Nérée Beauchemin

La muse

Bluet aux regards d’améthyste,
Bluet aux yeux de ciel, dis-nous
Ce qui te fait être si triste ?
—J’ai vu ses yeux, j’en suis jaloux.
 
Et toi, simple églantine rose,
Payse aux lèvres de carmin,
Pourquoi sembles-tu si morose ?
—Je suis jalouse de son teint.
 
Toi, beau lys, qu’en dis-tu ?– Que n’ai-je
Le fin velouté, la blancheur,
La fraîcheur d’aurore et de neige
De sa diaphane blondeur !
 
Je comprends votre jalousie,
Ô fleurs, c’est qu’hier, en ces lieux,
Dans sa robe de fantaisie
La Muse a passé sous vos yeux.

Les floraisons matutinales (1897)

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