Maurice Rollinat

Une résurrection

                     Sonnet.
 
 
Autrefois, un pauvre arbre, au coin d’une prairie,
             M’avait toujours frappé les yeux
             Par son dénudé soucieux
Et par l’air écrasé de sa sommeillerie.
 
Or, après bien des ans, ce soir, je le retrouve.
             Et, c’est un ébahissement
             Tout mêlé d’attendrissement.
Comme un trouble ravi qu’à son aspect j’éprouve.
 
Car, maintenant, pour l’œil, le serpent de la sève
Qui tette les rameaux, les étouffe et s’y tord,
Le gui, lui rend la vie en aggravant sa mort !
 
Et l’arbre repommé, débrouillassé d’ennuis,
Gaillardement vert jaune, orgueilleux se relève,
Semblant tout revêtu d’un feuillage de buis.

Paysages et paysans (1899)

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