs » ou encore : “ La critique ne saurait être que la plus médiocre expression de la littérature et ne peut s’adresser qu’aux manifestations de cette dernière. Les actions notables échappent toujours au contrôle psychologique de ces commissaires-priseurs, qui, de leur marteau, font résonner chichement le carillon de la vie commune ". Ce qui l’intéresse, c’est rattacher le cinéma à l’existence, la création à la vie. « Défendre le cinéma c’était abattre la hiérarchie académique entre art mineur et art majeur, art d’élite et art populaire ». Ce que Desnos demande au spectacle de l’écran, c’est de représenter la vie désirée, d’exalter ce qui lui est cher, de lui donner « l’inattendu, le rêve, la surprise, le lyrisme qui effacent les bassesses dans les âmes et les précipitent enthousiastes aux barricades et dans les aventures », de lui offrir « ce que l’amour et la vie nous refusent ». Rêve, amour et érotisme Desnos rattache très souvent dans ses écrits le cinéma et le domaine du rêve et de l’érotisme, qu’il ne dissocie jamais de l’amour. Pour lui, le film comme le rêve est une aventure, il permet d’échapper à la réalité sordide et d’atteindre le merveilleux. Il retrouve dans les conditions mêmes de la représentation cinématographique, (faisceau lumineux, obscurité, solitude) un équivalent de l’état onirique, entre le réel et l’irréel, le conscient et l’inconscient. Le cinéma devient en quelque sorte une « machine à rêves », capable de reproduire les conditions du sommeil et de l’avènement du rêve. Desnos imagine un réalisateur capable de faire un film comme on rêve, le rêve étant pour lui « un cinéma plus merveilleux que tout autre » : “ Il est un cinéma plus merveilleux que tout autre. Ceux auxquels il est donné de rêver savent bien que nul film ne peut égaler en imprévu, en tragique, cette vie indiscutable à laquelle est consacré leur sommeil. Du désir du rêve participent le goût, l’amour du cinéma. À défaut de l’aventure spontanée que nos paupières laisseront échapper au réveil, nous allons dans les salles obscures chercher le rêve artificiel et peut-être l’excitant capable de peupler nos nuits désertées. Je voudrais qu’un metteur en scène s’éprît de cette idée ". L’importance accordée au rêve se double de celle accordée à l’érotisme, que l’on retrouve également dans son œuvre romanesque et poétique. Dans son article « L’érotisme » publié en 1923, Desnos compare le cinéma à une drogue, capable d’emmener l’homme dans un rêve artificiel qui lui permet de supporter le caractère fade et routinier de son existence. L’érotisme est pour lui une qualité essentielle de l’œuvre cinématographique, puisqu’elle permet l’accès à la puissance imaginative, émotive et poétique du spectateur. Comme l’explique Marie-Claire Dumas, « ce qu’en bon surréaliste Desnos demande au cinéma, c’est qu’il accomplisse, par ses images mouvantes et expressives, les désirs les plus intimes des spectateurs que la vie quotidienne déçoit ou réprime. » Desnos adopte, dans beaucoup de ses articles, un ton volontairement polémique, caractérisé par l’emploi de termes péjoratifs comme « imbéciles », qui se double d’assertions fermes et sans appel, le tout au présent de l’indicatif qui renforce l’idée de vérité : « L’un des facteurs les plus admirables du cinéma et l’une des causes de la haine que lui portent les imbéciles est l’érotisme ». Par cette assertion, Desnos se place implicitement dans le camp de ceux qui ont « compris » la valeur du cinéma, y compris pour leurs propres productions artistiques, tout en critiquant vivement la bêtise de ceux qui n’y voient que vulgarité et pauvreté. Engagement Desnos, dans ses écrits sur le cinéma, n’hésite pas à s’engager, à prendre parti et à affirmer sa liberté de jugement. Il est extrêmement critique sur la production française des années vingt, lui reprochant avant tout son manque de liberté et son attitude servile envers les financeurs et l’argent. Il dénonce alors le changement de nature opéré par l’argent sur le cinéma : d’origine populaire, il devient ennemi du peuple et soumis à la censure : “ Trésor fabuleux, la liberté ne conçoit pas l’avarice. […] Le cinéma français est un scandale permanent. Tout en lui est vil, vulgaire et témoigne d’une âme de policier et de domestique.Ne demandez pas pourquoi ! L’argent est coupable. Il y a en France des metteurs en scène capables de faire de beaux films. Mais pour faire de beaux films il faut beaucoup d’argent. L’argent est aux mains de la classe la plus méprisante du pays. Et ceux qui prêtent de l’argent aux metteurs en scène contrôlent les scénarios et imposent les actrices. C’est ainsi qu’en France le cinéma, mode d’expression populaire, est aux mains des ennemis du peuple.” Il n’hésite pas à apporter sa contribution aux débats de son temps : apparition du cinéma parlant qui implique la disparition de sous-titres que Desnos considère comme « moyen d’émotion directe qu’il importe de ne pas négliger », les conditions d’engagement des figurants que Desnos n’hésite pas à nommer la « véritable traite des figurants », tout en dénonçant des conditions de travail inadmissibles. Il s’engage aussi pour la défense des cinémas de quartiers, qui, selon lui, sont plus à même de communiquer l’émotion d’un film qu’une grande salle anonyme : “ Avec leur architecture grotesque où le velours, la dorure et le ciment armé se liguent pour réaliser des horreurs, confortables, sans doute, avec leurs fauteuils profonds propices au sommeil suscité par des films absurdes, les cinémas, les grands cinémas sont bien le dernier endroit où, maintenant, l’on puisse éprouver quelque émotion. Tandis que les salles de quartier gardent encore le privilège de la sincérité et de l’enthousiasme.” Cinéma et poésie Il est important de noter que les textes journalistiques publiés par Desnos sur le cinéma sont très utiles à qui veut comprendre son univers poétique. En effet, Desnos est fasciné depuis son enfance par le monde du rêve, par la découverte de l’érotisme et du sentiment amoureux. Il semble très sensible et réceptif aux rêves, à leur magie, leur puissance d’évocation et la liberté imaginative qu’ils permettent, loin de la censure que la société impose à l’individu. Il n’a de cesse de revendiquer la liberté de création et de dénoncer les censures quant à la nudité ou l’érotisme. Il refuse la logique du philistin, qui voudrait un cinéma littéraire, intelligent, mettant de côté les instincts et passions de l’homme. Marie-Claire Dumas explique que " critique de cinéma, Robert Desnos a donc des positions tranchées, offensives, où les impératifs surréalistes auxquels il adhère (priorité du rêve, de l’imagination, tragique exaltant l’amour) jouent un rôle majeur […]". On le voit dans ses poèmes " où les images défilent dans de perpétuelles métamorphoses, où la voix lyrique ponctue, à la manière des sous-titres, un scénario des plus fantaisistes, joue le rôle de stupéfiant dont l’écran est doté ". « Comme le film, le poème est le lieu des fusions et des confusions les plus ardentes ». Cette formule illustre parfaitement la pensée de Desnos quant à sa poésie, et la richesse qu’il décèle dans le cinéma : l’un et l’autre se nourrissent, s’enrichissent tour à tour. Le cinéma semble mettre en images ce que le poète met en vers. La puissance du voir, de la lumière et du mouvement sont une obsession pour le poète, qui jusqu’au bout semble chercher une poésie cinématographique. « Les articles de Desnos offrent une lecture partisane du cinéma des années vingt : c’est un surréaliste qui voit et qui témoigne. [...] On comprend alors l’intérêt porté par Desnos au documentaire : la voix est liée à l’image, mais dans un unisson très libre ». L’image se trouve donc au cœur de la pensée de Desnos, c’est elle qui permet l’accès au surréel, elle est la clef de voûte de l’édifice cinématographique et poétique. Ainsi, loin d’être un critique de cinéma, figure dont il se détache lui-même, Desnos serait plutôt à considérer comme un artiste et un journaliste engagés dans les débats de son époque, et prêt à défendre un art émergent dont il semble prévoir les possibilités futures. Le cinéma représente pour lui un nouveau moyen de placer la liberté et la création au cœur de l’art. Desnos apparaît ici comme un visionnaire et un précurseur, puisque ayant vu avant nombre de personnes dans le septième art un réservoir inépuisable de poésie et de liberté. Les années d’amour Desnos voue alors une passion à la chanteuse de music-hall Yvonne George. Elle est la « mystérieuse » qui hante ses rêveries et ses rêves et règne sur ses poèmes des Ténèbres. Il l’a probablement rencontrée en 1924. Si l’on en croit Théodore Fraenkel, l’ami fidèle, cet amour ne fut jamais partagé. Il le rêvera plus qu’il ne le vivra, source d’inspiration pour de nombreux poèmes, dont ceux de 1926, dédiés à la mystérieuse. Une occasion pour Desnos de renouer avec le lyrisme. Dès que lui parviennent ces poèmes, Antonin Artaud écrit à Jean Paulhan : « Je sors bouleversé d’une lecture des derniers poèmes de Desnos. Les poèmes d’amour sont ce que j’ai entendu de plus entièrement émouvant, de plus décisif en ce genre depuis des années et des années. Pas une âme qui ne se sente touchée jusque dans ses cordes les plus profondes, pas un esprit qui ne se sente ému et exalté et ne se sente confronté avec lui-même. Ce sentiment d’un amour impossible creuse le monde dans ses fondements et le force à sortir de lui-même, et on dirait qu’il lui donne la vie. Cette douleur d’un désir insatisfait ramasse toute l’idée de l’amour avec ses limites et ses fibres, et la confronte avec l’absolu de l’Espace et du Temps, et de telle manière que l’être entier s’y sente défini et intéressé. C’est aussi beau que ce que vous pouvez connaître de plus beau dans le genre, Baudelaire ou Ronsard. Et il n’est pas jusqu’à un besoin d’abstraction qui ne se sente satisfait par ces poèmes où la vie de tous les jours, où n’importe quel détail de la vie journalière prend de l’espace, et une solennité inconnue. Et il lui a fallu deux ans de piétinements et de silence pour en arriver tout de même à cela. » Cette mystérieuse, Desnos lui donne un visage et une voix. Elle est cette Étoile de Mer offerte en 1928 à Man Ray. Elle est celle pour qui la plume du poète laisse couler : J’ai tant rêvé de toi Que tu perds ta réalité… Yvonne George meurt de tuberculose en 1930, à seulement trente-trois ans. Desnos va l’aimer désespérément au-delà de la tombe. En 1943, paraît son unique roman, Le vin est tiré. Le poète y transpose son expérience tragique de la fréquentation d’un groupe d’« intoxiqués ». Ce groupe est centré sur la très belle, et très droguée, « Barbara ». Au fur et à mesure du déroulement du récit, presque tous les personnages sont tués par les drogues qu’ils consomment. Quant à Youki Foujita, avec qui il vit depuis 1930, elle est représentée par la sirène. Partagé entre ces deux amours, l’impalpable et le tangible, Desnos s’attribue la forme de l’hippocampe. En fait, il n’ose jamais trancher et l’étoile devient sirène, ce qui se lit dans Siramour. Il y a la chair, il y a l’amour. Entre les deux se glisse la pierre angulaire de l’érotisme. Le poète, qui a déjà narré ses convulsions sexuelles dans « Les Confessions d’un enfant du siècle » (La Révolution surréaliste no 6) devient Corsaire Sanglot, le héros de La Liberté ou l’Amour (1927) où la liberté des sens est totale, dans un tintamarre d’images extraordinaires et de tempêtes en tous genres. C’est la prose du scandale. Pour la société, l’œuvre sera mutilée par un jugement du tribunal de la Seine, mais l’ouvrage déplaît aussi à certains surréalistes, qui ne voient pas dans ce texte l’audace nécessaire à toute transgression. Desnos « récupéré » ? Toujours est-il qu’un clivage naît. Alors que Breton va lentement s’amidonner pour finir en statue de Commandeur, Desnos nage à contre courant, toujours plus loin… Rupture avec le surréalisme En 1929, s’amorce un changement dont les prémices sont présentes dans The Night of loveless nights et Siramour. Breton reproche à Desnos son « narcissisme » et de « faire du journalisme ». De plus, Breton veut entraîner le groupe vers le communisme, et Desnos ne franchit pas cette ligne. Dans La Révolution surréaliste, le groupe des dissidents (ce groupe compte, outre Desnos, Georges Ribemont-Dessaignes, Georges Bataille, Jacques Prévert, Georges Limbour, Roger Vitrac, Antonin Artaud, Philippe Soupault, André Masson, Joseph Delteil passe alors à l’action. Après avoir réglé leur compte à Anatole France et Maurice Barrès, ils ciblent dans Un cadavre le « Maître », devenu « lion châtré », « palotin du monde occidental », « faisan », « flic », « curé », « esthète de basse-cour ». Aragon, chargé d’exécuter définitivement Desnos, écrit, entre autres, sous le titre de Corps, âmes et biens, dans Le Surréalisme au service de la révolution : « Le langage de Desnos est au moins aussi scolaire que sa sentimentalité. Il vient si peu de la vie qu’il semble impossible que Desnos parle d’une fourrure sans que ce soit du vair, de l’eau sans nommer les ondes, d’une plaine qui ne soit une steppe, et tout à l’envi. Tout le stéréotype du bagage romantique s’adjoint ici au dictionnaire épuisé du dix-huitième siècle. On dirait une vaste tinette où l’on a versé les débris des débauches poétiques de Lebrun-Ecouchard à Georges Fourest, la scorie prétentieuse de l’abbé Delille, de Jules Barbier, de Tancrède de Visan, et de Maurice Bouchor. Les lys lunaires, la marguerite du silence, la lune s’arrêtait pensive, le sonore minuit, on n’en finirait plus, et encore faudrait-il relever les questions idiotes (combien de trahisons dans les guerres civiles ? ) qui rivalisent avec les sphinx dont il est fait en passant une consommation angoissante. Le goût du mot « mâle », les allusions à l’histoire ancienne, du refrain dans le genre larirette, les interpellations adressées à l’inanimé, aux papillons, à des demi-dieux grecs, les myosotis un peu partout, les suppositions arbitraires et connes, un emploi du pluriel […] qui tient essentiellement du gargarisme, les images à la noix, […] ce n’est pas la façon de s’exprimer qui vaut à ce livre d’être à proprement parler un chef-d’œuvre… » Desnos, avec Corps et Biens qui paraît en 1930, dresse le bilan de cette aventure. Écrits sur les peintres, Une écriture journalistico-poétique ? Longtemps partisan actif du mouvement surréaliste, dont il a été l’un des pivots, son écriture est de fait empreinte de l’univers du rêve, et se nourrit de la force de l’image. Ainsi, accéder à sa poésie passe par la prise en compte de la façon dont il nourrit l’écriture poétique par toutes les formes que lui apportent les différents arts, visuels notamment. Il est notamment auteur d’un ouvrage paru en 1984, les Écrits sur les peintres, texte dans lequel on retrouve une sorte d’art poétique, et ce notamment à travers le regard qu’il porte sur l’œuvre de Picasso, « je parle des poètes autant que des peintres », explique-t-il en ce sens. C’est à cause de l’ultimatum que lui pose André Breton, lequel ne supporte plus la perpétuelle recherche, à laquelle Desnos s’évertue inlassablement, de nouveaux moyens et de matériaux autres qu’il introduit dans la poésie surréaliste, et point déjà sensible depuis des années entre les deux hommes, le penchant de Desnos pour le journalisme, que Desnos rompt douloureusement avec le mouvement surréaliste. Pour Breton, être poète peut certes se concilier avec un métier alimentaire, mais certainement pas avec un métier d’écriture qui selon lui entre en concurrence avec l’écriture poétique (en ce sens où cela devient une écriture utilitariste). La grande question qui se pose alors quand Desnos quitte le groupe surréaliste est de savoir s’il a pour autant rompu avec le surréalisme. Il est probable, si l’on en croit ses propos sur Picasso, dont il qualifie le génie par sa capacité à être tout à la fois un et multiple dans son art, qu’il en va de même pour sa propre écriture : " Maintenant, tournez la page, la frontière est franchie, la barrière tombée. Picasso lui-même vous ouvre les portes de la vie ". « Il n’est aucune œuvre qui ne soit anecdotique ». La pratique de l’anecdote, « petit fait historique survenu à un moment précis de l’existence d’un être, en marge des événements dominants et pour cette raison souvent peu connu. [… ] Historiette, épisode », est un élément caractéristique de l’écriture de Desnos. Et c’est ce que met en évidence notamment le travail sur le ton, souvent railleur, polémique, quoiqu’en apparence badin. On le voit dans le texte sur le Buffet ; ou la comparaison entre le Braque et le Picasso qui ont été confondus ; ou encore dans les passages narrativisés sur les faussaires : tous ces petits récits se présentent comme des anecdotes et prennent pourtant place dans une totalité qui s’appelle Écrits sur les peintres. Ce sont des sortes de petites chroniques, qui ne sont pas sans lien avec une pratique qui lui chère, et qui lui valut, rappelons-le, sa brouille avec le parti surréaliste, à savoir l’écriture journalistique. Dans les Écrits, il traite ainsi sur un ton en apparence anecdotique un sujet lui-même également de cet ordre. On note une véritable accumulation de références biographiques de Picasso, de lieux singularisés qu’il fréquente, comme si ces lieux en disaient davantage (et le poète l’affirme, puisqu’il explique que pour avoir accès à Picasso, il faut le voir dans son atelier) sur le peintre que sa peinture finalement. Également de l’ordre de l’anecdotique, on peut rappeler sa propension à établir des digressions apparentes, qui en disent finalement plus long sur sa pensée que toute théorisation formelle. On pense ici à la digression sur « le poisson scie et la belette », dont il fait état parce que – et en tout cas a priori uniquement pour cette raison, en dénote le terme “ remords ” – « ce sont des animaux charmants ». Un ton léger, de badinage presque, qui s’approprie le réel multiple que représente l’anecdote afin de se l’approprier. L’anecdote permet ainsi l’articulation entre l’aspect journalistique de son écriture, de l’ordre de la chronique – il suffit de voir ses titres qui sont souvent très factuels, comme « La dernière vente Kahnweiler », « peintures de Picasso » … ou même l’utilisation d’un système de narration dans un texte prétendument critique (notamment les textes regroupés à la fin des Écrits, sous le titre « Rembrandt (1606-1928), Visite aux peintres des peintres »), stratégie renforcée par l’usage omniprésent du discours direct et des éléments visuels, spatiaux et temporels. Ce travail sur l’anecdote est mis en œuvre par de nombreux procédés, dont la mise en place d’une hétérogénéité recherchée à tous égards, par l’introduction de différents types de discours par exemple, mais aussi par le mélange des tons (ton presque burlesque par exemple) : ce que Desnos voit dans la peinture de Picasso, en accord avec sa propre pratique de l’écriture, c’est un « art magistral et [un] art bref en même temps », et une peinture des contradictions. Il en va de même pour le style : on a ici une écriture poétique, dont l’introduction d’un regard journalistique permet le renouvellement et à laquelle il confère une force de l’immédiateté. Il explique par exemple qu’ « une nature morte est une anecdote de la vie de quelques fruits et de quelques légumes, comme un portrait est une anecdote du visage d’un être ». On peut aller jusqu’à parler de l’anecdote, élément fondamental qui nous permet de parler d’une écriture journalistique, comme d’un « témoignage ». C’est une façon d’introduire du réel pour redonner souffle au surréel. Une écriture “ délirante et lucide ” Les années 1940 marquent un retour à la poésie et aux peintres, après que Desnos s’en est un temps détourné pour s’intéresser davantage à la radio et au journalisme. Sa grande question semble alors être de savoir dans quelle mesure une mathématique des formes peut se concilier avec l’inspiration surréaliste. Autrement dit, comment la poésie pourrait-elle être “ délirante et lucide ”. Et là encore, c’est en se tournant vers Picasso qu’il semble trouver une voie à explorer dans ce domaine, et c’est dans les textes qu’il consacre au peintre espagnol qu’il élabore sa propre théorisation stylistique de sa façon de pratiquer la poésie. Marie-Claire Dumas explique en ce sens que « désormais, dans le domaine de la peinture, un peintre prend le pas sur tous les autres : Picasso. Il offre l’exemple de toutes les libertés, de tous les déchaînements, comme de toutes les maîtrises. “ Délirante et lucide ”, telle serait la peinture de Picasso, à l’image de la poésie que Desnos poursuit ». Picasso semble être celui qui a atteint picturalement cet équilibre parfait entre délire et lucidité, celui-là même que l’écriture journalistique, qui précisément se revendique lucide par sa nature, peut apporter à l’aspect plus « délirant » du surréalisme. C’est en ce sens que Marie-Claire Dumas affirme que « désormais Desnos ne dissocie plus le destin de l’œuvre d’art des coordonnées sociales où elle s’inscrit. À l’état de crise générale, Desnos réagit par une lucidité sans amertume, qui tente de prendre la mesure de l’homme et d’en exalter tous les possibles ». L’œuvre d’art a ceci de fascinant qu’elle est à la fois factuelle, lucide, par sa présence immédiate, et à la fois délirante, puisqu’elle existe dans son propre univers, selon ses propres lois qui n’ont de limites que l’imagination de leur créateur. Le texte témoigne d’une recherche stylistique de la modalisation, en témoignent par exemple le grand nombre d’épanorthoses, reformulations pour donner l’impression de voir le discours s’établir sous nos yeux, et pour recréer la spontanéité de l’anecdotique précisément, ou encore les prétéritions : « On a tout dit sur Picasso, y compris ce qui n’était pas à dire. Je me refuserai donc aujourd’hui à contribuer à la glose plus ou moins burlesque de son œuvre ». Ce passage est un moyen de donner légitimité à son propos, lequel est certes encore une autre façon de gloser l’art de Picasso, mais une façon qui n’est pas, elle, contrairement aux autres, burlesque, qui est autre, et qui passe par une anecdote (à savoir, le fait qu’il croise parfois Picasso