« Connais-tu le pays où fleurit l’oranger ? »
Ainsi chante Mignon sous un ciel étranger,
Les yeux vers l’horizon immense.
Elle voit en esprit ce que nomme son chant,
Et quand le dernier mot se meurt, triste et touchant,
La vierge aux grands yeux recommence.
Je l’écoute chanter et je lui dis : « Attends !
Un devoir me retient, nous irons au printemps
Vers ton ciel d’azur et de flamme ;
Notre exil va finir, ne désespère pas ! »
Sans répondre, elle exhale un long soupir, tout bas,
Plaintif comme l’adieu d’une âme.
Enfin les orangers sont là, couverts de fleurs !
Mais tout le jour Mignon se tient assise en pleurs
Devant la mer aux blanches voiles,
Et plus pâle, le soir, et plus languissamment
Elle rêve, les yeux perdus au firmament,
De son retour dans les étoiles !