Voici le frais matin, mais tout sommeille encore ;
Les arbres sont rêveurs dans l’immobilité,
La nuit trace au fusain des tableaux que l’aurore
Couvrira d’un pastel sublime, la clarté !
Les oiseaux ont encore la tête sous leur aile ;
L’insecte, dans la fleur, n’ouvre pas ses rideaux,
Et l’onde dit un chant si timide et si frêle
Qu’on croirait qu’elle a peur dans le lit des ruisseaux.
Le silence est partout. L’infini se recueille ;
Les pâles visions meurent avec la nuit,
Et l’homme sous son toit, la bête sous sa feuille,
Éveillés ou dormant, ne font encore nul bruit.
Tout à coup le soleil paraît. L’azur flamboie,
Et la terre au grand ciel jette son cri d’amour...
Ainsi, quand tu surgis à mes yeux pleins de joie,
Délivré de la nuit, je chante un hymne au jour !