et que celui-ci le reconnait et le salue). Mais ce n’est pas aussi simple, et ce qu’il faut noter aussi, c’est que cette anecdote est précisément racontée sur un ton presque burlesque, puisque Desnos se raille lui-même en expliquant qu’il ne reconnait pas, lui, Picasso quand il le croise, à cause de sa myopie. On est dans une sorte de parodie du genre burlesque (il s’agit de traiter d’un matériau noble, le peintre Picasso, sur un ton un peu bas, trivial, par l’allusion à la myopie). Voici une contradiction (élément clé dans l’écriture poétique de Desnos et dans sa conception de l’art) qui est probablement recherchée par le poète, alors même qu’il décrit un peintre lui-même souvent défini comme contradictoire. Cette volonté de mélanger les matériaux, comme il mélange les tonalités, les registres, les discours, les genres, et les termes, est fortement affirmée dans sa conception. Poésie et témoignage. “ [...] Beau temps Pour les hommes dignes de ce nom Beau temps pour les fleuves et les arbres Beau temps pour la mer Restent l’écume Et la joie de vivre Et une main dans la mienne Et la joie de vivre Je suis le vers témoin du souffle de mon maître.” [1944-45] Finalement la poésie (au sens large) se fait témoin, ce qui rejoint là-encore l’aspect journalistique dont nous parlions précédemment. Cependant, elle se fait avant tout témoin de la joie, témoin de ce qui par définition n’est pas rationnel : elle est un jaillissement incontrôlable et imprévu. On retrouverait presque ici l’idée de « délire », mis en œuvre par l’écriture même, par le zeugma, « restent l’écume et la joie de vivre et une main dans la mienne et la joie de vivre », construction bancale qui marque un soubresaut de l’écriture ; et de fait, sémantiquement, il en va de même puisque la joie de vivre s’apparente par la construction à l’écume, élément qui apparaît lorsque la mer est violente et agitée : ainsi la main elle-même, par contamination lexicale, devient délirante. De plus, l’écume est aussi la marque de la folie, ou de la colère, et la joie se manifeste par le rire, lequel est traditionnellement associé à un aspect un peu diabolique de l’homme précisément en raison de son irrationalité. Entre délire et lucidité, on retrouve là la propre définition de Robert Desnos, si l’on peut parler ainsi, connaissant son aversion pour la catégorisation dont la définition peut être une manifestation, du surréalisme, puisqu’il l’a quitté précisément en raison du fait qu’il était voué à s’étouffer lui-même, à devenir une sorte d’automatisme et donc simple application d’une formule stérilisante, s’éloignant de sa constitution initiale entre le rêve et le regard sur le monde réel. Fantômas et la Drôle de guerre Youki Foujita partage désormais la vie du poète. Elle en est la lumière, mais aussi le souci. Le couple quitte la rue Blomet pour la rue Lacretelle puis s’installe au 19, rue Mazarine où défilent Jean-Louis Barrault et Madeleine Renaud, Felix Labisse, André Masson, Antonin Artaud ou encore Picasso. Pour Youki, il écrit des poèmes aux allures de chanson. Desnos est un grand amateur de musique. Le jazz, la salsa découverte lors d’un voyage à Cuba en 1928, le tango, le fado et les disques de Damia, Fréhel, Mistinguett et Maurice Chevalier, rengaines reflétant bien son Paris populaire, meublent sa discothèque. Mais on y trouve aussi les 78 tours de Mozart, Beethoven, Erik Satie et, surtout Offenbach. Comme pour la poésie, la musique doit parler à tous. Il s’improvise d’ailleurs chroniqueur musical. En 1932, grâce à Paul Deharme, Desnos se lance dans une carrière radiophonique où son imagination, son humour et sa parole chaleureuse vont faire merveille. Il devient vite assez célèbre et la radio lui offre des ressources que le journalisme de presse écrite (il a quitté la plupart des quotidiens pour ne plus écrire que dans des hebdomadaires édités par la NRF) ne lui assurent plus. Le 3 novembre 1933, à l’occasion du lancement d’un nouvel épisode de la série Fantômas, il crée à Radio Paris la Complainte de Fantômas qui ponctue, sur une musique de Kurt Weill une série de vingt-cinq sketches évoquant les épisodes les plus marquants des romans d’Allain et Souvestre. Antonin Artaud qui assure la direction dramatique tient le rôle de Fantômas, tandis qu’Alejo Carpentier est responsable de la mise en onde sonore. Le succès est grand. Par ailleurs, il publie la série poétique des Sans Cou (1934). En 1936, il entreprend le tour de force de composer un poème par jour. Cet exercice de refonte des écrits automatiques de l’âge d’or dure un an. Certains poèmes paraissent dans Les Portes battantes. Ce sera la seule publication de ces années de succès radiophonique. Grâce à Armand Salacrou, il entre à l’agence Information et publicité, où il anime une équipe chargée d’inventer des slogans publicitaires pour des produits pharmaceutiques (la Marie-Rose, le vermifuge Lune, la Quintonine, le thé des familles, le vin de Frileuse). Le poète devient ensuite rédacteur publicitaire aux Studios Foniric et anime l’équipe qui invente et réalise au jour le jour les émissions diffusées sur Radio-Luxembourg et le Poste Parisien. Il cherche à la fois à faire rêver ses auditeurs grâce aux capacités suggestives de la radio et à les rendre actifs dans la communication en faisant appel à leurs témoignages. C’est ainsi qu’en 1938 Des songes remporte un grand succès en reprenant à l’antenne des récits de rêves envoyés par les auditeurs. L’expérience radiophonique transforme la pratique littéraire de Desnos : de l’écrit celle-ci se déplace vers des formes plus orales ou gestuelles. L’essentiel pour Desnos est maintenant de communiquer, et la littérature est un moyen parmi d’autres. Ainsi Desnos écrit-il diverses chansons de variété, interprétées par des gens comme le Père Varenne, Margo Lion, Marianne Oswald, Fréhel. Peu à peu ses projets deviennent plus importants : en collaboration avec le compositeur Darius Milhaud, il écrit des cantates comme la Cantate pour l’inauguration du Musée de l’Homme, les commentaires pour deux films de montage de J.B. Brunius (Records 37 et Sources Noires, 1937) et travaille avec Arthur Honegger et Cliquet Pleyel pour des chansons de films. Dans cette période heureuse Desnos est conscient de la montée du fascisme en Europe. S’il s’est brouillé avec Breton et ses amis en 1927 parce qu’il refusait de les suivre dans leur engagement au parti communiste, cela ne signifie pas qu’il se désintéresse de la politique. On peut le définir comme un radical-socialiste, épris de liberté et d’humanisme. Son engagement politique ne va cesser de croître dans les années 1930, avec la « montée des périls ». Dès 1934, il participe au mouvement frontiste et adhère aux mouvements d’intellectuels antifascistes, comme l’Association des écrivains et artistes révolutionnaires ou, après les élections de mai 1936, le « Comité de vigilance des Intellectuels antifascistes ». Passionné pour la culture espagnole, il est très choqué par la guerre d’Espagne et le refus du Sénat d’y engager la France. Alors que la conjoncture internationale devient de plus en plus menaçante, Desnos renonce à ses positions pacifistes : la France doit, selon lui, se préparer à la guerre, pour défendre l’indépendance de la France, sa culture et son territoire et pour faire obstacle au fascisme. Aussi, en compagnon de route, accepte-t-il de prêter son concours à des manifestations des Maisons de la culture, et accepte-t-il d’écrire des critiques de disques pour le journal communiste Ce soir. Mobilisé en 1939 Desnos fait la drôle de guerre convaincu de la légitimité du combat contre le nazisme. Il ne se laisse abattre ni par la défaite de juin 1940, ni par l’occupation de Paris, où il vit avec Youki. Son activité radiophonique ayant cessé, il redevient journaliste pour Aujourd’hui, le journal d’Henri Jeanson et Robert Perrier. Après l’arrestation de Jeanson, le quotidien est rapidement soumis à la censure allemande mais Desnos ruse, surveille ses paroles et réussit à publier, mine de rien, selon son expression, des articles de littérature qui incitent à préparer un avenir libre. Résistance et déportation Pour Desnos, la lutte est désormais clandestine. Le 20 janvier 1940, il écrit à Youki : « J’ai décidé de retirer de la guerre tout le bonheur qu’elle peut me donner : la preuve de la santé, de la jeunesse et l’inestimable satisfaction d’emmerder Hitler. » Dès juillet 1942, il fait partie du réseau AGIR, auquel il transmet des informations confidentielles parvenues au journal, tout en fabriquant par ailleurs de faux papiers pour des Juifs ou des résistants en difficulté. En 1943, il est averti que ce réseau est infiltré (nombre de ses membres furent d’ailleurs dénoncés, arrêtés et déportés), mais il en demeure membre tout en se rapprochant, sous la recommandation du poète André Verdet, du réseau Morhange, créé par Marcel Taillandier. Dès lors, aux missions de renseignements qu’il effectue pour le premier s’ajoutent très certainement des missions bien plus directes et violentes.Sous son nom ou sous le masque de pseudonymes, il revient à la poésie. Après Fortunes (1942) qui fait le bilan des années trente, il s’adonne à des recherches où poème, chanson, musique peuvent s’allier. Ce sont les couplets d’État de veille (1943) ou les Chantefables (1944) à chanter sur n’importe quel air. Puis Le Bain avec Andromède (1944), Contrée (1944), et les sonnets en argot, comme Le Maréchal Ducono, virulente attaque contre Pétain, qui poursuivent, sous des formes variées, sa lutte contre le nazisme. « Ce n’est pas la poésie qui doit être libre, c’est le poète », dit Desnos. En 1944, Le Veilleur du Pont-au-Change, signé Valentin Guillois, pousse son vibrant appel à la lutte générale, quand le poète est arrêté, le 22 février. Ce jour-là, un coup de téléphone d’une amie bien placée l’avait averti de l’arrivée imminente de la Gestapo, mais Desnos avait refusé de fuir de crainte qu’on emmenât Youki, qui se droguait à l’éther. Interrogé rue des Saussaies, il finit à la prison de Fresnes, dans la cellule 355 de la deuxième division. Il y reste du 22 février au 20 mars. Après d’incroyables recherches, Youki retrouve sa trace et parvient à lui faire porter des colis. Le 20 mars, il est transféré au camp de Royallieu à Compiègne où il trouve la force d’organiser des conférences et des séances de poésie (il y écrit Sol de Compiègne). De son côté, Youki multiplie les démarches dans de nombreux services de la police allemande et obtient que le nom de Desnos soit rayé de la liste des transports. Mais, le 27 avril, le poète fait partie d’un convoi de mille sept-cents hommes dont la destination est Buchenwald. Il y arrive le 12 mai et repart deux jours plus tard pour Flossenbürg : le convoi, cette fois, ne compte qu’un millier d’hommes. Les 2 et 3 juin, un groupe de quatre-vingt-cinq hommes, dont Desnos, est acheminé vers le camp de Flöha, en Saxe où se trouve une usine de textile désaffectée reconvertie en usine pour carlingues de Messerschmitt fabriquées par les prisonniers. De ce camp, Desnos écrit de nombreuses lettres à Youki qui, toutes, témoignent de son ardente énergie comme de son désir de vivre. Le 14 avril 1945 sous la pression des armées alliées, le kommando de Flöha est évacué. Le 15 avril, cinquante-sept d’entre eux sont fusillés. Vers la fin du mois d’avril la colonne est scindée en deux groupes : les plus épuisés – dont Desnos – sont acheminés jusqu’au camp de concentration de Theresienstadt, à Terezin (Protectorat de Bohème et Moravie), les autres sont abandonnés à eux-mêmes. D’après le témoignage de Pierre Berger, le journaliste Alain Laubreaux, partisan actif de la politique de collaboration et antisémite notoire, intervint personnellement pour que Desnos soit déporté comme prévu par le prochain convoi. Laubreaux et Desnos nourrissaient l’un pour l’autre une vieille animosité, marquée notamment par la gifle que le premier reçut du second au Harry’s Bar. Pour Pierre Barlatier, Laubreaux est le responsable de la mort de Desnos Theresienstadt, le poète retrouvé À Theresienstadt, les survivants sont soit abandonnés dans les casemates et les cellules de fortune, soit expédiés au Revier, l’infirmerie. Desnos est de ceux-là. Les poux pullulent, le typhus fait rage. Le 3 mai 1945, les SS prennent la fuite ; le 8 mai, l’Armée rouge et les partisans tchèques pénètrent dans le camp. Les libérateurs traînent avec eux quelques médecins et infirmiers afin de sauver qui peut l’être encore. Sur une paillasse, vêtu de l’habit rayé de déporté, tremblant de fièvre, Desnos n’est plus qu’un matricule. Plusieurs semaines après la libération, un étudiant tchèque, Joseph Stuna, est affecté par hasard à la baraque no 1. En consultant la liste des malades, il lit : Robert Desnos, né en 1900, nationalité française. Stuna sait très bien qui est ce Desnos. Il connaît l’aventure surréaliste ; il a lu Breton, Éluard… Au lever du jour, l’étudiant se met à la recherche du poète au milieu de deux cent-quarante « squelettes vivants » et le trouve. Appelant à l’aide l’infirmière Aléna Tesarova, qui parle mieux le français que lui, Stuna veille et tente de rassurer le moribond au péril de sa vie. Desnos a tout juste eu la force de se relever en entendant son nom et de souffler « Oui, oui, Robert Desnos, le poète, c’est moi. » Ainsi Robert Desnos sort-il de l’anonymat… Leur a-t-il laissé un dernier poème, comme on le croira ? Rien n’est moins sûr. Au bout de trois jours, il entre dans le coma. Le 8 juin 1945, à cinq heures du matin, Robert Desnos meurt. Paul Éluard, dans le discours qu’il prononce lors de la remise des cendres du poète, en octobre 1945 écrit : « Jusqu’à la mort, Desnos a lutté. Tout au long de ses poèmes l’idée de liberté court comme un feu terrible, le mot de liberté claque comme un drapeau parmi les images les plus neuves, les plus violentes aussi. La poésie de Desnos, c’est la poésie du courage. Il a toutes les audaces possibles de pensée et d’expression. Il va vers l’amour, vers la vie, vers la mort sans jamais douter. Il parle, il chante très haut, sans embarras. Il est le fils prodigue d’un peuple soumis à la prudence, à l’économie, à la patience, mais qui a quand même toujours étonné le monde par ses colères brusques, sa volonté d’affranchissement et ses envolées imprévues. » Robert Desnos est enterré au cimetière du Montparnasse à Paris. Histoire et mythe d’un « dernier poème » Après la guerre, est publié dans la presse française un dernier poème de Desnos, qui aurait été retrouvé sur lui par Joseph Stuna. En réalité, ce texte est le résultat d’une traduction approximative à partir du tchèque de la dernière strophe d’un poème de Desnos écrit en 1926 et dédié à Yvonne George, J’ai tant rêvé de toi : Dans l’infirmerie du camp et vu son état moribond, Desnos n’a eu ni physiquement ni matériellement la possibilité d’écrire quoi que ce soit. On sait aussi avec certitude que Joseph Stuna n’a rapporté que la paire de lunettes de Desnos. Effectivement, la dernière strophe du poème (une première traduction du français en tchèque) accompagne l’annonce du décès de Desnos dans le journal Tchèque “ Svobodné Noviny ” daté du 1er juillet 1945. Le 31 juillet, le même journal publie un article relatant les derniers jours du poète sous le titre Cent fois plus ombre que l’ombre avec, en plus, la fameuse dernière strophe de J’ai tant rêvé de toi. L’article, traduit du tchèque en français (traduction de traduction), paraît le 11 août 1945 dans Les Lettres françaises. Le traducteur n’a pas reconnu, sous le nouveau titre, le poème de 1926. Alejo Carpentier disait que « l’avenir des poètes était écrit à l’avance dans leurs poèmes ». Postérité Les archives et manuscrits de Robert Desnos sont entrés à la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet en 1967, légués par Youki (Lucie Badoud) la compagne du poète et déposé par Henri Espinouze, le second mari de Youki. Le fonds général de la bibliothèque ainsi que la Collection de Jacques Doucet, grâce à la médiation d’André Breton qui était conseiller littéraire et artistique auprès de Jacques Doucet au début des années 1920, conservaient déjà des textes de Desnos – dont certains ont été joints a posteriori au fonds Desnos avec les dons de Suzanne Montel et Samy Simon. Repères chronologiques Œuvre Rrose Sélavy (1922-1923) Le Pélican L’Aumonyme (1923) Langage cuit (1923) De l’érotisme. Considéré dans ses manifestations écrites et du point de vue de l’esprit moderne (1923), publication posthume en 1953 ; réédition avec une préface de Annie Le Brun, Paris, Gallimard, coll. « L’Imaginaire », 2013. Deuil pour deuil (1924) Les gorges froides (1926) C’est les bottes de 7 lieues cette phrase « Je me vois », illustré d’eaux-fortes par André Masson, Paris, Éditions de la Galerie Simon, 1926. La Liberté ou l’Amour (1927) Les Ténèbres (1927) La Place de l’Étoile (1929), pièce de théâtre publiée dans le quotidien Le Soir Corps et biens (1930) Sans cou (1934) Fortunes (1942) The Night of loveless nights État de veille (1943) Le vin est tiré (1943) Contrée (1944) Le Bain avec Andromède (1944) L’Honneur des poètes (1943) Calixto suivi de contrée (1962), publication posthume Chantefables et chantefleurs (1970), publication posthume Destinée arbitraire (1975), publication posthume Nouvelles-Hébrides et autres textes (1978), publication posthume Rue de la Gaité / Voyage en Bourgogne / Précis de cuisine pour les jours heureux, œuvres illustrées par Lucien Coutaud (1947) La Complainte de Fantômas (1954), publication posthume. Le Veilleur du pont-au-change Le Souci (1943) Les Hiboux (1938) Les trois solitaires, œuvres posthumes et poèmes inédits enrichis de lithographies d’Yvette Alde, Éditions Les 13 épis, 1947. Œuvres regroupées Œuvres de Robert Desnos, sous la direction de Marie-Claire Dumas. Collection Quarto, éditions Gallimard, 2003. Corps et Biens, Collection de poche Poésie/Gallimard. Destinées arbitraires, Collection de poche Poésie/Gallimard. Fortunes, Collection de poche Poésie/Gallimard. La Liberté ou l’amour, Collection de poche L’Imaginaire/Gallimard. Deuil pour deuil, Collection de poche L’Imaginaire/Gallimard. Le vin est tiré..., Collection de poche L’Imaginaire/Gallimard. Chantefleurs, éditions Gründ, 2000. Chantefables, éditions Gründ, 2000. La Ménagerie de Tristan, éditions Gründ, 2000. Un beau navire porte son nom, dessins de Claude Stassart-Springer, éditions de la Goulotte, Vézelay, 2003 Œuvres diverses Période surréaliste Nouvelles Hébrides et autres textes (1922-1930), édition établie, présentée et annotée par Marie-Claire Dumas, éditions Gallimard, 1978 ; réédition avec une préface inédite et des notes augmentées, Gallimard, coll. « L’Imaginaire », 2016. Écrits sur l’art Écrits sur les peintres, éditions Flammarion, 1984. Écrits sur le cinéma Les Rayons et les ombres, éditions Gallimard, 1992. Écrits sur la musique Les Voix intérieures, Éditions du Petit Véhicule/l’Arganier, 2005. Éditions en disques compacts Textes de Robert Desnos, mélodies de Jean Wiener, Joseph Kosma, Francis Poulenc, etc., Éditions Integral Distribution. Anthologie poétique de Robert Desnos, lue par Eve Griliquez et Denis Lavant. Livret d’Anne Egger, Éditions Frémeaux et Associés, 2001. Adaptations Le poème Complainte de Robert le Diable de Louis Aragon (Les Poètes, chapitre Spectacle à la lanterne magique, éditions Gallimard, 1960). La chanson Robert le Diable en est extraite par Jean Ferrat et mise en musique par lui en 1968 (Productions Alleluia). On peut citer de nombreux interprètes : Christine Sèvres (première interprète en 1968), Jean Ferrat, Marc Ogeret, Isabelle Aubret, etc. Le poème J’ai tant rêvé de toi est mis en musique et chanté en 1975 par Michel Corringe, sous une forme modifiée. En 2012, Jean-Louis Trintignant l’intègre dans son spectacle Trois poètes libertaires, aux côtés de Boris Vian et de Jacques Prévert. Le 21 octobre 2017, Michel Arbatz (conception, musiques, voix, guitare, bandonéon) et Olivier-Roman Garcia (guitare, bouzouki, arrangements) lui consacrent un spectacle intitulé Desnos et merveilles au Bal Blomet, cabaret à l’emplacement du dancing où Desnos se rendait en voisin presque chaque soir dans les années 1930, et qu’il avait baptisé le « Bal Nègre ». Les références Wikipedia – https ://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Desnos
Eugène Grindel, dit Paul Éluardais né à Saint-Denis le 14 décembre 1895 et mort à Charenton-le-Pont le 18 novembre 1952 (à 56 ans). En 1916, il choisit le nom de Paul Éluard, hérité de sa grand-mère, Félicie. Il adhère au dadaïsme et devient l’un des piliers du surréalisme en ouvrant la voie à une action artistique politiquement engagée auprès du Parti communiste. Il est connu également sous les noms de plume de Didier Desroches et de Brun.
Jean de La Fontaine, né le 8 juillet 1621 à Château-Thierry et mort le 13 avril 1695 à Paris, est un poète français de grande renommée, principalement pour ses Fables et dans une moindre mesure pour ses contes. On lui doit également des poèmes divers, des pièces de théâtre et des livrets d’opéra qui confirment son ambition de moraliste. Proche de Nicolas Fouquet, Jean de La Fontaine reste à l’écart de la cour royale mais fréquente les salons comme celui de Madame de La Sablière et malgré des oppositions, il est reçu à l’Académie française en 1684. Mêlé aux débats de l’époque, il se range dans le parti des Anciens dans la fameuse Querelle des Anciens et des Modernes.
Pierre de Ronsard né en septembre 1524 au château, de la Possonnière, près du village de Couture-sur-Loir en Vendômois, et mort le 27 décembre 1585 au prieuré de Saint-Cosme en Touraine), est un des poètes français les plus importants du XVIe siècle. « Prince des poètes et poète des princes », Pierre de Ronsard est une figure majeure de la littérature poétique de la Renaissance. Auteur d’une œuvre vaste qui, en plus de trente ans, s’est portée aussi bien sur la poésie engagée et officielle dans le contexte des guerres de religions avec Les Hymnes et les Discours (1555-1564), que sur l’épopée avec La Franciade (1572) ou la poésie lyrique avec les recueils Les Odes (1550-1552) et des Amours (Les Amours de Cassandre, 1552 ; Les Amours de Marie, 1555 ; Sonnets pour Hélène, 1578).
Yves Bonnefoy, né à Tours le 24 juin 1923 et mort à Paris le 1er juillet 2016, est un poète, critique d’art et traducteur français. Il est considéré comme un poète majeur de la seconde moitié du XXe et du début du XXIe siècles. Biographie Jeunesse Les parents d’Yves Jean Bonnefoy, Élie Bonnefoy et Hélène Maury, originaires du Lot et de l’Aveyron, étaient venus après leur mariage s’installer à Tours, l’un comme ouvrier monteur aux ateliers des chemins de fer, l’autre comme institutrice. Un premier enfant était né en 1914, Suzanne. La famille habita rue Galpin-Thiou une maison détruite par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, puis s’installa rue Lobin, deux ans avant la mort d’Élie Bonnefoy en 1936. L’été avaient lieu chaque année les voyages, évoqués dans L’Arrière-Pays, chez les grands-parents à Toirac, dans le Lot, où s’était retiré Auguste Maury, le grand-père instituteur. C’est dans cet essai qu’Yves Bonnefoy a aussi évoqué la première irruption du sentiment d’exil et du néant qui brisa l’état initial de plénitude de l’adolescence : « Je me souviens : quand on allait chercher le lait à la ferme et qu’il brillait en bougeant sur le chemin du retour, sous les étoiles. Il y avait un moment difficile, à un certain tournant, où l’on enfonçait dans le noir de murs trop serrés et de l’herbe. Puis on passait à vingt mètres de la maison neuve éclairée. C’est à une fenêtre de cette maison que j’ai vu une fois, se découpant sur le fond d’une paroi nue, la silhouette obscure d’un homme. Il était de dos, un peu incliné, il semblait parler. Et ce fut pour moi l’Étranger. » —Un rêve fait à Mantoue (1967) Yves Bonnefoy a passé les baccalauréats de mathématiques et de philosophie au lycée Descartes de Tours, où il fit la lecture, déterminante, de la Petite Anthologie du surréalisme de Georges Hugnet, prêtée par le professeur de philosophie. Il a fait des études de mathématiques, d’histoire des sciences et de philosophie dans les classes préparatoires du lycée Descartes, puis à l’université de Poitiers, et à la Sorbonne, lorsqu’il décida en 1943 de s’installer à Paris et de se consacrer à la poésie. Avec les surréalistes De 1945 à 1947, il fut proche des surréalistes et lié, parmi eux, avec Édouard Jaguer, Jaroslav Serpan, Yves Battistini, Jean Brun. Puis avec les poètes Gilbert Lely, Christian Dotremont et le peintre Raoul Ubac. Il créa en 1946 une revue, La Révolution la Nuit, dans laquelle il publia un fragment de son long poème encore surréaliste, Le Cœur-espace. En 1947, Yves Bonnefoy refuse de signer le manifeste surréaliste Rupture inaugurale, prenant ainsi ses distances avec le mouvement. Le poète reproche à l’image surréaliste de faire advenir une “ mauvaise présence ” en substituant à la réalité une surréalité. De 1949 à 1953, voyages d’études, grâce à des bourses : en Italie, aux Pays-Bas, en Angleterre. Son diplôme d’études supérieures (aujourd’hui détruit), sous la direction de Jean Wahl, porta sur Baudelaire et Kierkegaard ; puis, il fut pendant trois années attaché de recherches au CNRS pour une étude de la méthodologie critique aux États-Unis. Le tournant poétique Du Mouvement et de l’immobilité de Douve (1953) Yves Bonnefoy publie en 1953, au Mercure de France qui restera son éditeur, son premier recueil de poèmes Du mouvement et de l’immobilité de Douve. Ce recueil est une célébration du ressaisissement de la finitude, de l’épreuve de la mort par la parole : Que le froid par ma mort se lève et prenne un sens.C’est aussi pour le poète un moyen de consommer sa rupture avec le surréalisme d’André Breton, qui faisait de la notion d’image une des pierres de touche de sa poétique : La mer intérieure éclairée d’aigles tournants, Ceci est une image Je te détiens froide à une profondeur où les images ne prennent plus.En 1955, il conçoit avec le réalistaue Roger Livet un film en 35 mm de 17 min, Royaumes de ce monde, sur le sens de l’Annonciation en peinture, qui reçut le Grand prix des premières Journées Internationales du court-métrage, fondées à Tours. 1953-1975 Les trois volumes de poèmes des années suivantes, Hier régnant désert (1958), Pierre écrite (1965), Dans le leurre du seuil (1975), ont été rassemblés, avec Du mouvement et de l’immobilité de Douve, dans un livre intitulé Poèmes en 1978. Puis ce seront Ce qui fut sans lumière en 1987, Début et fin de la neige en 1991, La Vie errante en 1993, Les Planches courbes en 2001 (inscrit au programme du baccalauréat littéraire en 2006 et 2007), La Longue Chaîne de l’ancre en 2008, Raturer outre en 2010. Après L’Arrière-pays, de 1972, qui est un récit autobiographique dont le fil directeur est la tension entre la séduction exercée par le désir d’un ailleurs, suggéré par les œuvres de la peinture et le retour à l’ici et à la finitude, Yves Bonnefoy écrira aussi des poèmes en prose, avec Rue Traversière (1977), qui inaugure les rassemblements ultérieurs de Récits en rêve. Il définira la poésie comme étant une « articulation entre une existence et une parole ». Toute œuvre poétique est le fruit d’une existence. Il y a continuité entre l’être du poète, de la poétesse, et sa poésie. La parole se distingue du langage, qui est un système ; elle est une présence, par laquelle se manifeste cette existence. La parole a un caractère vivant, car elle est indissociable de l’être qui la prononce. Les travaux critiques Les travaux historiques et critiques commencèrent à partir de 1954, avec une monographie consacrée aux Peintures murales de la France gothique. Ils se développèrent beaucoup par la suite et portent principalement sur l’histoire de la peinture, la relation des arts à la poésie, l’histoire de la poésie et son interprétation, la philosophie de l’œuvre et de l’acte poétiques. Ils vont de pair avec une activité de traducteur de Shakespeare (une quinzaine d’ouvrages), de William Butler Yeats (Quarante-cinq poèmes de Yeats, 1989), de Pétrarque et de Leopardi, ainsi que du poète grec Georges Séféris à qui l’a lié une longue amitié ; il a conduit une réflexion sur l’acte du traducteur, réflexion engagée dans les préfaces qu’il a données à ses traductions de Shakespeare (Théâtre et poésie. Shakespeare et Yeats, 1998 ; La Communauté des traducteurs, 2000.) Pour ces traductions, la question première est de se rapprocher de la personne de l’auteur. Bonnefoy parle à leur sujet d’empathie, d’admiration, d’affection, d’amour même. À partir de cette intimité avec l’auteur, le traducteur peut recréer, de par son propre mouvement, le texte de l’auteur en toute fidélité. Pour traduire Yeats il précise que son attention « est allée à un texte, bien sûr, mais plus encore à une personne. » Et ce mouvement se diffuse aux relations de l’auteur : lorsque Yeats, pour parler de l’Absolu, s’appuie sur son amie, alors le traducteur doit aussi retrouver cette amie. Pour Shakespeare, Bonnefoy pense qu’il s’est en quelque sorte incarné dans chacun des personnages de ses pièces ; pour traduire, il faut donc entendre Shakespeare derrière chacun des rôles. Les mots portent la substance poétique. Ils incarnent la présence de Shakespeare ou de Yeats. Pour le traducteur Bonnefoy, il faut se placer « au plus près du débat qu’ont eu les mots dans le texte avec les données d’une vie et les chiffres d’un rêve ». Soit par exemple le mot anglais labour, dans le poème de Yeats Among School Children, mot que l’on traduit habituellement en français par le mot travail. Mais dans le poème il est associé avec des images de danse ou de floraison, ce qui va mal avec son acceptation française. Aussi, à partir des notes que Yeats a laissées sur ce poème, à partir de sa propre expérience d’écrivain et de vie, Bonnefoy a préféré traduire ce mot par enfantement. À partir de 1960, Yves Bonnefoy a été régulièrement l’invité, pour des périodes d’enseignement, d’universités françaises ou étrangères, en Suisse et aux États-Unis. Il a été professeur associé au centre universitaire de Vincennes (1969-1970), à l’université de Nice (1973-1976), et à l’université d’Aix-en-Provence (1979-1981), professeur invité à l’université de Genève (1970-1971 et 1971-1972). Devenu professeur au Collège de France, il continua à donner des conférences dans de nombreux pays. L’ensemble de ses résumés de cours au Collège de France a été publié aux éditions du Seuil en 1999 : Lieux et destins de l’image : un cours de poétique au Collège de France (1981-1993). De 1993 à 2004, il a réuni à la Fondation Hugot du Collège de France une série de onze colloques fermés sur La Conscience de soi de la poésie. Seuls trois volumes d’actes de ces colloques ont été publiés : Jouve, poète, romancier, critique (1995), Poésie et rhétorique (1997), Poésie, mémoire et oubli (2005) ainsi qu’une anthologie : La Conscience de soi de la poésie, anthologie des colloques de la Fondation Hugot (2008). Les liens avec les autres arts Depuis les premiers volumes réalisés en collaboration avec des artistes et édités par Maeght– Pierre écrite avec Raoul Ubac en 1958 et Anti-Platon avec Joan Miró en 1962 -, Yves Bonnefoy a régulièrement publié des livres de cette nature, dans lesquels un dialogue s’engage entre les mots du poème et l’œuvre graphique qui l’accompagne, avec notamment Pierre Alechinsky, Nasser Assar, Eduardo Chillida, Claude Garache, Jacques Hartmann, Alexandre Hollan, George Nama, Farhad Ostovani, Antoni Tàpies, Gérard Titus-Carmel, Bram Van Velde, Zao Wou-Ki. Yves Bonnefoy a été rédacteur de la revue L’Éphémère pendant sa durée d’existence (1966-1972) avec André du Bouchet, Louis-René des Forêts, Gaëtan Picon. Michel Leiris, Pascal Quignard et Paul Celan rejoignirent en 1968 le comité de rédaction, au moment du départ de Gaëtan Picon. Il a dirigé, chez Flammarion, la collection Idées et Recherches, référence en histoire des idées, en histoire de l’art et des systèmes iconologiques, dont le catalogue d’une quarantaine de titres en l’espace d’un peu moins de trente ans témoigne de son engagement en faveur du dialogue des savoirs : on y trouve des livres d’André Chastel, qu’il avait rencontré au début des années cinquante et sous la direction duquel il commença alors à travailler, Henri-Charles Puech, Marcel Detienne, Alexandre Leupin, Oleg Grabar, Rolf Stein, Louis Grodecki, Jurgis Baltrusaitis, Erwin Panofsky, Marc Fumaroli, Hubert Damisch, Georges Didi-Huberman, André Green, Oskar Bätschmann, André Berne-Joffroy, Jean Seznec, Pierre Schneider ou Daniel Arasse. Il fut, chez le même éditeur, le maître d’œuvre du Dictionnaire des mythologies et des religions des sociétés traditionnelles et du monde antique. En 2007, le compositeur Thierry Machuel a utilisé une partie des textes du recueil Les Planches Courbes pour son oratorio intitulé L’Encore Aveugle, créé avec un chœur de lycéens musiciens issus de plusieurs lycées de la région Champagne-Ardenne. Prix, décorations et distinctions Prix France : 1971 : Prix des critiques 1981 : Grand prix de poésie de l’Académie française, pour l’ensemble de son œuvre 1987 : Grand prix de littérature de la SGDL, pour l’ensemble de son œuvre 1987 : Prix Goncourt de la poésie, pour l’ensemble de son œuvre 1995 : Prix mondial Cino del Duca 2006 : Prix de l’Ardua (prix de l’association universitaire d’Aquitaine, remis à Bordeaux) 2011 : Prix Roger-Kowalski/Grand Prix de Poésie de la Ville de Lyon, pour L’Heure présente, publié au Mercure de France 2013 : Prix de la BnFAutres pays : 1978 : Prix Montaigne de la Fondation Frédéric von Schiller (Hambourg) 1995 : Prix Balzan (remis alternativement à Berne et Rome), pour ses travaux comme historien de l’art et critique d’art (études appliquées à l’art européen du Moyen Âge à nos jours) 2005 : Prix international Pier Paolo Pasolini (remis à Rome le premier novembre) 2006 : Prix européen de poésie (remis à Trévise en novembre) 2007 : Prix Franz Kafka, pour l’ensemble de son œuvre 2010 : Prix Alassio international (remis à Turin le 15 mai) 2010 : Prix Mario Luzi (remis à Turin le 11 juin) 2011 : Grand Prix de poésie Pierrette-Micheloud (Lausanne), pour l’ensemble de son œuvre 2013 : Prix de littérature en langues romanes de la Foire internationale du livre de Guadalajara (Mexique), pour l’ensemble de son œuvre 2015 : Premio Internazionale Nonino Décorations 1984 commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres ( France), nommé par le ministre Jack Lang. Distinctions docteur honoris causa de très nombreuses universités à travers le monde, parmi lesquelles l’université de Neuchâtel, l’American College à Paris, l’université de Chicago, Trinity College de Dublin, les universités d’Édimbourg, de Rome, d’Oxford et de Sienne. Famille Il épouse l’Américaine Lucy—ou Lucille—Vines en 1968, de qui il a une fille, Mathilde, en 1972. Œuvres Poésie, récits Essais Éditions en langues étrangères * L’œuvre d’Yves Bonnefoy est traduite dans plus de trente-deux langues, en particulier en anglais, en allemand et en italien ; dans cette dernière langue, toute l’œuvre poétique d’Yves Bonnefoy est rassemblée en un volume de la collection « I Meridiani » ; il est le premier auteur français à y entrer de son vivant. Correspondance * Correspondance I, édition établie par Odile Bombarde et Patrick Labarthe, Paris, Les Belles Lettres, 2018. Traductions * La Quête du Graal, avec Albert Béguin, Le Club du livre, 1958 ; rééd. Seuil, 1982 * W. B. Yeats, Quarante-cinq poèmes suivi de La Résurrection, Hermann, 1989, Poésie/Gallimard, 1993 * Keats et Leopardi, Mercure de France, 2000 * « Dix-neuf sonnets de Pétrarque nouvellement traduits par Yves Bonnefoy », Conférence no 20, printemps 2005 ; XIX sonnets de Pétrarque, avec huit gravures de Gérard de Palézieux, Meaux, éditions de la revue Conférence, 2005. * William Shakespeare : * Henri IV, Jules César, Hamlet, Le Conte d’hiver, Vénus et Adonis, Le Viol de Lucrèce, Club français du livre, 1957-1960 * Jules César, Mercure de France, 1960 * Hamlet, suivi d’« Une idée de la traduction », Mercure de France, 1962 * Le Roi Lear, Mercure de France, 1965 ; nouvelle édition précédée de « Comment traduire Shakespeare ? », 1991 * Roméo et Juliette, Mercure de France, 1968 * Hamlet, Le Roi Lear, précédée de « Readiness, ripeness : Hamlet, Lear », Folio, Gallimard, 1978 * Henri IV, Théâtre de Carouge, Genève, 1981 * Macbeth, Mercure de France, 1983 * Roméo et Juliette, Macbeth, précédé de « L’Inquiétude de Shakespeare », Folio, Gallimard, 1985 * Les Poèmes (« Vénus et Adonis », « Le Viol de Lucrèce », « Phénix et Colombes »), précédé de « Traduire en vers ou en prose », Mercure de France, 1993 * XXIV Sonnets de Shakespeare, précédé de « Traduire les sonnets de Shakespeare », illustré par Zao Wou-Ki, Les Bibliophiles de France, 1994 ; Thierry Bouchard et Yves Prié, 1996 * Le Conte d’hiver, précédé d’« Art et Nature : l’arrière-plan du Conte d’hiver », Mercure de France, 1994 ; Folio, Gallimard, 1996 * Jules César, précédé de « Brutus, ou le rendez-vous à Philippes », Mercure de France ; Folio Gallimard, 1995 * La Tempête, précédé d’« Une journée dans la vie de Prospéro », Folio, Gallimard, 1997 * Antoine et Cléopâtre, précédé de « La noblesse de Cléopâtre », Gallimard, Folio-Théâtre, 1999 * Othello, précédé de « La tête penchée de Desdémone », Gallimard, Folio-Théâtre, 2001 * Comme il vous plaira, précédé de « La décision de Shakespeare », LGF, Le Livre de Poche, coll. Classiques, 2003 * Les Sonnets, précédés de Vénus et Adonis et du Viol de Lucrèce, Poésie/Gallimard, 2007. * Pétrarque, Je vois sans yeux et sans bouche je crie. Vingt-quatre sonnets traduits par Yves Bonnefoy, Galilée, 2012. Bibliographie * Jean-Pierre Richard, « Yves Bonnefoy entre le nombre et la nuit », Onze études sur la poésie moderne, Seuil, 1964 * John E. Jackson, Yves Bonnefoy, Seghers, coll. Poètes d’aujourd’hui, 1976 * Claude Esteban, « L’immédiat et l’inaccessible », Critique, no 365 (oct. 1977), repris dans L’Immédiat et l’Inaccessible, Galilée, 1978 * Jean Starobinski, « Yves Bonnefoy : la poésie entre deux mondes », Critique, no 350, 1979, repris en préface à Poèmes, Poésie/Gallimard, 1982 * Jérôme Thélot, Poétique d’Yves Bonnefoy, Droz, 1983 * John T. Naughton, The Poetics of Yves Bonnefoy, Chicago/Londres, University of Chicago Press, 1984 * Richard Vernier, Yves Bonnefoy ou les mots comme le ciel, Tubingen/Paris, G. Narr, /J.-M. Place, 1985 * Gérard Gasarian, Yves Bonnefoy, la poésie, la présence, Champ Vallon, coll. Champ poétique, 1986 * Claude Esteban, « L’Écho d’une demeure », Critique de la raison poétique, Flammarion, 1987 * Michèle Finck, Yves Bonnefoy, le simple et le sens, José Corti, 1989 * John E. Jackson, À la souche obscure des rêves. La dialectique de l’écriture chez Yves Bonnefoy, Mercure de France, 1993 * Yves Leclair, « Lectures en rêve », Bonnes compagnies, éd. Le Temps qu’il fait, 1998 * Daniel Acke, Yves Bonnefoy, essayiste : modernité et présence, Amsterdam, Rodopi, 1999 * Patrick Née, Poétique du lieu dans l’œuvre d’Yves Bonnefoy ou Moïse sauvé, PUF, 1999 * Claude Esteban, « Un paysage de pierres », Europe, no 890-891 (juin-juillet 2003), repris dans Ce qui retourne au silence, Farrago/Léo Scheer, 2004 * Patrick Née, Rhétorique profonde d’Yves Bonnefoy, Hermann, 2004 * Patrick Née, Yves Bonnefoy, ministère des Affaires étrangères, Association pour la diffusion de la pensée française (ADPF), 2005 * Arnaud Buchs, Yves Bonnefoy à l’horizon du surréalisme, Galilée, 2005 * Dominique Combe, “ Les Planches courbes ” d’Yves Bonnefoy, Gallimard, coll. Foliothèque, 2005 * Patrick Née, Yves Bonnefoy penseur de l’image, ou les Travaux de Zeuxis, Gallimard, 2006 * Patrick Née, Pensées sur la scène primitive. Yves Bonnefoy, lecteur de Jarry et de Lely, Éditions Hermann, 2009 * Yvon Inizan, La Demande et le don. L’attestation poétique chez Yves Bonnefoy et Paul Ricœur, Presses universitaires de Rennes (PUR), coll. Æsthetica, 2013 * François Lallier, Yves Bonnefoy (La voix antérieure III), La Lettre volée, coll. Essais, Bruxelles, 2015 Catalogues d’exposition * Yves Bonnefoy, Livres et documents, Bibliothèque nationale/Mercure de France, 1992 * Écrits sur l’art et livres avec des artistes (exposition du château de Tours), ABM/Flammarion, 1993 * Yves Bonnefoy : la poésie et les arts plastiques (exposition de Vevey), Vevey, Arts et Lettres, 1996 * Yves Bonnefoy. Assentiments et partages (exposition du musée des Beaux-Arts de Tours), catalogue rédigé par J.-P. Avice, O. Bombarde, D. Lançon, P. Née, Bordeaux, William Blake & Co., 2005 * Yves Bonnefoy. Poésie et peinture (1993-2005) (exposition du Château de Tours), Bordeaux, William Blake & Co, 2005 * Yves Bonnefoy. École de Lorient (Patrick Le Corf – Guy Le Meaux – Yves Noblet) Peintures : Paysage, cartes et ports de mer– Galerie Bruno Mory, Besanceuil, 2007 Volumes collectifs * Yves Bonnefoy, L’Arc (Aix-en-Provence), A. Paire éd., no 66, 1976 * Yves Bonnefoy, numéro spécial de la revue Sud (Marseille), D. Leuwers éd., 1985 * Yves Bonnefoy : poésie, art et pensée, Y.-A. Favre éd., Didier– Érudition, 1986 * Yves Bonnefoy, poésie, peinture, musique, M. Finck éd., Presses de l’Université de Strasbourg, 1995 * Yves Bonnefoy, J. Ravaud éd., Cognac, Le Temps qu’il fait, 1998 * Yves Bonnefoy, numéro spécial de la revue Nu(e) (Nice), B. Bonhomme éd., 2000 * Avec Yves Bonnefoy. De la poésie, F. Lallier éd., Presses universitaires de Vincennes, 2001 * Yves Bonnefoy et le xixe siècle : vocations et filiations, D. Lançon éd., Tours, Presses de l’Université de Tours, 2001 * Yves Bonnefoy, cahier spécial de la revue Europe, Fabio Scotto éd., (no 890-891), juin-juillet 2003 * Yves Bonnefoy et l’Europe du XXe siècle, M. Finck, D. Lançon et M. Staiber éd., Strasbourg, Presses de l’Université de Strasbourg, 2003 * Yves Bonnefoy et le livre, numéro spécial de la revue Le Bateau Fantôme no 4, 2004 * Yves Bonnefoy, numéro spécial de la Revue de Belles-Lettres (Genève), A. Buchs éd., 2005, no 3-4 * Yves Bonnefoy. Lumière et nuit des images, M. Gagnebin éd., Seyssel, Champ Vallon, 2005 * Lire Les Planches courbes d’Yves Bonnefoy, P. Brunel et C. Andriot-Saillant éd., Vuibert, 2006 * Yves Bonnefoy. Poésie, recherche et savoirs, Daniel Lançon et Patrick Née (dir.), actes du colloque de Cerisy (août 2006), Hermann, 2007 * Poétique et ontologie, Bordeaux, Ardua/William Blake & Co, 2007 * Yves Bonnefoy. Traduction et critique poétique, numéro spécial de la revue Littérature, P. Née éd., no 150, juin 2008 * Cahier Bonnefoy Odile Bombarde et Jean-Paul Avice (dir.), Coll. Cahiers de L’Herne, L’Herne, 2010. Cahier de L’Herne qui contient de nombreux inédits, témoignages et études sur son œuvre (contribution d’écrivains, universitaires, et amis dont Jean Starobinski, Marc Fumaroli, Jean-Pierre Richard, Charles Rosen, Stéphane Barsacq, Jacqueline Risset, etc). Sommaire du CahierPoésie, arts, pensée : Carte blanche donnée à Yves Bonnefoy, textes rassemblés par Yves Bonnefoy et Patrick Née, Éditions Hermann, 2010 * Yves Bonnefoy. Écrits récents (2000-2009), actes du colloque de Zurich (octobre 2009), Patrick Labarthe, Odile Bombarde et Jean-Paul Avice (dir.), Genève, Slatkine, 2011 * Yves Bonnefoy. Poésie et dialogue, Michèle Finck et Patrick Werly (dir.), Presses Universitaires de Strasbourg, coll. « Configurations littéraires », 2013. * Yves Bonnefoy, Michèle Finck (dir.), Europe, n° 1068, mars 2018, avec des textes de Michèle Finck, Philippe Jaccottet, François Lallier, Jean-Michel Maulpoix, Yves Leclair, Jean-Marc Sourdillon, Pierre Dhainaut, Yves Bonnefoy, Jérôme Thélot, Pierre Brunel, Béatrice Bonhomme, Dominique Combe, Tatiana Victoroff, Sophie Guermès, Patrick Werly, Patrick Née, Patrick Labarthe, Alain Madeleine-Perdrillat, Daniel Lançon, Michela Landi, Pierre Huguet, Stéphane Michaud, Jean-Pierre Lemaire, Odile Bombarde, Gérard Titus-Carmel, Jean-Yves Masson, Michel Deguy. Documentation * Il existe un « Fonds Yves Bonnefoy » à la bibliothèque municipale de Tours, qui s’enrichit régulièrement de ses livres et des travaux critiques sur son œuvre. * Daniel Lançon, professeur à l’université de Grenoble, et auteur de L’Inscription et la Réception critique de l’œuvre d’Yves Bonnefoy (thèse de doctorat dactylographiée, université Paris-VII, 1996, 4 vol.), poursuit la recension exhaustive de ses publications. Les références Wikipedia – https ://fr.wikipedia.org/wiki/Yves_Bonnefoy
Jules Pierre Théophile Gautier, né à Tarbes le 30 août 1811 et mort à Neuilly-sur-Seine le 23 octobre 1872, est un poète, romancier et critique d’art français. Fils de Jean-Pierre Gautier et d’Adélaïde Cocard, Théophile Gautier né dans les Hautes-Pyrénées, est cependant parisien depuis sa plus jeune enfance. Habitant place des Vosges, il fait la connaissance du futur Nerval au collège Charlemagne et s’intéresse très jeune à la poésie. En 1829, il rencontre Victor Hugo qu’il reconnaît pour son maître et participe activement au mouvement romantique comme lors de la fameuse bataille d’Hernani, le 25 février 1830. Il évoquera avec humour cette période en 1833 dans Les Jeunes-France.
Arthur Rimbaud est un poète français, né le 20 octobre 1854 à Charleville et mort le 10 novembre 1891 à Marseille. Bien que brève, la densité de son œuvre poétique fait d'Arthur Rimbaud une des figures premières de la littérature française. Rimbaud écrit ses premiers poèmes à 15 ans. Selon lui, le poète doit être « voyant » et « il faut être absolument moderne ». Il entretient une aventure amoureuse tumultueuse avec le poète Paul Verlaine. À l'âge de vingt ans, il renonce subitement à l’écriture, sans avoir encore été véritablement publié, pour se consacrer davantage à la lecture, ainsi qu'à la poursuite de sa pratique des langues.
Pierre Reverdy, né le 11 septembre 1889 (13 septembre 1889 selon l’état civil) à Narbonne et mort le 17 juin 1960 à Solesmes, est un poète français associé au cubisme et aux débuts du surréalisme. Il a eu une influence notable sur la poésie moderne de langue française. Biographie Jeunesse Déclaré « né de père et de mère inconnus » à l’état-civil de Narbonne, Pierre Reverdy dut attendre sa vingt-deuxième année pour être reconnu par sa mère. L’année de sa naissance, sa mère était mariée mais son époux vivait en Argentine. Ce n’est qu’en 1897 qu’elle put se remarier avec le père de Reverdy, viticulteur dans la Montagne noire. Pierre Reverdy venait d’une famille de sculpteurs, de tailleurs de pierre d’église. Toute sa vie en sera marquée par un sentiment de religiosité profonde. Il poursuivit ses études à Toulouse et à Narbonne. Paris Il arrive à Paris en octobre 1910. À Montmartre, au célèbre Bateau-Lavoir, il rencontre ses premiers amis : Guillaume Apollinaire, Max Jacob, Louis Aragon, André Breton, Philippe Soupault et Tristan Tzara. Pendant seize ans, il vit pour créer des livres. Ses compagnons sont Pablo Picasso, Georges Braque, Henri Matisse. Toutes ces années sont liées de près ou de loin à l’essor du surréalisme, dont il est l’un des inspirateurs. Sa conception de l’image poétique a, en particulier, une grande influence sur le jeune André Breton et sa théorisation du mouvement surréaliste. Pierre Reverdy est, avec Apollinaire, celui qui accueillit les surréalistes à leur arrivée à Paris pendant la guerre. Aragon raconte : « Il était, quand nous avions vingt ans, Soupault, Breton, Eluard et moi, toute la pureté pour nous du monde. Notre immédiat aîné, le poète exemplaire. » Pendant la guerre, il vit dans une assez grande pauvreté, accentuée par le froid et le manque de charbon. Louis Aragon se rappelle : « Je le revois rue Cortot dans ce temps de misère et de violence, un hiver qu’il régnait chez lui un froid terrible, sa femme malade, et dans le logement au-dessus ce diable d’Utrillo qui faisait du boucan, c’était à tuer. Il y avait dans les yeux noirs de Reverdy un feu de colère comme je n’en avais jamais vu nulle part, peut-être les sarments brûlés au milieu des vignes à la nuit. Je me rappelle ce jour où il lui avait fallu vendre à un de ces hommes riches qui aiment tant l’art un petit Braque qui n’était pas seulement pour lui un tableau, et comme à la dernière minute de se dépouiller, il avait farouchement saisi la toile et l’avait baisée de ses lèvres, à la stupéfaction de l’amateur éclairé. » La revue Nord-Sud Le 15 mars 1917 paraît le premier numéro de sa revue Nord-Sud, à laquelle collaborent les poètes du dadaïsme puis du surréalisme. Le titre de la revue lui est venu du nom de la compagnie de métro, qui avait ouvert en 1910 la ligne reliant Montmartre à Montparnasse. Il signifiait ainsi sa volonté de « réunir ces deux foyers de la création ». Pierre Reverdy a conçu ce projet à la fin de 1916, alors que la vie artistique est toujours anesthésiée par la Grande Guerre, pour montrer les parallélismes entre les théories poétiques de Guillaume Apollinaire, de Max Jacob et de lui-même, marquant ainsi le début d’une époque nouvelle pour la poésie et la réflexion artistique. Reverdy y expose ses théories littéraires, ainsi que de nombreuses réflexions sur le cubisme, notamment sur ses amis Pablo Picasso et Georges Braque. Joan Miró représente la revue dans un tableau qui porte son nom, Nord-Sud (1916-1917), en hommage au poète et aux artistes qu’il admirait. Dans les 14 fascicules—qui s’échelonnent de mars 1917 à la fin de 1918—viendront se poser les noms d’André Breton, de Philippe Soupault, de Louis Aragon, ou encore de Tristan Tzara, alors leaders du mouvement dada. Ces derniers publiaient dans le même temps à la revue SIC mais, selon Adrienne Monnier : « C’est dans Nord-Sud que débutèrent sérieusement André Breton, Louis Aragon et Philippe Soupault (dans SIC, ce n’était pas très sérieux). » Au début des années 1920, il fut l’amant de Coco Chanel à qui il dédicaça de nombreux poèmes. Solesmes En 1926, à l’âge de 37 ans, annonçant que « libre penseur, [il] choisit librement Dieu », il se retire dans une réclusion méditative près de l’abbaye bénédictine de Solesmes où il demeure—bien qu’il ait, semble-t-il, perdu la foi—jusqu’à sa mort, à 70 ans en 1960. Là sont nés ses plus beaux recueils, tels Sources du vent, Ferraille ou Le Chant des morts. Dans la dernière année de sa vie, il écrit Sable mouvant, testament poétique dans lequel il dépouille ses vers et où la voix reste en suspens (son dernier vers ne comporte pas de point final). Il veut qu’il ne demeure de lui qu’un portrait symbolique, dépouillé des détails de l’existence, et ramené à l’essentiel. Postérité Dans son article consacré à la mort de Reverdy, Louis Aragon écrit également : « Sa grandeur, qu’y ajouterais-je à la comparer aux morts et aux vivants ? Il nous reste Saint-John Perse et Marie Noël, il y avait Apollinaire, il y eut Eluard. » De nombreux poètes rendent hommages à Pierre Reverdy, en lui consacrant des articles ou en lui dédiant des poèmes, dont André du Bouchet, Jacques Dupin, Edmond Jabès, Ricardo Paseyro, Pablo Neruda, Kateb Yacine. René Char a dit de lui que c’était « un poète sans fouet ni miroir ». Le 11 juin 2010, à l’occasion des cinquante ans de la disparition du poète, une table ronde animée par Emmanuel Vaslin a réuni, à la bibliothèque municipale homonyme de Sablé-sur-Sarthe, Antoine Emaz, président de la commission Poésie au Centre national du livre et auteur d’une thèse sur les notes de Pierre Reverdy, Claude Cailleau, auteur d’une biographie du poète ainsi que Jean Riouffreyt, historien. Le travail de l’auteur inspire fréquemment la chanteuse Mylène Farmer. Style Le style d’écriture de Pierre Reverdy a été révolutionnaire. Fervent admirateur de Mallarmé et de son fameux « coup de dés », la poésie de Pierre Reverdy emprunte à ce dernier sa forme dentelée avec un retour systématique à la ligne sur des vers en biseaux. Procédant du papier collé, forme empruntée au cubisme auquel il veut très tôt joindre la forme écrite, il cherche par ce moyen à aller au cœur des choses plutôt qu’à leur surface. Le poème sera ainsi plus une évocation de leur réalité consubstantielle par le biais de ce que les images suggèrent qu’une description ou une narration textuelle. L’emploi de la comparaison et de la métaphore s’y veut primordial. Comme le dit lui-même le poète, il s’agit de rapprocher deux mots au sens éloigné l’un de l’autre pour créer une sorte de choc visuel sur la page et intellectuel du même coup. Picasso dira ainsi que Reverdy écrivait à ses yeux comme un peintre. Il n’abandonnera jamais cet idéal d’écriture choisi à l’époque cubiste et ce parti pris aura eu une influence décisive sur tous les grands poètes qui le suivront, au premier chef ceux du surréalisme. Œuvres * Poèmes en prose, 1915, imprimerie Birault, Paris. * La Lucarne ovale, 1916, imprimerie Birault, Paris. * Quelques poèmes, 1916, imprimerie Birault, Paris. * Le Voleur de Talan, 1917, roman, imprimerie Rullière, Avignon. * Les Ardoises du toit, 1918, avec deux dessins de Georges Braque, imprimerie Birault, Paris. * Les Jockeys camouflés et période hors-texte, avec cinq dessins d’Henri Matisse, 1918, imprimerie F. Bernouard. Édition désavouée par le poète et par l’illustrateur. La « seule approuvée », avec l’achevé d’imprimer du 30 décembre 1918, fut tirée chez Birault. * La Guitare endormie, 1919, avec quatre dessins de Juan Gris, imprimerie Birault, Paris. * Self defence, 1919, essai critique, imprimerie Birault, Paris. * Étoiles peintes, 1921, avec une eau-forte d’André Derain, Sagittaire, Paris. * Cœur de chêne, avec huit gravures sur bois par Manolo, 1921, Éditions de la Galerie Simon. * Cravates de chanvre, 1922, avec trois eaux-fortes de Pablo Picasso, Éditions Nord-Sud. * Pablo Picasso et son œuvre, 1924, dans Pablo Picasso, avec vingt-six reproductions de peintures et dessins, Gallimard, Paris. * Les Épaves du ciel, 1924, Gallimard, Paris. * Écumes de la mer, 1925, avec un portrait de l’auteur par Picasso, Gallimard, Paris. * Grande nature, 1925, Les Cahiers libres, Paris. * La Peau de l’homme, 1926, roman, Gallimard, Paris. * Le Gant de crin, 1927, Plon, Paris. * La Balle au bond, 1928, avec un portrait de l’auteur par Amedeo Modigliani, Les Cahiers du Sud, Marseille. * En vrac, 1929. * Sources du vent, 1929, avec un portrait de l’auteur par Picasso, Maurice Sachs éditeur. * Flaques de verre, 1929, Gallimard, Paris. * Pierres blanches, 1930, avec un portrait de l’auteur et un frontispice de Marc Chagall, Éditions d’art Jordy, Carcassonne. * Risques et périls, 1930, recueil des contes écrits entre 1915 et 1928, Gallimard, Paris. * Ferraille, 1937, Bruxelles. * Préface à Déluges, de Georges Herment, 1937, Éditions José Corti. * Plein verre, 1940, Nice. * Plupart du temps, 1945, recueil des livres Poèmes en prose, Quelques poèmes, La Lucarne ovale, Les Ardoises du toit, Les Jockeys camouflés, La Guitare endormie, Étoiles peintes, Cœur de chêne et Cravates de chanvre, sans les illustrations, Gallimard, Paris ; réédition en 1969 dans la collection « Poésie ». * Préface à Souspente, d’Antoine Tudal, 1945, Éditions R. J. Godet, Paris. * Visages, 1946, avec quatorze lithographies d’Henri Matisse, Éditions du Chêne, Paris. * Le Chant des morts, 1948, avec cent vingt-cinq lithographies de Pablo Picasso, Tériade éditeur. * Le Livre de mon bord, 1948, recueils de notes écrites entre 1930 et 1936, Mercure de France, Paris. * Tombeau vivant et Dulce et decorum est pro patria mori, 1949, dans Tombeau de Jean-Sébastien Galanis, imprimé par Daragnès, Paris. * Main d’œuvre, 1949, recueil des livres Grande nature, La Balle au bond, Sources du vent, Pierres blanches, Ferraille, Plein verre, Le Chant des morts, plus les inédits Cale sèche et Bois vert, Mercure de France, Paris. * Une aventure méthodique, 1950, avec douze lithographies en couleurs et vingt-six en noir et blanc de Georges Braque, Mourlot, Paris. * Cercle doré, 1953, chanson avec une lithographie de Georges Braque, Mourlot, Paris. * Cette émotion appelée poésie, Mercure de France, no 1044, 1er août 1950, Paris. * Au soleil du plafond, 1955, avec onze lithographies de Juan Gris, Tériade éditeur. * La Liberté des mers, 1959, illustré par Georges Braque, Éditions Maeght, qui contient notamment Faux site. * À René Char, 1962, poème épistolaire tiré à 4 exemplaires avec un dessin de Georges Braque, Alès, P. A. Benoît, Alès. * Sable mouvant, 1966, avec DIX aquatintes de Picasso, L. Broder éditeur, Paris. * La revue Nord-Sud, 16 numéros du 15 mars 1917 au 15 octobre 1918, a été réimprimée en 1980 par l’éditeur Jean-Michel Place. * Anthologie, établie par Claude Michel Cluny et présentée par Gil Jouanard, Éditions de la Différence, coll. « Orphée », Paris, 1989. Citations * « Il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour. » * « On est orgueilleux par nature, modeste par nécessité. », extrait d’En vrac. * « Ce n’est pas tellement de liberté qu’on a besoin, mais de n’être enchaîné que par ce qu’on aime. », extrait de Le Livre de mon bord. * « Le style c’est l’expression juste de la pensée, c’est son image. », revue Nord-Sud. Les références Wikipedia – https ://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Reverdy
Paul Valéry est un écrivain, poète et philosophe français, né à Sète (Hérault) le 30 octobre 1871 et mort à Paris le 20 juillet 1945. Ambroise Paul Toussaint Jules Valéry naît à Sète d'un père d'origine corse, Barthélemy Valéry, vérificateur principal des douanes, et d'une mère génoise, Fanny Grassi, fille du consul d'Italie Giulio Grassi2. Paul Valéry entame ses études en 1876 à Sète chez les dominicains. En 1878, il fait son entrée au collège de Sète et poursuit sa formation, de 1884 à 1888, au lycée de Montpellier.
Jean-Pierre Claris de Florian, né à Sauve le 6 mars 1755 et mort à Sceaux le 13 septembre 1794, est un auteur dramatique, romancier, poète et fabuliste français. Biographie Issu d’une famille noble et vouée à la carrière des armes, il naît à Sauve dans le Gard, et passe sa prime jeunesse au château de Florian, sur la commune de Logrian, près de Sauve, au pied des Basses-Cévennes. Sa mère, d’origine espagnole meurt lorsqu’il est enfant et il est élevé au château de Florian. Son oncle ayant épousé la nièce de Voltaire, c’est à DIX ans, en juillet 1765 lors d’un séjour à Ferney, qu’il est présenté au célèbre écrivain, son grand-oncle par alliance, qui le surnomme Florianet et parle de lui dans sa correspondance comme étant son «neveu par ricochets». Il s’installe ensuite chez ses oncle et tante qui prennent en charge son éducation dans le quartier du Marais, à Paris. À treize ans, il devient page au service du duc de Penthièvre puis entre quelques années plus tard à l’école royale d’artillerie de Bapaume. À sa sortie, il sert quelque temps comme officier dans le régiment des dragons de Penthièvre. La vie de garnison ne lui convenant pas, il sollicite et obtient une réforme qui lui conserve son grade dans l’armée mais lui permet de suivre le duc de Penthièvre à Anet et Paris (un petit appartement lui était réservé à l’hôtel de Toulouse) et de s’adonner entièrement à la poésie. Le duc de Penthièvre, qui lui avait donné à sa cour le titre de gentilhomme ordinaire, resta sa vie durant son ami et son protecteur. En 1779, une première comédie écrite sur le mode des comédies italiennes (Les Deux Billets), lui vaut le succès. L’année suivante il fait jouer Jeannot et Colin, pièce inspirée du conte de Voltaire. Le poème satirique, Voltaire et le serf du Mont-Jura (1782), lui vaut la reconnaissance de l’académie qui lui attribue un prix. Florian condamne, dans cette œuvre la servitude et préconise son abolition. La même année, il revient au théâtre et obtient un véritable triomphe avec Les Jumeaux de Bergame. En 1783, Florian publie un conte en vers inspiré d’une nouvelle de Miguel de Cervantes, Galatée. L’œuvre est précédée d’une préface qui retrace la vie de Cervantes. il s’inspire de la Bible pour écrire un poème narratif, Tobie, et une églogue, Ruth, récompensée par l’académie française en 1784. Avec le succès, vient l’ambition : Florian se lance dans un roman épique (Numa Pompilius) qui soit digne de concurrencer le Télémaque de Fénelon. Ce sera un échec. Il fait partie dès 1786, du cercle choisi par madame la comtesse Adélaïde Lalive de La Briche, qu’elle reçoit en septembre dans son château du Marais près d’Arpajon. Elle l’a connu avant 1785 chez monsieur Charles-Pierre-Paul Savalette de Lange, (beau-frère du président d’Hornoy) ou chez madame d’Houdetot. On a dit Florian amoureux de madame de La Briche avec laquelle il poursuivra une correspondance de 1786 à 1793 Il est élu membre de l’Académie française en 1788. Contraint, en tant que noble, de quitter Paris lors de la Révolution française, il se réfugie à Sceaux. Il entreprend de traduire et d’adapter Don Quichotte de Cervantes. Malgré l’appui de son ami François-Antoine de Boissy d’Anglas, il est arrêté en 1794, l’épître dédicatoire de Numa Pompilius qu’il avait écrite à la reine huit ans plus tôt, le desservant devant le Comité de sûreté générale. Remis en liberté à la chute de Robespierre le 9 thermidor an II grâce à Boissy d’Anglas, il meurt subitement le 27 fructidor an II, à l’âge de trente-neuf ans, probablement des suites de sa détention qui aggrava une tuberculose contractée plusieurs années auparavant. Il est enterré à Sceaux, . Sa tombe et son buste, entouré de ceux de célèbres félibres, se trouvent dans le jardin des Félibres,. Chaque année, à la fin du printemps s’y déroulent les Fêtes félibréennes de Sceaux. Héraldique Blasonnement: D’or à l’aigle éployée de sable, au chef d’azur chargé d’un soleil du champ (à la ville française Florian) avec l’aigle contemplant le soleil (pour la différence). Œuvre littéraire En 1792, Florian publie un recueil de cent fables réparties en cinq livres, auxquelles s’ajouteront 12 fables publiées à titre posthume. Ce sera son principal titre de gloire et la raison de sa survie littéraire. Ses fables sont unanimement considérées comme les meilleures après celles de Jean de La Fontaine. Le critique Dussault (1769-1824) écrit dans ses Annales littéraires : « Tous ceux qui ont fait des fables depuis La Fontaine ont l’air d’avoir bâti de petites huttes sur le modèle et au pied d’un édifice qui s’élève jusqu’aux cieux : la hutte de M. de Florian est construite avec plus d’élégance et de solidité que les autres, et les domine de quelques degrés. » L’académicien André Theuriet (1833-1907) est sensiblement du même avis. À propos de ces fables, il pense qu’elles « l’ont sauvé. Après La Fontaine, il est le seul fabuliste qui ait surnagé ». Cependant il se « hâte d’ajouter qu’il n’y a pas de comparaison à établir entre les deux. » Taine lui reproche de ne pas bien connaître les animaux qu’il met en scène et pose un jugement extrêmement sévère sur la sentimentalité douce qui règne dans son recueil : « Florian, en manchettes de dentelles, discret, gracieux, coquettement tendre, aimable comme le plus aimable des abbés de cour, proposait aux dames mignonnes et fardées, en façon de fables, de jolies énigmes, et leur arrangeait un bouquet de moralités fades; il peignait d’après l’Émile la tendresse conjugale, les leçons maternelles, le devoir des rois, l’éducation des princes. » Florian était certes conscient de ne pas pouvoir rivaliser avec le «divin» La Fontaine et, dans son avant-propos, il se justifie de s’être malgré tout essayé au genre des fables, car «beaucoup de places infiniment au-dessous de la sienne [La Fontaine] sont encore très belles. » Il s’intéresse surtout au jeu de l’allégorie, comme le montre la fable qu’il place en tête de son recueil (voir illustration ci-jointe). Au lieu d’oppositions tranchées et irréconciliables entre les personnages, il recherche les dénouements heureux et les compromis. Pour son inspiration, même s’il invente quelques sujets, il puise surtout dans le fonds commun des fables que constituent les ouvrages d’Ésope, de Pilpay, d’Iriarte, de Gay et des fabulistes allemands, tout en prenant soin d’éviter les sujets déjà traités par La Fontaine. Les morales de certains de ses apologues sont encore citées couramment, comme « Pour vivre heureux, vivons cachés» (Le Grillon), « Chacun son métier, les vaches seront bien gardées » (Le Vacher et le Garde-chasse) ou « L’asile le plus sûr est le sein d’une mère » (La Mère, l’Enfant et les Sarigues). Quant aux expressions « éclairer sa lanterne» ou «rira bien qui rira le dernier », elles sont tirées respectivement des fables Le Singe qui montre la lanterne magique et Les Deux Paysans et le Nuage. Outre ses fables, il a écrit des pièces de théâtre, des romans, des nouvelles, des contes en prose ou en vers, une traduction très libre du Don Quichotte de Cervantès et de nombreux poèmes dont la plupart ont été mis en musique (plus de deux cents partitions). La romance la plus connue est Plaisir d’amour, qui figure dans la nouvelle Célestine, mise en musique par Jean Paul Égide Martini. Publications Fables Florian, La fable et la vérité Jean-Pierre Claris de Florian, Fables de M. de Florian: de l’académie françoise, de celles de Madrid, Florence, etc., Paris, impr. de P. Didot l’aîné, 1792, 224 p., in-12° (lire en ligne). (fr) Jean-Pierre Claris de Florian (préf. Stéphane Labbe, ill. Grandville), Fables, L’École des loisirs, coll. «Classiques» (1re éd. 2009), 236 p. (ISBN 978-2211093460). Théâtre Les Deux Billets (1779) Jeannot et Colin (1780) Les Jumeaux de Bergame, comédie en un acte et en prose (1782) La Bonne mère, comédie en un acte et en prose (1785) Le Bon Ménage, comédie en un acte et en prose (1786) Nouvelles Bliombéris, Nouvelle françoise – Pierre, Nouvelle allemande – Célestine, Nouvelle espagnole – Sophronime, Nouvelle grecque – Sanche, Nouvelle portugaise – Bathmendi, Nouvelle persanne (1784),. Nouvelles nouvelles– 1792– Selmours, Nouvelle angloise – Sélico, Nouvelle africaine – Claudine, Nouvelle savoyarde – Zulbar, Nouvelle indienne – Camiré, Nouvelle américaine – Valérie, Nouvelle italienne,. Rosalba, Nouvelle sicilienne (publiée à titre posthume en 1800). Pastorales Galatée (imité de la Galatée de Cervantès, 1783) Numa Pompilius (roman imité de Télémaque, 1786) Estelle et Némorin (1788) Gonzalve de Cordoue (1791) précédé d’une étude Précis historique sur les Maures Églogues Ruth (1784) (Œuvre couronnée par l’Académie française) Tobie (1788) Contes Les Muses Le Vizir Inès de Castro Autres genres Voltaire et le Serf du Mont Jura (1782) Don Quichotte (traduction libre; publication posthume en 1798) Guillaume Tell ou la Suisse libre (publication posthume en 1800). Eliézer et Nephtali (publication posthume en 1803) Mémoires d’un jeune Espagnol Hommages “ Florian, sa vie, son œuvre,...une évocation", Exposition à la Bibliothèque Municipale de la Ville de Sceaux du 30 avril au 26 juin 1994. Les références Wikipedia – https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Pierre_Claris_de_Florian
Marceline Desbordes-Valmore, née le 20 juin 1786 à Douai et morte le 23 juillet 1859 à Paris, est une poétesse française. Marceline est la fille de Catherine Lucas et Félix Desbordes, un peintre en armoiries, devenu cabaretier à Douai après avoir été ruiné par la Révolution. Fin 1801, après un séjour à Rochefort et un autre à Bordeaux, la jeune fille de 15 ans et sa mère embarquent pour la Guadeloupe afin de chercher une aide financière chez un cousin aisé, installé là-bas.
Alfred de Musset est un poète et dramaturge françai, s de la période romantique, né le 11 décembre 1810 à Paris, où il est mort le 2 mai 1857. Lycéen brillant, il s’intéresse ensuite, entre autres, au droit et à la médecine, mais abandonne vite ses études supérieures pour se consacrer à la littérature à partir de 1828-1829. Il fréquente les poètes du Cénacle de Charles Nodier et publie à 19 ans Contes d’Espagne et d’Italie, son premier recueil poétique. Il commence alors à mener une vie de « dandy débauché », marquée par sa liaison avec George Sand, tout en écrivant des pièces de théâtre: À quoi rêvent les jeunes filles ? en 1832, Les Caprices de Marianne en 1833, puis le drame romantique Lorenzaccio—son chef-d’œuvre—, Fantasio et On ne badine pas avec l’amour. Il publie parallèlement des poèmes tourmentés comme la Nuit de mai et la Nuit de décembre en 1835, puis La Nuit d’août (1836) La Nuit d’octobre (1837), et un roman autobiographique La Confession d’un enfant du siècle en 1836. Dépressif et alcoolique, il écrit de moins en moins après l’âge de 30 ans ; on peut cependant relever les poèmes Tristesse, Une soirée perdue (1840), Souvenir en 1845 et diverses nouvelles (Histoire d’un merle blanc, 1842, le livre de chevet de Lucie Merle). Il reçoit la Légion d’honneur en 1845 et est élu à l’Académie française en 1852. Il écrit des pièces de commande pour Napoléon III. Il meurt à 46 ans et est enterré dans la discrétion au cimetière du Père-Lachaise. Redécouvert au XXe siècle, notamment dans le cadre du TNP de Jean Vilar et Gérard Philipe, Alfred de Musset est désormais considéré comme un des plus grands écrivains romantiques français, dont le théâtre et la poésie lyrique montrent une sensibilité extrême, une interrogation sur la pureté et la débauche (Gamiani ou Deux nuits d’excès, 1833), une exaltation de l’amour et une expression sincère de la douleur. Sincérité qui renvoie à sa vie tumultueuse, qu’illustre emblématiquement sa relation avec George Sand. Biographie Enfance Né sous le Premier Empire, le 11 décembre 1810, dans la rue des Noyers (incorporée au boulevard Saint-Germain au milieu du XIXe siècle), Alfred de Musset appartient à une famille aristocratique, affectueuse et cultivée, lui ayant transmis le goût des lettres et des arts. Il prétend avoir pour arrière-grand-tante Jeanne d’Arc (son ancêtre Denis de Musset ayant épousé Catherine du Lys) et être cousin de la branche cousine de Joachim du Bellay,. Une de ses arrière-grand-mères est Marguerite Angélique du Bellay, femme de Charles-Antoine de Musset. Son père, Victor-Donatien de Musset-Pathay, est un haut fonctionnaire, chef de bureau au ministère de la Guerre, et un homme de lettres né le 5 juin 1768 près de Vendôme,; aristocrate libéral, il a épousé le 2 juillet 1801 Edmée-Claudette-Christine Guyot-des-Herbiers, née le 14 avril 1780, fille de Claude-Antoine Guyot-Des-Herbiers. Le couple a eu quatre enfants: Paul-Edme, né le 7 novembre 1804, Louise-Jenny, née et morte en 1805, Alfred, né le 11 décembre 1810 et Charlotte-Amélie-Hermine, née le 1er novembre 1819. Son grand-père était poète, et son père était un spécialiste de Rousseau, dont il édita les œuvres. La figure de Rousseau joua en l’occurrence un rôle essentiel dans l’œuvre du poète. Il lui rendit hommage à plusieurs reprises, attaquant au contraire violemment Voltaire, l’adversaire de Rousseau. Son parrain, chez qui il passait des vacances dans la Sarthe au château de Cogners, était l’écrivain Musset de Cogners. L’histoire veut que lors d’un de ses séjours dans le château de son parrain, la vue qu’il avait depuis sa chambre sur le clocher de l’église de Cogners lui ait inspiré la très célèbre Ballade à la Lune. Par ailleurs, il retranscrivit toute la fraîcheur du calme et de l’atmosphère de Cogners dans ses deux pièces de théâtre On ne badine pas avec l’amour et Margot. En octobre 1819, alors qu’il n’a pas encore neuf ans, il est inscrit en classe de sixième au collège Henri-IV – on y trouve encore une statue du poète –, où il a pour condisciple et ami un prince du sang, le duc de Chartres, fils du duc d’Orléans, et obtient en 1827 le deuxième prix de dissertation latine au Concours général. Après son baccalauréat, il suit des études, vite abandonnées, de médecine, de droit et de peinture jusqu’en 1829, mais il s’intéresse surtout à la littérature. Le 31 août 1828 paraît à Dijon, dans Le Provincial, le journal d’Aloysius Bertrand, Un rêve, ballade signée « ADM ». La même année, il publie L’Anglais mangeur d’opium, une traduction française peu fidèle des Confessions d’un mangeur d’opium anglais de Thomas de Quincey. Jeunesse du poète Grâce à Paul Foucher, beau-frère de Victor Hugo, il fréquente dès l’âge de 17 ans le « Cénacle », ainsi que le salon de Charles Nodier à la Bibliothèque de l’Arsenal. Il sympathise alors avec Sainte-Beuve et Vigny, et se refuse à aduler le « maître » Victor Hugo. Il moquera notamment les promenades nocturnes du « cénacle » sur les tours de Notre-Dame. Il commence alors à mener une vie de « dandy débauché ». En décembre 1830, il écrit sa première pièce de théâtre (seul ce genre littéraire apporte notoriété et beaucoup d’argent): sa comédie La Nuit Vénitienne est un échec accablant (comédie arrêtée après deux représentations au théâtre de l’Odéon, notamment à cause des sifflets du public et du ridicule subi par la comédienne principale dont la robe est tachée par la peinture des décors pas encore sèche) qui le fait renoncer à la scène pour longtemps. Il choisit dès lors de publier des pièces dans la Revue des deux Mondes, avant de les regrouper en volume sous le titre explicite Un Spectacle dans un fauteuil. Il publie ainsi une comédie, À quoi rêvent les jeunes filles ? en 1832, puis Les Caprices de Marianne en 1833. Il écrit ensuite son chef-d’œuvre, un drame romantique, Lorenzaccio en 1834 (la pièce ne sera représentée qu’en 1896) après sa liaison houleuse avec George Sand et donne la même année Fantasio et On ne badine pas avec l’amour. Il publie parallèlement des poèmes tourmentés comme la Nuit de mai et la Nuit de décembre en 1835, puis La Nuit d’août (1836) La Nuit d’octobre (1837), et un roman autobiographique La Confession d’un enfant du siècle en 1836. Il fait preuve d’une grande aisance d’écriture, se comportant comme un virtuose de la jeune poésie. Il publie en 1829 son premier recueil poétique, les Contes d’Espagne et d’Italie, salués par Pouchkine. Il est d’ailleurs le seul poète français de son temps que le poète russe apprécie vraiment. En 1830, à 20 ans, sa notoriété littéraire naissante s’accompagne déjà d’une réputation sulfureuse alimentée par son côté dandy et ses débauches répétées dans la société des demi-mondaines parisiennes. La même année, la révolution et les journées des Trois Glorieuses donnent le trône au duc d’Orléans et son ancien condisciple, le duc de Chartres, devient prince royal. À l’âge de 22 ans, le 8 avril 1832, Musset est anéanti par la mort de son père, dont il était très proche, victime de l’épidémie de choléra. Cet événement va décider de la carrière littéraire que Musset choisit alors d’entamer. Musset tente sa chance au théâtre. Mais après l’échec de La Nuit Vénitienne ou les noces de Laurette, comédie en un acte donnée le 1er décembre 1830 à l’Odéon, l’auteur dit « adieu à la ménagerie, et pour longtemps », comme il l’écrit à Prosper Chalas. Cet éloignement durera dix-sept ans, jusqu’au succès d’Un caprice, comédie en un acte donnée au Théâtre-Français le 27 novembre 1847. À cette époque, devenu alcoolique, il pouvait y revenir plus serein. Vie sentimentale et théâtre S’il refuse la scène, Musset n’en garde pas moins un goût très vif du théâtre. Il choisit de publier des pièces dans la Revue des deux Mondes avant de les regrouper en volume sous le titre explicite « Un Spectacle dans un fauteuil ». La première livraison, en décembre 1832 se compose de trois poèmes, d’un drame, La Coupe et les Lèvres, d’une comédie, À quoi rêvent les jeunes filles ? et d’un conte oriental, Namouna. Musset exprime déjà dans ce recueil la douloureuse morbidité qui lie débauche et pureté, dans son œuvre. En novembre 1833, il part pour Venise, en compagnie de George Sand, dont il a fait la connaissance lors d’un dîner donné aux collaborateurs de la Revue des deux Mondes le 19 juin. Ce voyage lui inspire Lorenzaccio, considéré comme le chef-d’œuvre du drame romantique, qu’il écrit en 1834. Mais Musset fréquente les grisettes pendant que George Sand est malade de la dysenterie et lorsqu’elle est guérie, Musset tombe malade à son tour, George Sand devenant alors la maîtresse de son médecin, Pietro Pagello. De retour à Paris le 12 avril 1834, il publie la deuxième livraison de son « Spectacle dans un fauteuil », comprenant Les Caprices de Marianne, parue en revue en 1833, Lorenzaccio, inédit, André del Sarto (1833), Fantasio (1834) et On ne badine pas avec l’Amour (1834). Le Chandelier paraît dans la Revue des deux Mondes en 1835, Il ne faut jurer de rien en 1836 et Un caprice en 1837. Il écrit également des nouvelles en prose et La Confession d’un enfant du siècle, autobiographie à peine déguisée dédiée à George Sand, dans laquelle il transpose les souffrances endurées. De 1835 à 1837, Musset compose son chef-d’œuvre lyrique, Les Nuits, rivales de celles d’Edward Young, James Hervey ou Novalis. Ces quatre poèmes: les Nuits de mai, d’août, d’octobre, de décembre – sont construits autour des thèmes imbriqués de la douleur, de l’amour et de l’inspiration. Très sentimentaux, ils sont désormais considérés comme l’une des œuvres les plus représentatives du romantisme français. Après sa séparation définitive avec George Sand, en mars 1835, il tombe amoureux de Caroline Jaubert, l’épouse d’un juriste et la sœur d’Edmond d’Alton-Shée, pair de France et son ami, qu’il appelle la petite fée blonde et avec laquelle il a une liaison qui dure trois semaines, avant de reprendre fin 1835 ou début 1836. Hôte assidu de son salon, il en fera sa « marraine » et sa confidente, notamment tout au long de leur correspondance, qui s’étale sur vingt-deux années. C’est chez elle qu’il fait la connaissance, en mars 1837, d’Aimée-Irène d’Alton, sa cousine, avec laquelle il entame une liaison heureuse et durable. Elle lui propose même de se marier avec lui. Abandonnée par Musset pour Pauline Garcia, qui se refuse à lui, elle épousera son frère Paul le 23 mai 1861. Puis il rencontre, le 29 mai 1839, à la sortie du Théâtre-Français, Rachel, qui l’emmène souper chez elle, et avec laquelle il a une brève liaison en juin. En 1842, la princesse Christine de Belgiojoso, amie de Mme Jaubert, lui inspire une passion malheureuse. De 1848 à 1850, il a une liaison avec Louise-Rosalie Ross, dite Mlle Despréaux, qui avait découvert Un caprice dans une traduction russe de Alexandra Mikhaïlovna Karatiguine à Saint-Pétersbourg, et l’avait créé au théâtre Michel, le théâtre français de Saint-Pétersbourg, en 1843, où elle joue Mme de Léry. Ensuite elle joue la pièce au Théâtre-Français en 1847. C’est grâce à cette pièce que Musset rencontre enfin le succès au théâtre, Théophile Gautier la qualifiant dans La Presse « tout bonnement de grand événement littéraire. » En 1852, Louise Colet, qui est la maîtresse de Flaubert, a, quelque, temps une liaison avec Musset. Fin de vie Grâce à l’amitié du duc d’Orléans, il est nommé bibliothécaire du ministère de l’Intérieur le 19 octobre 1838. Le duc d’Orléans meurt accidentellement en 1842. Après la Révolution française de 1848, ses liens avec la monarchie de Juillet lui valent d’être révoqué de ses fonctions par le nouveau ministre Ledru-Rollin, le 5 mai 1848. Puis, sous le Second Empire, il devient bibliothécaire du ministère de l’Instruction publique, avec des appointements de trois mille francs, le 18 mars 1853. Nommé chevalier de la Légion d’honneur le 24 avril 1845, en même temps que Balzac, il est élu à l’Académie française le 12 février 1852 au siège du baron Dupaty, après deux échecs en 1848 et 1850. La réception a lieu le 27 mai suivant. Il fête le même jour sa nomination comme chancelier perpétuel au bordel et ses débordements alcooliques lui valent, de la part d’Eugène de Mirecourt, la formule de « chancelant perpétuel » au « verre qui tremble ». Ces crises convulsives, associées à des troubles neurologiques, font penser à une syphilis au stade tertiaire qu’il aurait contractée dans un bordel à 15 ansDe santé fragile (malformation cardiaque, voir le signe de Musset), mais surtout en proie à l’alcoolisme, à l’oisiveté et à la débauche, il meurt de la tuberculose le 2 mai 1857 à 3h15 du matin à son domicile du 6 rue du Mont-Thabor– Paris 1er, quelque peu oublié. Cependant Lamartine, Mérimée, Vigny et Théophile Gautier assistent à ses obsèques en l’église Saint-Roch. On n’a révélé la mort de son fils à sa mère, qui était partie vivre chez sa fille Hermine à Angers, qu’après son enterrement. En 1859, George Sand publie Elle et Lui, roman épistolaire d’inspiration autobiographique. Elle y révèle en particulier l’héautoscopie dont souffrait le génie, forme de dépersonnalisation qui explique le caractère hallucinatoire de La Nuit de décembre. Jugeant son frère calomnié par l’ensemble du roman, Paul de Musset lui réplique, six mois plus tard, en faisant paraître Lui et Elle. Sépulture Le poète est inhumé à Paris, au cimetière du Père Lachaise, où son monument funéraire se dresse avenue principale. Sur la pierre sont gravés les six octosyllabes de son élégie Lucie: et sur la face arrière, le poème Rappelle-toi: Œuvres Ordre chronologique * À Mademoiselle Zoé le Douairin (1826) * Un rêve (1828) * L’Anglais mangeur d’opium (1828) * Contes d’Espagne et d’Italie (1830) * La Quittance du diable (1830) * La nuit vénitienne (1830) * La Coupe et les lèvres (1831) * Namouna (1831) * À quoi rêvent les jeunes filles (1832) * Les Caprices de Marianne (1833) * Rolla (1833) * André del Sarto (1833) * Gamiani ou deux nuits d’excès (1833) * Fantasio (1834) * On ne badine pas avec l’amour (1834) * Perdican (1834) * Camille et Rosette (1834) * Lorenzaccio (1834) * La Quenouille de Barberine (1835) * La Nuit de mai (1835) * La Nuit de décembre (1835) * Le Chandelier (1835) * Il ne faut jurer de rien (1836) * Lettre à M. de Lamartine (1836) * Faire sans dire (1836) * La Nuit d’août (1836) * Chanson de Barberine (1836) * La Confession d’un enfant du siècle (1836) * Un caprice (1837) * La Nuit d’octobre (1837) * À la Malibran (1837) * Emmeline (1837) * Lettres à George Sand (recueil, 1837) * Lettres de Dupuis et Cotonet (1837) * Le Fils du Titien (1838) * Frédéric et Bernerette (Wikisource) (sur Wikisource) (1838) * L’Espoir en Dieu (1838) * La Nuit d’avril (1838) * Dupont et Durand (1838) * Margot (1838) * Croisilles 1839 * Les Deux Maîtresses (1840) * Tristesse (1840) * Une Soirée perdue (1840) * Souvenir (1841) * Le Voyage où il vous plaira (1842) * Sur la paresse (1842) * Histoire d’un merle blanc (1842) * Après une lecture (1842) * Pierre et Camille (1844) * Le Secret de Javotte (1844) * Les Frères Van Buck (1844) * Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée (1845) * Mimi Pinson 1845) * Louison (1849) * L’Habit vert (1849) * On ne saurait penser à tout (1849) * Les Filles de Loth (1849) * Carmosine (1850) * Bettine (1851) * Faustine (1851) * La Mouche (1853) * L’Âne et le Ruisseau (1855) * Retour ou Le Havre (1855)[1] Classement par genres Pièces de théâtre * La Quittance du diable (1830) * La Nuit vénitienne (1830) * La Coupe et les lèvres (1831) * À quoi rêvent les jeunes filles (1832) * André del Sarto (1833) * Les Caprices de Marianne (1833) * Lorenzaccio (1834) * Fantasio (1834) * On ne badine pas avec l’amour (1834) * La Quenouille de Barberine (1835) * Le Chandelier (1835) * Il ne faut jurer de rien (1836) * Faire sans dire (1836) * Un caprice (1837) * Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée (1845) * L’Habit vert (1849) * Louison (1849) * On ne saurait penser à tout (1849) * Carmosine (1850) * Bettine (1851) * L’Âne et le Ruisseau (1855) Romans * L’Anglais mangeur d’opium (1828) * Gamiani ou deux nuits d’excès (1833) * La Confession d’un enfant du siècle (1836) Contes et nouvelles * Emmeline (1837) * Le Fils du Titien (1838) * Frédéric et Bernerette (1838) * Margot (1838) * Croisilles (1839) * Les Deux Maîtresses (1840) * Histoire d’un merle blanc (1842) * Pierre et Camille (1844) * Le Secret de Javotte (1844) * Les Frères Van Buck (1844) * Mimi Pinson (1845) * La Mouche (1853) Poésies * À Mademoiselle Zoé le Douairin (1826) * Un rêve (1828) * Venise la rouge (1828) * Contes d’Espagne et d’Italie (1830) * La Coupe et les Lèvres (1831) * Namouna (1831) * Rolla (1833) * Perdican (1834) * Camille et Rosette (1834) * L’Espoir en Dieu (1838) * La Nuit de mai (1835) * La Nuit de décembre (1835) * La Nuit d’août (1836) * La Nuit d’octobre (1837) * La Nuit d’avril (1838) * Chanson de Barberine (1836) * À la Malibran (1837) * Tristesse (1840) * Une soirée perdue (1840) * Souvenir (1841) * Le Voyage où il vous plaira (1842) * Sur la paresse (1842) * Après une lecture (1842) * Les Filles de Loth (1849) * Poésies nouvelles (1850) * Faustine (1851) * Chanson de Fortunio (1852) * Poésies posthumes (1888) * A pépa (1829) Autres * Lettre à M. de Lamartine (1836) * Lettres de Dupuis et Cotonet (1837) * Lettres à George Sand (recueil, 1837) * Dupont et Durand (1838) Postérité * Redécouvert au XXe siècle, Alfred de Musset est désormais considéré comme un des grands écrivains romantiques français, dont le théâtre et la poésie lyrique montrent une sensibilité extrême, une interrogation sur la pureté et la débauche, une exaltation de l’amour et une expression sincère de la douleur. Sincérité qui renvoie à sa vie tumultueuse qu’illustre emblématiquement sa relation avec George Sand. * Son frère aîné Paul de Musset jouera un grand rôle dans la redécouverte de l’œuvre d’Alfred de Musset, par la rédaction de biographies et la réédition d’un grand nombre de ses œuvres, comme La Mouche ou les Caprices de Marianne. * L’un des textes de son recueil Poésies posthumes, intitulé Nous venions de voir le taureau, a été mis en musique par Léo Delibes en 1874 sous le nom Les Filles de Cadix. * Son drame La Coupe et les Lèvres a été à la base de l’opéra Edgar de Giacomo Puccini (1889). Filmographie * En 1999, la liaison entre Alfred de Musset et George Sand a fait l’objet d’une adaptation cinématographique de Diane Kurys, Les Enfants du Siècle. * Les œuvres de Musset ont fait l’objet de plusieurs adaptations cinématographiques: * Il ne faut jurer de rien!, réalisé par Éric Civanyan, sorti en 2005 * Confession d’un enfant du siècle, réalisé par Sylvie Verheyde, sorti en 2012 Les références Wikipedia – https://fr.wikipedia.org/wiki/Alfred_de_Musset
Étienne Mallarmé, dit Stéphane Mallarmé, né à Paris le 18 mars 1842 et mort à Valvins (commune de Vulaines-sur-Seine, Seine-et-Marne) le 9 septembre 1898, est un poète français, également enseignant, traducteur et critique d'art. Admirateur de Théophile Gautier, de Charles Baudelaire et de Théodore de Banville, Stéphane Mallarmé fait paraître en revue quelques poèmes en 1862. Professeur d'anglais par nécessité, il est nommé en septembre 1863 au lycée de Tournon-sur-Rhône en Ardèche et séjourne à Besançon et Avignon, avant d'arriver à Paris en 1871. Il fréquente alors des auteurs littéraires comme Paul Verlaine, Émile Zola ou Auguste de Villiers de L'Isle-Adam et des artistes comme Édouard Manet, qui a peint son portrait en 1876.
René Armand François Prudhomme, dit Sully Prudhomme (orthographié également parfois Sully-Prudhomme), né à Paris le 16 mars 1839 et mort à Châtenay-Malabry le 6 septembre 1907, est un poète français, premier lauréat du prix Nobel de littérature en 1901. Biographie Né au 34 rue du Faubourg Poissonnière. Fils d’un employé de commerce mort alors qu’il était encore enfant, René Armand Prudhomme, qui souhaite devenir ingénieur, fait ses études au lycée Bonaparte (aujourd’hui Condorcet), mais une crise d’ophtalmie le contraint à les interrompre. Après avoir travaillé au Creusot (Saône-et-Loire), dans les usines Schneider, de 1858 à 1860 (il était ami d’Henri Schneider, avec qui il avait fait ses études au lycée Bonaparte), il se tourne vers le droit et travaille chez un notaire. L’accueil favorable réservé à ses premiers poèmes au sein de la Conférence La Bruyère, société étudiante dont il est membre, encourage ses débuts littéraires. Son premier recueil, Stances et Poèmes (1865), est loué par Sainte-Beuve et lance sa carrière. Il renferme son poème le plus célèbre, Le Vase brisé, élégante métaphore du cœur brisé par un chagrin d’amour: Au fil de sa carrière, Sully Prudhomme se détourne progressivement du genre sentimental de ce premier recueil—qu’on retrouvera encore dans Les Épreuves (1866) et Les Solitudes (1869)—pour adopter un style plus personnel alliant une recherche formelle qui le rattache au Parnasse (il contribue au Parnasse contemporain de Leconte de Lisle) avec un intérêt pour les sujets scientifiques et philosophiques. Il donne notamment une traduction en vers du premier chant du De Natura Rerum de Lucrèce (1878-79). Son ambition philosophique s’exprime dans des poèmes comme La Justice (1878) et Le Bonheur (1888). Il est élu membre de l’Académie française en 1881. Son éditeur, Alphonse Lemerre, commande au peintre Paul Chabas (1869-1937), une vaste composition peinte représentant tous les poètes du Parnasse que Lemerre édite. Ce tableau, Chez Alphonse Lemerre, à Ville D’Avray a été exposé au salon de 1895 et représente, autour de Sully-Prudhomme, Paul Bourget, Alphonse Daudet, Leconte de Lisle, Jules Breton ou Daniel Lesueur (nom de plume de Jeanne Loiseau). La toile a pour cadre le jardin de la propriété que l’éditeur a achetée au père de Camille Corot en 1875. Après Le Bonheur, Sully Prudhomme délaisse la poésie pour s’intéresser exclusivement à l’esthétique et à la philosophie. Il publie deux essais d’esthétique: L’Expression dans les beaux-arts (1884) et Réflexions sur l’art des vers (1892), une suite d’articles sur Blaise Pascal dans la Revue des deux Mondes (1890), Le Problème des causes finales en collaboration avec Charles Richet (1902), un article sur « La Psychologie du Libre-Arbitre » dans la Revue de métaphysique et de morale (1906). Premier écrivain à recevoir le prix Nobel de littérature, le 10 décembre 1901,,, il consacre l’essentiel de la somme reçue à cette occasion à fonder un prix de poésie décerné par la Société des gens de lettres. Il crée par ailleurs en 1902 la Société des poètes français avec José-Maria de Heredia et Léon Dierx. Il est l’un des premiers partisans de Dreyfus. Sa santé avait été durablement ébranlée par la guerre de 1870. Sur la fin de sa vie, elle le contraignait à vivre quasiment reclus à Châtenay-Malabry (département de la Seine), souffrant d’attaques de paralysie et travaillant à La Vraie Religion selon Pascal (1905). Mort subitement le 6 septembre 1907, il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (44e division) à Paris. Il avait fait de son neveu Henry Gerbault (1863-1930) son légataire universel. Œuvres Poésie * Stances et Poèmes, 1865 * Les Épreuves, 1866 * Les Solitudes, 1869 * Les Destins, 1872 * La France, 1874 * Les Vaines tendresses, 1875 Texte en ligne * Le Zénith, poème, 1876 (aux victimes de l’ascension du ballon Le Zénith) * La Justice, 1878 * Poésie, 1865-1888 * Le Prisme, poésies diverses, 1886 * Le Bonheur, 1888 * Épaves, 1908 Philosophie * La Vraie Religion selon Pascal: recherche de l’ordonnance purement logique de ses Pensées relatives à la religion: suivie d’une analyse du Discours sur les passions de l’amour, Paris, F. Alcan, Bibliothèque de philosophie contemporaine, 1905 Texte en ligne Proses diverses * « La tour Eiffel, discours de M. Sully Prudhomme » in Revue scientifique, 20 avril 1889 * « Les autographes de « la nature »: M. Sully Prudhomme » in La Nature, no 887– 31 mai 1890 * « Sur l’origine de la vie terrestre » in Revue de Métaphysique et de Morale, t. 1, 1893, p. 324-345 * « L’esprit scientifique et la théorie des causes finales » in Revue scientifique, 28 janvier 1899 * « L’anthropomorphisme et les causes finales » in Revue scientifique, 4 mars 1899 * « Le darwinisme et les causes finales—Réponse à Charles Richet » in Revue scientifique, 15 avril 1899 * « Méthodes expérimentales et causes finales—Réponse à Charles Richet » in Revue scientifique, 20 mai 1899 * « Critique du principe finaliste et de ses applications à la science » in Revue scientifique, 12 août 1899 * « Le libre arbitre devant la science positive » in Revue scientifique, 9 décembre 1899 * « Les causes finales– Septième et dernière lettre à M. Charles Richet » in Revue scientifique, no 17– 25 avril 1902 * Journal intime: lettres-pensée, 1922 Postérité * = Les références Wikipedia – https://fr.wikipedia.org/wiki/Sully_Prudhomme
Alphonse de Lamartine, de son nom complet Alphonse Marie Louis de Prat de Lamartine, né à Mâcon le 21 octobre 1790 et mort à Paris le 28 février 1869 est un poète, romancier, dramaturge français, ainsi qu’une personnalité politique qui participa à la Révolution de février 1848 et proclama la Deuxième République. Il est l’une des grandes figures du romantisme en France.
André Breton, né à Tinchebray dans l'Orne le 19 février 1896 et mort à Paris le 28 septembre 1966, est un poète et écrivain français, principal animateur et théoricien du surréalisme. Auteur des livres Nadja, L'Amour fou et des différents Manifestes du surréalisme, son rôle de chef de file du mouvement surréaliste, et son œuvre critique et théorique pour l'écriture et les arts plastiques, font d'André Breton une figure majeure de l'art et de la littérature française du xxe siècle. Les références Wikipedia – https://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9_Breton
Joachim du Bellay (prononciation: /ʒɔaʃɛ̃ dy bɛlɛ/) ou Joachim Du Bellay est un poète français né vers 1522 à Liré en Anjou et mort le 1er janvier 1560 à Paris. Sa rencontre avec Pierre de Ronsard fut à l’origine de la formation de la Pléiade, groupe de poètes pour lequel du Bellay rédigea un manifeste, la Défense et illustration de la langue française. Son œuvre la plus célèbre, Les Regrets, est un recueil de sonnets d’inspiration élégiaque et satirique, écrit à l’occasion de son voyage à Rome de 1553 à 1557. Biographie En 1522 Joachim du Bellay naît à Liré, en Anjou, dans l’actuel département de Maine-et-Loire. Fils de Jean du Bellay, seigneur de Gonnord, et de Renée Chabot originaire de Liré, il appartient à la branche aînée des du Bellay. Ses parents meurent en 1532 quand il a 10 ans. De santé fragile, il est élevé par son frère aîné qui le néglige. Vers 1546, il part faire ses études de droit à l’université de Poitiers où il rencontre Salmon Macrin. En 1547 il fait la connaissance de Jacques Peletier du Mans et de Pierre de Ronsard. Il rejoint ce-dernier au collège de Coqueret à Paris. Dans cet établissement, sous l’influence du professeur de grec Jean Dorat, les deux hommes décident de former un groupe de poètes appelé d’abord la Brigade. Leur objectif est de créer des chefs-d’œuvre en français d’aussi bonne facture que ceux des Latins et des Grecs. Ce but s’accorde à la perfection avec celui de François 1er qui souhaite donner des lettres de noblesse au français. Jacques Peletier du Mans approuve leur projet et les accompagne dans leur entreprise. Du Bellay signe en 1549 un manifeste collectif, la Défense et illustration de la langue française. La Brigade se transforme en Pléiade avec l’arrivée de quatre nouveaux membres: Rémi Belleau, Étienne Jodelle, Pontus de Tyard et Jean-Antoine de Baïf. Joachim du Bellay publie dès l’année suivante, en 1550, son premier recueil de sonnets, L’Olive, imitant le style de l’italien Pétrarque. En 1553 du Bellay quitte la France pour accompagner le cardinal Jean du Bellay, cousin germain de son père, à la cour pontificale de Rome. Il doit pourvoir aux dépenses de la maison du cardinal malgré son peu de moyens financiers. Il attend avec impatience de découvrir Rome et la culture antique mais il est déçu. Chargé de l’intendance de son parent, du Bellay s’ennuie. Loin de jouir d’une liberté qu’il désirait, les intrigues de la cour du pape l’accaparent. Il est en effet mêlé directement aux événements diplomatiques entre la France et l’Italie. Il compose alors Les Regrets, œuvre dans laquelle il critique la vie romaine et exprime son envie de rejoindre son Anjou natal. Suivent Les Antiquités de Rome. En août 1557 Joachim tombe malade et souffre de plus en plus de la surdité, le cardinal Jean du Bellay le renvoie en France. Le poète loge au cloître Notre-Dame chez son ami Claude de Bize (auquel il s’adresse dans les sonnets 64, 136 et 142 de Les Regrets). De retour en France, il doit de plus se débattre dans des difficultés matérielles. En janvier 1558 il fait publier par Fédéric Morel l’Ancien son recueil Les Regrets ainsi que Les Antiquités de Rome. Du Bellay meurt des suites d’une apoplexie dans la nuit du 1er janvier 1560 au 1 rue Massillon à Paris, à l’âge de 37 ans. Il est inhumé à Paris en la chapelle de Saint-Crépin, une chapelle de Notre-Dame de Paris. Plaque commémorative posée à l’endroit où se trouvait la maison dans laquelle est mort le poète (angle des rues Massillon et Chanoinesse, Paris, IVe) Œuvres principales Défense et illustration de la langue française Défense et illustration de la langue française (La Deffence, et Illustration de la Langue Francoyse dans l’orthographe originale) est un manifeste littéraire, écrit en 1549 par le poète français Joachim du Bellay, qui expose les idées des poètes de la Pléiade. Le texte, plaidoyer en faveur de la langue française, paraît DIX ans après l’ordonnance de Villers-Cotterêts qui imposa le français comme langue du droit et de l’administration dans le royaume de France. Du Bellay montre sa reconnaissance envers François Ier, «notre feu bon Roi et père», pour son rôle dans le fleurissement des arts et de la culture. Le roi a en effet créé le Collège des lecteurs royaux. Il a en outre pérennisé une bibliothèque du roi alimentée par le dépôt légal et des achats. Du Bellay souhaite transformer la langue française, «barbare et vulgaire», en une langue élégante et digne. Il considère que la langue française est encore dans l’enfance et qu’il faut la fortifier en la pratiquant et en l’enrichissant par l’invention de nouveaux mots afin de la rendre aussi puissante que le sont le grec et le latin. Avec ses camarades de la Pléiade il envisage donc de l’enrichir afin d’en faire une langue de référence et d’enseignement. L’Olive L’Olive est un recueil de poèmes publié par Joachim du Bellay entre 1549 et 1550. Dans cet ouvrage il célèbre une maîtresse imaginaire en s’inspirant de Pétrarque. Le livre comporte d’abord 50 sonnets écrits en 1549. Mais il en comptera 115 lors de sa publication en 1550 chez Corrozet et L’Angelier. Les Regrets Les Regrets est un recueil de poèmes écrit pendant le voyage de Du Bellay à Rome de 1553 à 1557 et publié à son retour en 1558 par l’imprimeur Fédéric Morel, l’Ancien sis rue Jean-de-Beauvais à Paris. Cet ouvrage comprend 191 sonnets, tous en alexandrins. Le choix de ce mètre, plutôt que du décasyllabe, constitue une nouveauté. Contrairement au modèle pétrarquiste, le thème principal n’est pas l’amour d’une femme mais celui du pays natal et de la mélancolie due à l’éloignement. Le lecteur distingue trois tonalités principales, l’élégie (sonnets 6 à 49), la satire (sonnets 50 à 156) et l’éloge (sonnets 156 à 191). Le mythe d’Ulysse en quête du retour dans sa patrie inspire aussi le poète. Revenu en France, du Bellay y retrouve les travers observés à Rome. Ce recueil contient le sonnet le plus célèbre de son œuvre: Note: l’orthographe et la graphie employées à gauche sont celles de l’auteur au XVIe siècle, celles de droite sont les actuelles. Les Antiquités de Rome Les Antiquités de Rome est un recueil de 32 sonnets édité en 1558, alternant sonnets en décasyllabes et en alexandrins. Ce recueil est une méditation sur la grandeur de Rome et sur sa chute. Il se nourrit du mythe de la Gigantomachie. Du Bellay annonce déjà avec ce recueil le lyrisme romantique. En sa qualité d’humaniste, il reste l’héritier de Virgile, Horace, Lucain, tous poètes de la Ville éternelle. Notons aussi, en plus du thème des ruines, un tableau pittoresque qui saisit l’évolution de Rome dans ses détails. Postérité et culture populaire En 1578, une partie de ses odes est mise en musique par le compositeur Antoine de Bertrand. En 1894 la ville d’Ancenis fait ériger une statue réalisée par le sculpteur Adolphe Léonfanti. Elle représente le poète en costume du XVIe siècle, tenant à la main un exemplaire de son recueil Les Regrets. Dans les années 1960 elle est installée sur la rive gauche de la Loire, face à Liré. En 1934 son nom est donné au Collège des jeunes filles d’Angers qui devient le Collège Joachim du Bellay puis l’actuel Lycée Joachim-du-Bellay. La ville de Liré inaugure en 1947 une statue représentant le poète assis, méditant, œuvre du sculpteur Alfred Benon. Les Archives Nationales commémorent en 1949 le quatre centième anniversaire de son ouvrage Défense et illustration de la langue française. En 1958 un timbre postal de 12 f. surtaxé 4 f., vert est émis dans la série «Célébrités». Il porte le n° YT 1166. En 1960, à l’occasion du quatre centième anniversaire de sa mort, une commémoration avec conférence et récitations de ses textes a lieu devant les ruines du château de la Turmelière. Une école de la ville du Lude, dans la Sarthe, porte également son nom. En 2007 le chanteur Ridan reprend un extrait des Regrets de Joachim du Bellay. L’artiste le travaille à sa façon dans sa chanson Ulysse. En 2009, la compositrice Michèle Reverdy a mis en musique le sonnet XII des Regrets qui constitue la première pièce du cycle De l’ironie contre l’absurdité du monde. Musée Joachim du Bellay En 1957 l’Association «Les amis du Petit Lyré» acquiert à Liré une demeure de 1521 ayant appartenu à la famille du Bellay et y fonde un musée inauguré le 8 juin 1958. Le musée devient propriété communale vers 1990. Depuis 1998 il présente cinq salles dédiées à la vie et à l’œuvre de l’écrivain de la Pléiade ainsi qu’à la poésie et à la Renaissance. Le musée organise également des manifestations sur les thèmes de l’écriture, de la poésie et de la langue française. Œuvres * Il a créé de nombreuses œuvres et voici les plus connues: * Défense et illustration de la langue française (1549) * L’Olive (1549) * Vers lyriques (1549) * Recueil de poesie, presente à tres illustre princesse Madame Marguerite, seur unique du Roy […] (1549) (lire en ligne) * Le Quatriesme livre de l’Eneide, traduict en vers françoys (1552) (lire en ligne) * La Complainte de Didon à Enée, prince d’Ovide (1552) * Œuvres de l’invention de l’Auteur (1552) * Divers Jeux Rustiques (1558) * Les Regrets (1558) (lire en ligne) * Les Antiquités de Rome (1558) * Poésies latines, (1558) * Le Poète courtisan (1559) Les références Wikipedia – https://fr.wikipedia.org/wiki/Joachim_du_Bellay
Louisa Siefert, née à Lyon le 1er avril 1845 et morte à Pau le 21 octobre 1877, est une poétesse française. Issue d'une famille protestante établie à Lyon, elle reçoit une bonne éducation religieuse. Son père Henri était un homme d’affaires venu jeune à Lyon et originaire de la Hesse tandis que sa mère était fille et petite-fille de soyeux lyonnais, de lointaine origine alémanique (canton de Thurgovie en Suisse) et alliés en France à une famille descendante de protestants cévenols. Elle meurt le 21 octobre 1877 à Pau où elle soignait une tuberculose osseuse (coxalgie) qui avait fini par atteindre ses poumons. Elle est inhumée dans le carré B153 du cimetière communal de Saint-Cyr-au-Mont-d'Or, village où elle habitait, au hameau des Ormes. Louisa Siefert est l'arrière-grand-tante du chanteur Renaud.
François Édouard Joachim Coppée, né le 26 janvier 1842 à Paris1 où il est mort le 23 mai 1908, est un poète, dramaturge et romancier français. Coppée fut le poète populaire et sentimental de Paris et de ses faubourgs, des tableaux de rue intimistes du monde des humbles. Poète de la tristesse à la vue des oiseaux qui meurent en hiver (La Mort des oiseaux), du souvenir d'une première rencontre amoureuse (« Septembre, au ciel léger »), de la nostalgie d'une autre existence (« Je suis un pâle enfant du vieux Paris ») ou de la beauté du crépuscule (« Le crépuscule est triste et doux »), il rencontra un grand succès populaire. Biographie Il naît à Paris au 2, rue de l'Abbé-Grégoire. Son père était un fonctionnaire et il eut une mère très attentive. Après être passé par le lycée Saint-Louis il devint employé de bureau au ministère de la Guerre et s'attira bientôt les faveurs du public comme poète de l'école parnassienne. Ses premiers vers imprimés datent de 1864. Ils furent réédités avec d'autres en 1866 sous la forme d’un recueil (Le Reliquaire), suivi (1867) par Intimités et Poèmes modernes (1867-1869). En 1869 sa première pièce, Le Passant, fut reçue avec un grand succès au théâtre de l’Odéon et par la suite Fais ce que dois (1871) et Les Bijoux de la délivrance (1872), courts drames en vers inspirés par la guerre, furent chaleureusement applaudis. Son poème le Défilé fut dédié à sa sœur Annette en 1869. Après avoir occupé un emploi à la bibliothèque du Sénat, Coppée fut choisi en 1878 comme archiviste de la Comédie Française, poste qu'il assuma jusqu'en 1884. Cette année-là, son élection à l'Académie française l’amena à se retirer de toutes les charges publiques. Il continua à publier à intervalles rapprochés des volumes de poésie, parmi eux Les Humbles (1872), Le Cahier rouge (1874), Olivier (1875), L'Exilée (1876), Contes en vers etc. (1881), Poèmes et récits (1886), Arrière-saison (1887), Paroles sincères (1890). Dans ses dernières années, il produisit moins de poésie, mais publia encore deux volumes, Dans la prière et la lutte et Vers français. Il avait acquis la réputation d’être le poète des humbles. Outre les pièces mentionnées ci-dessus, deux autres écrites en collaboration avec Armand d'Artois et quelques petites pièces d'importance mineure, Coppée écrivit Madame de Maintenon (1881), Severo Torelli (1883), Les Jacobites (1885) et d'autres drames sérieux en vers, dont Pour la couronne (1895), qui fut traduit en anglais (For the Crown) par John Davidson et représenté au Lyceum Theatre en 1896. La représentation d'un bref épisode de la Commune, Le Pater, fut interdite par le gouvernement (1889). Le premier récit en prose de Coppée, Une idylle pendant le siège, parut en 1875. Il fut suivi par différents volumes de nouvelles, par Toute une jeunesse (1890) où il essayait de reproduire les sentiments, sinon les souhaits réels, de la jeunesse de l'auteur, Les Vrais Riches (1892), Le Coupable (1896), etc. Il fut fait officier de la Légion d'honneur en 1888. La réimpression d’une série d'articles brefs sur des sujets divers, intitulée Mon franc-parler, parut de 1893 à 1896 ; en 1898 vint La Bonne Souffrance, le résultat de son retour à l'Église catholique, qui lui valut une grande popularité. La cause immédiate de son retour à la foi fut une grave maladie qui le fit deux fois approcher de la mort. Jusqu’alors il avait manifesté peu d'intérêt pour les affaires publiques, mais il rejoignit la section la plus exaltée du mouvement nationaliste, en même temps qu’il continuait à mépriser le système de la démocratie. Il prit une part importante aux attaques contre l’accusé dans l'affaire Dreyfus et fut un des créateurs de la fameuse Ligue de la patrie française fondée par Jules Lemaitre et sa maîtresse, Madame de Loynes et où il retrouve un ami, Paul Bourget, déjà croisé lors des dîners des Vilains Bonshommes et dont il est parrain lorsque ce dernier entre à l'Académie française. Il mourut à Paris au 12, rue Oudinot et fut inhumé au cimetière du Montparnasse. Les références Wikipedia – https://fr.wikipedia.org/wiki/François_Coppée
Jean Cocteau, né le 5 juillet 1889 à Maisons-Laffitte et mort le 11 octobre 1963 dans sa maison de Milly-la-Forêt, est un poète, graphiste, dessinateur, dramaturge et cinéaste français. Il est élu à l’Académie française en 1955. Comptant parmi les artistes qui ont marqué le XXe siècle, il a côtoyé la plupart de ceux qui ont animé la vie artistique de son époque. Il a été l’imprésario de son temps, le lanceur de modes, le bon génie d’innombrables artistes. En dépit de ses œuvres littéraires et de ses talents artistiques, Jean Cocteau insista toujours sur le fait qu’il était avant tout un poète et que tout travail est poétique. Biographie Jeunes années Jean Cocteau, de son nom complet Clément Eugène Jean Maurice Cocteau, est né en juillet 1889, dans la maison de son grand-père maternel, place Sully à Maisons-Laffitte dans une famille bourgeoise de Paris. Son père, Georges Alfred Cocteau, né le 8 juillet 1842 à Melun, avocat et peintre amateur, et sa mère, Marie Junia Émilie Eugénie Lecomte, née le 21 septembre 1855 à Maisons-Laffitte, se sont mariés le 7 juillet 1875 dans le 9e arrondissement de Paris. Son grand-père paternel, Athanase Cocteau (1798-1865) était notaire et maire de Melun, son grand-père maternel, Eugène Lecomte (1828-1906), agent de change et collectionneur d’art, son oncle maternel, Raymond Lecomte, diplomate. Son père qui vivait de ses rentes se suicide le 5 avril 1898 à Paris, Jean Cocteau portera longtemps cette blessure. Il a une grande sœur, Marthe (1877-1958) et un grand frère, Paul (1881-1961). Il découvre le théâtre et le cinéma à six ans. Dès l’âge de quinze ans, Cocteau quitte le cocon familial pour étudier au lycée Condorcet avec notamment comme camarade le vénéneux Pierre Dargelos qui exerce sur lui une véritable fascination. Manifestant peu d’intérêt pour les études, il est renvoyé du lycée pour indiscipline en 1904 et rate son baccalauréat deux fois. En 1908, le tragédien Édouard de Max organise au théâtre Femina une matinée poétique avec le premier récital des poésies du jeune Cocteau. Il publie son premier recueil de poèmes à compte d’auteur, « La Lampe d’Aladin » inspiré des Mille et Une Nuits, à 20 ans (1909) et devient alors connu dans les cercles artistiques bohème comme le « prince frivole ». C’est sous ce titre qu’il publie à 21 ans, en 1910, son second recueil de poèmes. Edith Wharton le décrit comme un homme pour qui « chaque grande ligne de la poésie était un lever de soleil, chaque coucher du soleil la base de la ville merveilleuse... » Il est également fasciné par le maître des ballets russes, Serge de Diaghilev et ses artistes principaux, le peintre Léon Bakst et le danseur Vaslav Nijinsky. La rencontre avec Diaghilev qu’il veut étonner marque la première crise dans la création coctalienne : il renie ses recueils de poèmes, pastiches assez ampoulés, et se rapproche de l’avant-garde cubiste et futuriste. De sa collaboration avec les artistes russes naissent Le Dieu bleu en 1912, avec des costumes et décors de Léon Bakst sur une musique composée par Reynaldo Hahn, puis Parade, ballet produit en 1917 avec des costumes et décors de Pablo Picasso et une musique composée par Erik Satie. Cette œuvre inspire à Guillaume Apollinaire le néologisme de surréalisme, repris ensuite par André Breton et Philippe Soupault pour la création de ce mouvement culturel. Cocteau collabore au mouvement dada et a une grande influence sur le travail des autres, dans le groupe même composé par ses amis, « Les Six » dont il devient le porte-parole. Ayant été réformé du service militaire, Cocteau décide néanmoins de participer à la guerre de 1914 comme ambulancier avec un convoi sanitaire civil. Adopté par un régiment de fusiliers marins, il vit à Dixmude, vole avec Roland Garros mais est rapidement démobilisé pour raisons de santé. Il rejoint Paris et reprend ses activités artistiques. Après le nécessaire temps de gestation, il écrira sur cette guerre l’un de ses meilleurs romans : Thomas l’Imposteur. Dans les années 1920, Cocteau s’associe avec Marcel Proust, André Gide et Maurice Barrès. Raymond Radiguet En 1918, Max Jacob lui présente le jeune poète Raymond Radiguet. Il exercera sur la courte carrière de ce dernier une influence prépondérante : Jean Cocteau aussitôt devine—« À quoi ? Je me le demande », écrira-t-il plus tard dans La Difficulté d’être—un talent caché. Enthousiasmé par les poèmes que Radiguet lui lit, Cocteau le conseille, l’encourage et le fait travailler ; il l’aide ensuite à publier ses vers dans les revues d’avant-garde, notamment dans Sic et dans Littérature. Les deux hommes entreprennent beaucoup de voyages ensemble. Toujours en admiration devant le talent littéraire de Radiguet, Cocteau promeut les travaux de son ami dans son cercle artistique, et s’arrange pour faire publier par Grasset Le Diable au corps (une histoire en grande partie autobiographique sur le rapport adultère entre une femme dont le mari est au front et un homme plus jeune), exerçant son influence pour recueillir le prix littéraire du « Nouveau Monde » pour le roman. En 1921, il collabore avec le Groupe des Six pour le livret argumentaire des Mariés de la Tour Eiffel, œuvre collective qui lance la nouvelle génération musicale en France dans le sillage d’Erik Satie qui en est le mentor. En 1921 également, Cocteau organise une rencontre entre Radiguet et un de ses amis, le secrétaire général du Quai d’Orsay, Philippe Berthelot. La réaction de Cocteau à la mort soudaine de Radiguet, en 1923, crée un désaccord avec certains proches qui déclarent qu’il l’a laissé désespéré, découragé et en proie à l’opium. Cocteau n’aurait même pas assisté à l’enterrement. Mais Cocteau n’assiste généralement pas aux enterrements. L’auteur quitte alors aussitôt Paris avec Diaghilev pour une représentation des « Noces » par les Ballets russes à Monte-Carlo. Cocteau, lui-même, qualifie beaucoup plus tard son attitude de « réaction de stupeur et de dégoût ». Son penchant pour l’opium à cette époque-là, Cocteau l’explique comme un simple hasard lié à sa liaison fortuite avec Louis Laloy, le directeur de l’Opéra de Monte-Carlo. La dépendance de Cocteau envers l’opium et ses efforts pour s’en sevrer auront une influence décisive sur son modèle littéraire. Son livre le plus connu, Les Enfants Terribles, est d’ailleurs écrit en une semaine, au cours d’un difficile sevrage. Cocteau et les Bourgoint C’est à l’hôtel Welcome à Villefranche-sur-Mer, où il réside, que Jean Cocteau lie connaissance avec la famille Bourgoint ; ils se sont connus à travers un ami commun, Christian Bérard, un peintre qui réalisa les décors des pièces de théâtre de Cocteau. Les Bourgoint avaient trois enfants, les jumeaux Maxime et Jeanne, et le cadet Jean. Jeanne et Jean Bourgoint revirent Cocteau en 1925. Jean Cocteau rencontre à Meudon, le 15 juin 1925 chez les Maritain, Charles Henrion. Ce disciple de Charles de Foucauld, vêtu d’un burnous blanc orné du Sacré-Cœur rouge, fait une grande impression sur Cocteau, qui se convertit. Le 19 octobre, Jean Cocteau communie, entouré de Jean Bourgoint et de Maurice Sachs. Ils se fréquentent jusqu’en 1929, date à laquelle Jeanne se suicide, laissant son frère démuni. La vie de Jeanne et de Jean Bourgoint impressionne tant Cocteau qu’il se met presque aussitôt à écrire leur histoire qui deviendra Les Enfants terribles. Maturité Dans les années 1930, Cocteau aurait eu une liaison avec la princesse Nathalie Paley, fille morganatique d’un grand duc de Russie, elle-même modiste, actrice ou modèle et ancienne épouse du couturier Lucien Lelong. Elle aurait été enceinte, mais la grossesse n’aurait pu être menée à son terme, ce qui plongea Cocteau et la jeune femme dans un profond désarroi. Cocteau évoque la fausse couche de Nathalie dans Le passé défini, et dit que cet avortement serait la conséquence d’une scène violente avec Marie-Laure de Noailles : « Elle est responsable de l’avortement de Nathalie ». Cependant, Cocteau ayant initié la princesse à l’opium, il se peut qu’il y ait eu des répercussions dues à cette drogue sur la grossesse. Dans les années 1930, Jean Cocteau expérimente avec le peintre Jean Crotti, qui est le mari de Suzanne Duchamp, le gemmail et c’est certainement à cette période que date sa relation avec Marcel Duchamp malgré l’opposition d’André Breton,. Vers 1933, Cocteau fait la connaissance de Marcel Khill qui devient son compagnon et joue, à sa création, le rôle du messager de Corinthe dans La Machine Infernale. Ils feront ensemble, en 1936, un tour du monde en 80 jours relaté par Jean Cocteau dans Tour du monde en 80 jours. Mon premier voyage (Éditions Gallimard). Cocteau entretient ensuite une relation de longue durée avec deux acteurs français, Jean Marais et Édouard Dermit, ce dernier officiellement adopté par Cocteau. Il aurait entretenu une relation avec Panama Al Brown, un boxeur dont il prend en charge la carrière à un moment donné. En 1940, Le Bel Indifférent, une pièce de Cocteau écrite pour Édith Piaf, est un énorme succès. Il travaille également avec Picasso et Coco Chanel sur plusieurs projets, est l’ami de la majeure partie de la communauté européenne des artistes, et lutte contre son penchant pour l’opium durant la plus grande partie de sa vie d’adulte. Alors qu’il est ouvertement homosexuel, il a quelques aventures brèves et compliquées avec des femmes. Son travail recèle de nombreuses critiques envers l’homophobie. Jean Cocteau joue un rôle ambigu durant la Seconde Guerre mondiale, les résistants l’accusent de collaboration avec les Allemands, une partie de son passé (1939-1944) reste mystérieuse. Jean Cocteau écrira dès le début de l’Occupation dans l’hebdomadaire collaborationniste « La Gerbe » créé par le célèbre écrivain breton Alphonse de Châteaubriant. En décembre 1940 il y lance une « adresse aux jeunes écrivains », sorte de message pour les jeunes Français les appelant à prendre part au « Nouvel Ordre européen ». Cocteau est d’ordinaire assez réservé quant à l’affirmation de son engagement politique. Pendant l’Occupation, il fait preuve d’un certain pacifisme (« L’honneur de la France, écrit-il dans son Journal du 5 mai 1942, sera peut-être, un jour, d’avoir refusé de se battre »), mais surtout, il n’hésite pas à accueillir Arno Breker, sculpteur officiel du troisième Reich, lors de son exposition à Paris, pendant l’été 1942. Leni Riefenstahl bénéficie de sa protection après la guerre pendant sept ans. —Philippe Burrin, La France à l’heure allemande, Seuil, 1995, p. 352 En 1941, la décision du préfet de police d’interdire sa Machine à écrire est annulée par la Propaganda Abteilung, soucieuse de ne pas trop museler la muse française. Reste qu’à la Libération, il est rapidement acquitté par le Comité national du cinéma et le Comité national des écrivains devant lequel il ne se présente pas, comités d’épuration devant lesquels il comparaît pour collaboration. À l’occasion d’un reportage sur les écrivains du Palais-Royal, Jean Cocteau fait la connaissance du photographe Pierre Jahan. En 1946, les éditions du Compas éditent La mort et les statues, ouvrage pour lequel Cocteau rédige les poèmes qui seront en regard des photos prises clandestinement, en décembre 1941, par Pierre Jahan sur les statues de bronze réquisitionnées par Vichy puis concassées pour soutenir l’effort de guerre allemand. Quelques immenses succès firent passer Cocteau à la postérité : Les Enfants terribles, Les Parents terribles de 1938, La Belle et la Bête. Devenu une référence cinématographique, il préside le jury du Festival de Cannes de 1953, puis celui de 1954. Au printemps 1950, Jean Cocteau est invité par Francine Weisweiller, l’épouse d’Alec Weisweiller, le riche héritier de la société Shell, à venir passer une semaine de vacances dans leur villa Santo Sospir, à la pointe de Saint-Jean-Cap-Ferrat. L’artiste commence bientôt par dessiner sur les murs blancs un Apollon au-dessus de la cheminée du salon ; encouragé par Matisse, il entreprend de décorer tout le reste de la maison où il se plaît tellement qu’il y reviendra pendant onze ans ; et de proche en proche, il décore ainsi entièrement la villa de fresques a tempera, de mosaïques et d’une tapisserie sur des thèmes de la mythologie grecque ou de la Bible, utilisant la couleur pour la première fois. Il y fait venir par la suite un grand nombre de célébrités, entre autres Picasso, Charlie Chaplin et Jean Marais qui s’initie à la peinture à l’huile. C’est par amitié pour Jean Cocteau que Francine Weisweiller baptise son yacht Orphée II. En 1960, l’artiste tourne Le Testament d’Orphée avec le soutien financier de François Truffaut. Parallèlement, il s’engage dans la défense du droit à l’objection de conscience, entre autres en parrainant le comité créé par Louis Lecoin, aux côtés d’André Breton, Albert Camus, Jean Giono et de l’abbé Pierre. Ce comité obtient un statut, restreint, en décembre 1963 pour les objecteurs. Il joue un rôle important dans la genèse du peintre Raymond Moretti dans les années 60 qui mènera celui-ci à côtoyer Pablo Picasso. Cocteau ne sera pas là pour s’en féliciter : en octobre 1963, apprenant le décès de son amie Édith Piaf, il est pris d’une crise d’étouffement et succombe quelques heures plus tard d’une crise cardiaque dans sa demeure de Milly-la-Forêt, le 11 octobre 1963 à l’âge de 74 ans. Cependant, Jean Marais déclare dans un entretien télévisé le 12 octobre 1963 : « Il est mort d’un œdème du poumon, son cœur a flanché. Il aimait beaucoup Édith mais je ne pense pas que ce soit la mort d’Édith qui ait provoqué la mort de Jean. ». Jean Cocteau vécut longtemps au Palais-Royal, 36 rue de Montpensier. Sa maison de Milly-la-Forêt, la Maison Cocteau, est devenue un musée, inauguré le 22 juin 2010. Il est enterré dans la Chapelle Saint-Blaise-des-Simples à Milly-la-Forêt (Essonne). Sur sa tombe, cette épitaphe : « Je reste avec vous. » En 1989, la ville de Villefranche-sur-Mer lui a rendu hommage, à l’occasion du centenaire de sa naissance, en inaugurant un buste de bronze dû à Cyril de La Patellière et placé face à la chapelle saint-Pierre qu’il avait décorée en 1957. En 2013, 50 ans après sa disparition, la Ville de Metz lui a rendu hommage pour son dernier chef d’oeuvre réalisé à l’Eglise Saint-Maximin de Metz (les vitraux), une place Jean Cocteau a été inaugurée à cette occasion à proximité de ce lieu cultuel. Œuvres * La Bibliothèque historique de la ville de Paris possède un fonds Jean Cocteau composé de manuscrits, correspondances ou encore photographies acquises en trois temps : l’achat d’une partie des manuscrits entre 1990 et 2002, l’achat de la bibliothèque de Cocteau à partir de 1995 et la donation Pierre Bergé en 2006. Pierre Bergé était l’ayant droit moral des œuvres de l’écrivain et président de la fondation Cocteau. Œuvres littéraires Poésie Romans et récits Théâtre, musique et ballet Poésie et critique Journaux Scénario (découpage technique) * 1983 : Le Testament d’Orphée (posthume). Éditions du Rocher (ISBN 2268 04757 1) Œuvres cinématographiques Réalisateur * Courts métrages * Longs métrages Scénariste Dialoguiste Directeur de la photographie * 1950 : Un chant d’amour réalisé par Jean Genet Acteur Poésies graphiques Céramiques (1957-1963) * Dans l’atelier de Madeleine Jolly et Philippe Madeline à Villefranche-sur-Mer, il crée plus de 300 céramiques et des bijoux. Durant la même période il dessine des poèmes-objets. * Il travaille sur engobe (mélange de barbotine et d’oxydes métalliques disposés sur les fonds) et invente le crayon d’oxyde pour donner à ses décors un aspect pastel. * Le catalogue raisonné d’Annie Guédras présente des photos couleurs et noir et blanc des céramiques créées par Jean Cocteau. * Durant la même période, il dessine des bijoux, parures et sculptures. Dessins et tableaux * 1938, Rêverie d’opium, dessin * 1952, Autoportrait à la veste jaune, huile sur toile Tapisseries * Jean Cocteau : « Il n’y a rien de plus noble qu’une tapisserie. C’est notre langue traduite dans une autre, plus riche, avec exactitude et avec amour. C’est un mélodieux travail de harpiste. Il faudrait les voir, nos harpistes, jouant sur les fils à toute vitesse, tournant le dos au modèle, allant le consulter, revenant jouer leur musique de silence. On s’étonne qu’un tel luxe existe à notre époque où le confort le remplace. Un jour avec Picasso, à l’Opéra, nous constatâmes que des œuvres médiocres prenaient de la grâce et du style, traduites dans cette langue. Mais lorsque texte original et traduction s’équilibrent, alors on s’émerveille de notre artisanat de France ». * « Les poésies de laine de Jean Cocteau », ainsi étaient nommées ses tapisseries et cet intitulé témoigne de son admiration pour l’art du tissage. Raymond Picaud tissera les premières tapisseries en partant des cartons dessinés par Cocteau à la manufacture d’Aubusson dans l’atelier qu’il dirige. De nos jours les tapisseries sont visibles dans certains musées et dans des galeries tels que la galerie Boccara spécialisée en tapis et tapisseries artistiques. Enregistrements discographiques * Colette par Jean Cocteau, discours de réception à l’Académie Royale de Belgique, Ducretet-Thomson 300 V 078 St. * Les Mariés de la Tour Eiffel et Portraits-Souvenir, La Voix de l’Auteur LVA 13 * 16 septembre 1963 : Derniers propos à bâtons rompus avec Jean Cocteau, enregistrés à Milly-la-Forêt, Bel Air 311035 * 1971 : Plain-chant par Jean Marais, extraits des pièces Orphée par Jean-Pierre Aumont, Michel Bouquet, Monique Mélinand, Les Parents terribles par Yvonne de Bray et Jean Marais, L’Aigle à deux têtes par Edwige Feuillère et Jean Marais, L’Encyclopédie Sonore 320 E 874 * 1984 : Coffret 3 vinyles Jean Cocteau comprenant La Voix humaine par Simone Signoret, 18 chansons composées par Louis Bessières par Bee Michelin et Renaud Marx, au double-piano Paul Castanier, Le Discours de réception à l’Académie Française, Jacques Canetti JC1 * 1989 : Hommage à Jean Cocteau, mélodies d’Henri Sauguet, Arthur Honegger, Louis Durey, Darius Milhaud, Erik Satie, Jean Wiener, Max Jacob, Francis Poulenc, Maurice Delage, Georges Auric, Guy Sacre, par Jean-François Gardeil (baryton) et Billy Eidi (piano), CD Adda 581177 * 1992 : Les Enfants terribles version radio, avec Jean Marais, Josette Day, Silvia Monfort et Jean Cocteau, 1 CD Phonurgia Nova/INA (ISBN 2908325071) * 1997 : Anthologie, 4 CD comprenant nombreux poèmes et textes dits par l’auteur, Anna la bonne, La Dame de Monte-Carlo et Mes sœurs, n’aimez pas les marins par Marianne Oswald, Le Bel indifférent par Édith Piaf, La Voix humaine par Berthe Bovy, Les Mariés de la Tour Eiffel avec Jean Le Poulain, Jacques Charon et Jean Cocteau, le discours de réception à l’Académie Française, des extraits des pièces Les Parents terribles, La Machine infernale, des pièces de Parade au piano à quatre mains par Georges Auric et Francis Poulenc, Frémeaux & Associés FA 064 * 1997 : Poèmes de Jean Cocteau dits par l’auteur, CD EMI 8551082 * 1998 : Le Testament d’Orphée, journal sonore, par Roger Pillaudin, 2 CD INA / Radio France 211788 Timbre postal * Marianne de Cocteau, 1960 Lieux et musées Lieux décorés par Cocteau sur la Côte d’Azur * Jean Cocteau a décoré la salle des mariages et le bureau du maire de l’Hôtel de ville de Menton. * Il a dessiné et peint « à fresque » les murs de la villa « Santo Sospir » à Saint-Jean-Cap-Ferrat dans laquelle il a aussi réalisé des mosaïques et une tapisserie. * Il a peint des fresques dans la chapelle Saint-Pierre de Villefranche-sur-Mer. * Il a décoré l’orchestra du théâtre en plein air de Cap d’Ail. * On peut voir des mosaïques et des fresques dans la chapelle Notre-Dame de Jérusalem à Fréjus réalisées par Édouard Dermit d’après les croquis de Cocteau. Milly-la-Forêt * Maison Jean Cocteau * Chapelle Saint-Blaise-des-Simples de Milly-la-Forêt, où se trouve sa tombe. Musées de Menton * Musée Jean Cocteau Collection Séverin Wunderman : Une donation de 1 800 œuvres (représentant 7,5 millions d’euros) a été offerte à la ville de Menton par ce collectionneur belge vivant à Los Angeles. Ce musée, inauguré en novembre 2011, devient ainsi la première et la plus importante ressource publique mondiale sur l’œuvre de Jean Cocteau. * Menton abrite aussi un autre musée Jean Cocteau dit musée du Bastion (œuvres de la période 1950 à 1963). Église Saint-Maximin de Metz : les vitraux * L’œuvre vitrailliste réalisée par Jean Cocteau à Metz constitue son dernier grand chef-d’œuvre achevé pour l’essentiel à titre posthume puisqu’il est décédé le 11 octobre 1963. C’est Edouard Dermit, son fils adoptif qui veillera à la pleine exécution du projet dessiné par Jean Cocteau. * Trois idées majeures permettent de caractériser l’originalité de son travail sur les vitraux (une œuvre-témoin de l’art du XXe siècle, une œuvre novatrice et prophétique et enfin une œuvre célébrant l’immortalité et l’au-delà ). C’est la première fois aussi qu’il développe de manière appuyée la figure de l’androgyne dans le vitrail central de l’abside (le vitrail de l’homme aux bras levés). * Ses rapports avec l’alchimie semblent également établis ainsi que son goût pour le biomorphisme et le totémisme dans la représentation de l’univers africain du transept sud (la baie du transept sud) * Sur le thème de l’immortalité développé dans les 24 fenêtres de cette petite église paroissiale, il n’a cessé d’utiliser la mythologie et notamment le personnage d’Orphée pour faire revenir à la vie les êtres chers et les rendre même immortels. * Comme à la suite du film Orphée de 1950, où il annonce déjà : «... L’homme est sauvé, La Mort meurt, c’est le mythe de l’immortalité ». Iconographie * Le musée Carnavalet conserve un portrait en pied de Jean Cocteau par Jacques-Emile Blanche, daté de 1913. Cette toile a été offerte au musée par Georges Mevil-Blanche en 1949. * En 1989, à l’occasion du centenaire de sa naissance, l’hôtel Welcome à Villefranche sur Mer, où descendait Cocteau, et les restaurateurs commandent au sculpteur Cyril de La Patellière un buste en bronze représentant Jean Cocteau. Placé face à l’hôtel Welcome à côté de la chapelle Saint-Pierre sur le port, sur le haut d’une ancienne pierre taillée en guise de socle et provenant de la citadelle de Villefranche, ce buste a été inauguré le 5 juillet 1989 en présence du sculpteur, d’Edouard Dermit, de Jean Marais, de Charles Minetti (commanditaire du projet), du directeur de l’hôtel Welcome. Sur le socle est écrit cette phrase du poète : « Quand je vois Villefranche, je revois ma jeunesse, fassent les hommes qu’elle ne change jamais ». Un tiré à part de ce buste par le même sculpteur se trouve au Musée Cocteau de Menton (le Bastion), commandé par Hugues de La Touche, ancien conservateur des musées de Menton[réf. nécessaire]. Récompenses et distinctions * En 1955, Cocteau était membre de l’Académie française et de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique[réf. nécessaire]. * Dans sa vie, Cocteau fut commandeur de la Légion d’honneur, membre de l’Académie Mallarmé, de l’Académie allemande, de l’American Academy, de la Mark Twain Academy, président d’honneur du Festival du film de Cannes, président d’honneur de l’Association France-Hongrie, Président de l’Académie du jazz et de l’Académie du Disque. Hommages * 1962, Jean Cocteau s’adresse à l’an 2000, document INA. * 1964, Portrait souvenir, document INA. * 1983, Jean Cocteau : Autoportrait d’un inconnu, documentaire réalisé par Edgardo Cozarinsky. Montages d’archives sonores et d’archives filmées, d’extraits de films, à la quête de Jean Cocteau, du poète, du peintre, de l’homme de théâtre et de cinéma, du baladin à la fois public et secret. * 2013, Jean Cocteau, je reste avec vous, documentaire réalisé par Arnaud Xainte. Portrait d’un inclassable, à l’honneur à la Cinémathèque française à l’occasion du 50e anniversaire de sa disparition. * 2013, Cocteau-Marais, un couple mythique, documentaire réalisé par Yves Riou et Philippe Pouchain. * 2013, Opium, film réalisé par Arielle Dombasle. Les références Wikipedia – https ://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Cocteau
Louise Labé, aussi surnommée « Louïze Labé Lionnoize » et « la Belle Cordière », née vers 1524 à Lyon1, morte le 25 avril 1566 à Parcieux-en-Dombes où elle fut enterrée, est une poétesse française de la Renaissance et l'une des principales figures de l'École de Lyon. Son œuvre, très mince en volume (662 vers), se compose d'un Débat de Folie et d'Amour en cinq dialogues en prose, de trois Élégies en décasyllabes, et de vingt-quatre sonnets également en décasyllabes, portant sur l'amour éprouvé par les femmes, et les tourments qu'il peut entraîner. Citation connue: « Et quand je me pensais en être libre, elle me remettait en mon malheur »
Charles Cros, né le 1er octobre 1842 à Fabrezan (Aude) et mort le 9 août 1888 dans le 6e arrondissement de Paris, est un poète et inventeur français. Originaire d'une famille de Lagrasse (Aude), Charles Cros est le frère cadet d'Antoine Cros (1833-1903), médecin, et d'Henry Cros (1840-1907), peintre et verrier : ils participèrent tous les trois aux dîners des Vilains Bonshommes et aux réunions du Cercle des poètes zutiques entre 1869 et 1872. Il servit la Commune de Paris en 1871, comme aide-major au 249e bataillon5. Il est le père du poète Guy-Charles Cros (1879-1956). Le scientifique Passionné de littérature et de sciences, Charles Cros est pendant un temps, de 1860 à 1863, professeur de chimie à l'Institut parisien des sourds-muets, avant de se consacrer à la recherche scientifique. En 1867, il présente à l'Exposition universelle de 1867 un prototype de télégraphe automatique à la suite de ses travaux portant sur l'amélioration de la technologie de ce système de télécommunication. En 1869, il présente à la Société française de photographie un procédé de photographie en couleurs qui est à l'origine du procédé actuel de trichromie. Le poète Il publie ses premiers poèmes dans le Parnasse contemporain et fréquente les cercles et cafés littéraires de la bohème de l'époque (le Cercle des poètes Zutistes — qu'il a créé —, les Vilains Bonshommes, les Hydropathes), ainsi que le salon de Nina de Villard qui sera sa maîtresse jusqu'en 1877. Mais il est davantage connu pour ses monologues, dont le plus connu est Le Hareng saur, qu'il récite lui-même dans des cabarets parisiens comme Le Chat noir. Son œuvre de poète, brillante — elle sera plus tard l'une des sources d'inspiration du surréalisme — est cependant ignorée à son époque. Il le résume amèrement dans ce poème caractéristique : Je sais faire des vers perpétuels. Les hommes Sont ravis à ma voix qui dit la vérité. La suprême raison dont j'ai, fier, hérité Ne se payerait pas avec toutes les sommes. J'ai tout touché : le feu, les femmes, et les pommes ; J'ai tout senti : l'hiver, le printemps et l’été ; J'ai tout trouvé, nul mur ne m'ayant arrêté. Mais Chance, dis-moi donc de quel nom tu te nommes ? Je me distrais à voir à travers les carreaux Des boutiques, les gants, les truffes et les chèques Où le bonheur est un suivi de six zéros. Je m'étonne, valant bien les rois, les évêques, Les colonels et les receveurs généraux De n'avoir pas de l’eau, du soleil, des pastèques. Les références Wikipedia – https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Cros
Paul-Jean Toulet, né à Pau (Basses-Pyrénées) le 5 juin 1867 et mort à Guéthary (Basses-Pyrénées) le 6 septembre 1920, est un écrivain et poète français, célèbre par ses Contrerimes, une forme poétique qu’il avait créée. Biographie Paul-Jean Toulet perd sa mère à sa naissance. Tandis que son père regagne l’île Maurice, il est confié à un oncle de Bilhères, dans la vallée d’Ossau. Il séjourne trois ans à l’île Maurice (1885-1888) puis un an à Alger (1888-1889), où il publie ses premiers articles. Il arrive à Paris en 1898. C’est là qu’il se forme véritablement, sous la tutelle de Willy, dont il est l’un des nombreux nègres, notamment pour Maugis en ménage. Colocataire du futur Prince des Gastronomes Curnonsky, il fréquente les salons mondains et les boudoirs demi-mondains qu’il évoque dans Mon amie Nane. Il travaille beaucoup et se livre à divers excès, dont l’alcool et l’opium. Il collabore à de nombreuses revues, dont la Revue critique des idées et des livres de Jean Rivain et Eugène Marsan. De novembre 1902 à mai 1903, il effectue un voyage qui le mène jusqu’en Indochine. Il quitte définitivement Paris en 1912 pour s’installer chez sa sœur, à Saint-Loubès, au château de la Rafette où leur tante maternelle vit avec son mari Aristide Chaline qui a racheté le château. Paul-Jean est un familier des lieux qui auront l’honneur de plusieurs Contrerimes. Puis à Guéthary, où il se marie. Ses dernières années sont assombries par la maladie. Pendant ce temps, un groupe de jeunes poètes, dont Francis Carco et Tristan Derème, prenant son œuvre en modèle, s’intitulent « poètes fantaisistes ». Les fameuses Contrerimes parurent à partir de la fin des années 1900 dans des revues et dans le corps des romans de Toulet. Un premier projet de les réunir en volume fut avorté par la guerre de 1914. Le livre ne parut finalement que quelques mois après la mort de l’auteur. Il contient outre des contrerimes des poèmes d’autres formes, dont ce dixain: Dans le domaine théâtral, Paul-Jean Toulet composa avec des amis (Martin et Cotoni) un à-propos en vers: La Servante de Molière dont nous n’avons pas le texte, mais qui fut représenté au Théâtre des Nouveautés d’Alger (alors que le poète y résidait), et qu’il s’amusa à éreinter lui-même dans Le Moniteur. Il fit également représenter une comédie en prose: Madame Josephe Prudhomme dont il était l’unique auteur. Enfin, Le Souper interrompu qui fut joué pour la première fois le 27 mai 1944 au théâtre du Vieux-Colombier, au même programme qu’une autre création, Huis clos de Jean-Paul Sartre. Paul-Jean Toulet avait eu, dès 1902, un projet avec Claude Debussy autour de Comme il vous plaira (As you like it) de William Shakespeare. Debussy était désireux d’y revenir en 1917, mais la maladie du compositeur n’en a pas permis la réalisation. Georges Bernanos évoque son souvenir dans les premiers mots de son premier roman Sous le soleil de Satan (« Voici l’heure du soir, qu’aima P.J Toulet... »). De manière un peu inattendue, Frédéric Beigbeder place deux œuvres de Paul-Jean Toulet (Mon amie Nane et Les Contrerimes) dans le "top-100" de ses livres préférés que constitue Premier bilan après l’Apocalypse. Le groupe français Alcest a repris le texte de son poème Sur l’océan couleur de fer sur le titre homonyme paru sur l’album Écailles de Lune (2010). Œuvres * Publications posthumes * TraductionLe Grand Dieu Pan, d’Arthur Machen (parution française, 1901)Correspondance * Publications en revues * Rééditions modernes Les références Wikipedia – https://fr.wikipedia.org/wiki/Paul-Jean_Toulet
Amable Tastu, nom de plume de Sabine Casimire Amable Voïart, née le 31 août 1798 à Metz et morte le 10 janvier 1885 à Palaiseau, est une femme de lettres française. Biographie Sabine Casimire Amable Voïart, née rue des clercs à Metz, est la fille de l’administrateur aux vivres de l’armée Jacques-Philippe Voïart et de Jeanne-Amable Bouchotte, sœur du ministre de la guerre, Jean-Baptiste Bouchotte. Elle perd sa mère en 1802 et en 1806, son père se remarie avec Anne-Élisabeth-Élise Petitpain, femme de lettres de Nancy qui partage avec Amable sa connaissance de l’anglais, de l’allemand et de l’italien. En 1816, elle épouse l’imprimeur perpignanais Joseph Tastu qui la trompe. Un an plus tard, elle met au monde un fils, Eugène. L’année suivante, en 1819, son mari quitte Perpignan et se rend à Paris pour reprendre l’imprimerie libérale des frères Beaudouin, au no 36 rue de Vaugirard. Sous son nom de plume d’Amable Tastu, elle écrit et publie des poèmes qui lui apportent la notoriété. C’est la muse romantique par excellence. En 1851, la rose Amable Tastu est créée en hommage. Après des années de prospérité, les affaires de son mari déclinent. La crise économique de 1830 a raison de son imprimerie et il fait faillite. Amable abandonne alors la poésie pour se livrer à des productions alimentaires afin de subvenir aux besoins de sa famille. Christine Planté précise: « Elle dut vivre de sa plume en rédigeant des travaux alimentaires pour combler l’indigence de son mari ruiné par la révolution de Juillet et inapte à se refaire ». Elle collabore régulièrement au Mercure de France et à La Muse française. Elle publie des ouvrages pédagogiques, des traductions, des sommes historiques, un Cours d’histoire de France, publié en accord avec le ministre de l’Instruction publique, un volume sur la littérature allemande, un autre sur la littérature italienne. Elle est également l’auteure de libretti pour des musiciens comme Saint-Saëns. En 1849, après la mort de son mari, elle suit son fils Eugène dans ses missions diplomatiques à Chypre et à Bagdad. En 1866, elle revient pour quelques années à Paris. En 1871, elle s’installe à Palaiseau où elle continue à mener une intense vie sociale et y meurt le 10 janvier 1885. Relations Elle est très appréciée de Lamartine, Sainte Beuve, Hugo, Chateaubriand, Marceline Desbordes-Valmore. Victor Hugo lui dédie son Moïse sur le Nil et Chateaubriand son Camoens. Sainte-Beuve compose en son honneur une élégie de 18 quatrains et lui consacre 16 pages dans ses Portraits contemporains.
Édouard-Joachim Corbière, dit Tristan Corbière, né le 18 juillet 1845 à Ploujean (aujourd'hui Morlaix, dans le Finistère) et mort le 1er mars 1875 à Morlaix, est un poète français, proche du symbolisme, figure du « poète maudit ». Auteur d'un unique recueil poétique, Les Amours jaunes, et de quelques fragments en prose, Tristan Corbière mène une vie marginale et miséreuse, nourrie de deux grands échecs dus à sa maladie osseuse et sa « laideur » presque imaginaire qu'il se complaît à accuser, celui de sa vie sentimentale (il aima non réciproquement une seule femme, Marcelle), et celui de sa passion pour la mer (il rêvait de devenir marin, comme son père Édouard Corbière). Sa poésie porte en elle ces deux grandes blessures qui l'amèneront à choisir un style très cynique et incisif, envers lui-même autant qu'envers la vie et le monde qui l'entoure. Il meurt à 29 ans, peut-être tuberculeux, célibataire sans enfant et sans travail, retranché dans son vieux manoir breton, incompris de ses contemporains (« Ah, si j'étais un peu compris ! »6), et dont la poésie novatrice ne sera reconnue que bien après sa mort.
Joseph Auguste Maurice Rollinat, né à Châteauroux (Indre) le 29 décembre 1846 et mort à Ivry-sur-Seine le 26 octobre 1903, est un poète, musicien et interprète français. Notice biographique Son père, François Rollinat, était député de l’Indre à l’Assemblée constituante en 1848 et fut un grand ami de George Sand. Issu d’un milieu cultivé, Rollinat se met très tôt au piano, pour lequel il semble avoir de grandes facilités. Dans les années 1870, il écrit ses premiers poèmes. Il les fait lire à George Sand, qui l’encourage à tenter sa chance à Paris. Il y publie son premier recueil Dans les brandes (1877), qu’il dédie à George Sand mais qui ne connaît aucun succès. Il rejoint alors le groupe des Hydropathes, fondé par Émile Goudeau, où se rassemblent de jeunes poètes décadents se voulant anticléricaux, antipolitiques et antibourgeois. Plusieurs soirs par semaine, la salle du Chat noir, célèbre cabaret parisien dans laquelle on croise Willette ou Antonio de La Gandara, se remplit pour écouter l’impressionnant Rollinat. Seul au piano, le jeune poète exécute ses poèmes en musique. (Il mit aussi en musique les poèmes de Baudelaire). Son visage blême, qui inspira de nombreux peintres, et son aspect névralgique, exercent une formidable emprise sur les spectateurs. De nombreuses personnes s’évanouissent, parmi lesquelles notamment Leconte de Lisle et Oscar Wilde. Ses textes, allant du pastoral au macabre en passant par le fantastique, valent à Rollinat une brève consécration en 1883. Cette année-là, le poète publie Les Névroses, qui laisse les avis partagés. Certains voient en lui un génie ; d’autres, comme Verlaine dans Les Hommes d’aujourd’hui, un « sous-Baudelaire », doutant ainsi de sa sincérité poétique. Cependant, grâce aux témoignages et aux travaux biographiques, nous savons que Rollinat fut toute sa vie très tourmenté et que ses névralgies ne l’épargnèrent guère. Son ami Jules Barbey d’Aurevilly écrira que « Rollinat pourrait être supérieur à Baudelaire par la sincérité et la profondeur de son diabolisme ». Il qualifie Baudelaire de « diable en velours » et Rollinat de « diable en acier ». Malade et fatigué, Rollinat refuse d’être transformé en institution littéraire. Il se retire alors à Fresselines, en 1883, proche de l’École de Crozant dans la Creuse, pour y continuer son œuvre. Il s’y entoure d’amis avec lesquels il partagera les dernières années de sa vie. Pendant les vingt années passées à Fresselines, il publiera cinq livres de poèmes: l’Abîme (1886), La Nature (1892), Le Livre de la Nature (1893), Les Apparitions (1896) et Paysages et Paysans (1899), ainsi qu’un recueil en prose: En errant (1903). Alors que sa compagne, l’actrice Cécile Pouettre meurt, Rollinat tente plusieurs fois de se suicider. Son ami, le peintre Eugène Alluaud, le veille et s’inquiète. Malade, probablement d’un cancer, le poète est transporté à la clinique du docteur Moreau à Ivry où il s’éteint en octobre 1903, à l’âge de 56 ans. Il repose au cimetière Saint-Denis de Châteauroux. Il en était venu à être oublié de ses contemporains. Un poète d’Issoudun, Albert Liger, qui assistait aux obsèques, demanda à un curieux qui était celui qu’on enterrait ; celui-ci répondit: « Il paraît que c’est un nommé Rollinat, un fameux pêcheur à la ligne dans la Creuse ». Distinction Chevalier de la Légion d’honneur Hommages Collège Maurice Rollinat à Brive-la-Gaillarde Ecole primaire Maurice Rollinat à La Châtre (Indre) Lycée Rollinat à Argenton-sur-Creuse (Indre) La poésie de Rollinat: de la Nature à la condition humaine Dans les brandes (1877) Dans les brandes ouvre un étrange parcours poétique. Le mépris de la ville et des hommes qui y vivent fait encore davantage briller la Nature, blonde, lumineuse et conseillère. Rollinat y trouve une double perfection: celle des éléments qui la composent et celle du geste de l’homme qui l’habite. Très descriptif, Rollinat donne à voir dans ses poèmes animaliers (L’écureuil, La chèvre) les personnalités différentes de chaque vivant. L’homme de la campagne, quant à lui, développe des mœurs particulières, dont la beauté rustique enchante le poète (Le chasseur en soutane, La fille aux pieds nus). Quant à Rollinat lui-même, spectateur de la Nature et des hommes, il cherche en vain sa place (Où vais-je ?). Le réel, décrit par Rollinat à travers le prisme du monde rustique, regorge d’interrogations, de failles inexpliquées, auxquelles le poète va chercher à donner sens. Les Névroses (1883) Publié chez Charpentier en 1883, annoncé dès 1882, ce recueil est le plus célèbre de Rollinat. Davantage que Dans les brandes, l’étrangeté et le macabre jouent un rôle capital. La Nature est alors transfigurée par le poète sous la pression d’un imaginaire de l’étrange qu’il fait se dégager du moindre évènement (La vache au taureau). Les Névroses, ouvrage de la fascination par excellence, proche du symbolisme, démet le réel de toute son innocence et de sa virginité mythologique. Le diable, la mort, le mal, sont des thématiques omniprésentes qui percent le voile de la simple donnée naturelle. La réalité déborde alors de sens par le double recours à l’imaginaire et au nihilisme. Évacuant Dieu de sa réflexion poétique, Rollinat suppose le Diable comme s’infiltrant dans toutes les manifestations humaines et non humaines. Par ce biais négatif, il réhabilite ce qu’il y a de plus naturel et ancré dans l’humain: la luxure et la mort. Il consacre un poème à Honoré de Balzac (extrait): « Balzac est parmi nous le grand poète en prose, Et jamais nul esprit sondeur du gouffre humain, N’a fouillé plus avant la moderne névrose, Ni gravi dans l’Art pur un plus âpre chemin. »Et un à Edgar Allan Poe: « Edgar Poe fut démon, ne voulant pas être Ange. Au lieu du Rossignol, il chanta le Corbeau ; Et dans le diamant du Mal et de l’Étrange Il cisela son rêve effroyablement beau. » L’Abîme (1886) Trois ans après son départ de Paris pour Fresselines, Rollinat publie L’Abîme, qui est l’ouvrage du retrait. Ce recueil est aussi le plus synthétique de tous les ouvrages en vers de Rollinat. Le poète avait souhaité composer un livre sur la condition humaine. Dans L’Abîme, Rollinat examine en grande partie les vices humains, à la manière des moralistes du XVIIe siècle. On trouve dans la réflexion de Rollinat des échos pascaliens (La chanson de l’Ermite) quant à la place de l’homme dans l’univers, mais surtout une fascination pour l’intériorité humaine (La genèse du crime, Le faciès humain), regorgeant de pouvoirs insoupçonnés, de pulsions et de projets souvent vains. L’Abîme offre un constat accablant de la nature humaine et de sa destinée. La vie, déplorable, ne sera pas, selon Rollinat, excusée par la mort. À la fin du recueil, notamment dans Requiescat in Pace, le poète, cynique, fait de la mort un juge sans Dieu au sein de laquelle l’homme n’aura aucun droit au pardon. Œuvres * Participation au recueil Dizains réalistes * Dans les brandes, poèmes et rondels (1877) (Lire sur Wikisource: Dans les brandes, poèmes et rondels, Paris, Charpentier, 1883 (Wikisource)) * Les Névroses (1883) (Lire sur Wikisource: Les Névroses, Paris, Fasquelle, 1917 (Wikisource)) * L’Abîme (1886) (Lire sur Wikisource: L’Abîme, Paris, Charpentier, 1886 (Wikisource)) * DIX mélodies nouvelles (1886) * La Nature (1892) * Le Livre de la nature, choix de poésies (1893) * Les Apparitions (1896) * Ce que dit la Vie et ce que dit la Mort (1898) * Paysages et paysans (1899) (Lire sur Wikisource: Paysages et paysans, Paris, Fasquelle, 1899 (Wikisource)) * En errant, proses d’un solitaire (1903) Publications posthumes * Ruminations: proses d’un solitaire (1904) * Les Bêtes (1911) * Fin d’Œuvre (1919) * Le Cabinet secret: pièces érotiques et politiques inédites, édition établie par Claire Le Guillou, Paris, Éditions du Sandre (2014) * Poèmes de jeunesse proposés par Catherine Réault-Crosnier et Régis Crosnier (Catherine Réault-Crosnier, 2015) Rééditions * Œuvres. I. Dans les brandes. II. Les Névroses, éditées par R. Miannay, Lettres Modernes Minard (1977) * Les Névroses, édition de Philippe Martin-Lau, Paris, Éditions du Sandre (2010) * Poèmes choisis, édition de Sébastien Robert, Paris, Edilivre (2012) Bibliographie * Paul Verlaine, Maurice Rollinat, monographie publiée dans la revue Les Hommes d’aujourd’hui, no 303 ; texte sur wikisource * Jean-Paul Dubray, Maurice Rollinat intime, Marcel Seheur Éditeur, Paris, 1930. * Hugues Lapaire, Rollinat, poète et musicien, 267 p., Mellottée, Paris, 1932. * Émile Vinchon, La Vie de Maurice Rollinat – Documents inédits, Laboureur & Cie, imprimeurs-éditeurs, Issoudun, 1939. * Régis Miannay, Maurice Rollinat, poète et musicien du fantastique, Badel, 1981. * Association des amis de M. Rollinat, Actes du colloque 1996 (cent cinquantenaire de la naissance du poète), 2005. * Claire Le Guillou, Rollinat: ses amitiés artistiques, Joca seria, 2004. * Christian Jamet, Les Eaux semblantes, roman, Éditions Demeter, 2005. * Laurent Bourdelas, Du pays et de l’exil Un abécédaire de la littérature du Limousin, Les Ardents Editeurs, 2008. * « Maurice Rollinat », base Léonore, ministère français de la Culture * Un article témoignage de Francis Jourdain dans “Ce Soir” du 13 juin 1939 (Gallica) Les références Wikipedia – https://fr.wikipedia.org/wiki/Maurice_Rollinat