Henri Durand

Chant de printemps.

Enfin le printemps nous donne
         Sa couronne,
Et ses parfums précieux ;
Enfin parmi les prairies
         Refleuries
S’égarent nos pas joyeux.
 
Vois à travers le feuillage
         Du rivage,
Frémir le lac doux et pur !
Plus loin, vois, ô ma compagne !
         La montagne
Briller dans les champs d’azur !
 
As-tu vu, de ta fenêtre
         Disparaître
Du soir les riches couleurs ?
As-tu senti, sur la plaine.
         Quelle haleine
Monte des lilas en fleurs ?
 
Le cœur, au printemps suave,
         Sans entrave,
N’est-ce pas ? Peut s’élever.
Tout aspire ce mystère
         Dont la terre
S’enveloppe pour rêver.
 
Mais, plus que cette nature
         Grande et pure,
Plus que les teintes des cieux ;
Bien plus que l’azur de l’onde
         Si profonde,
Et que les monts glorieux ;
 
Plus que l’haleine surprise
         De la brise
Dans les longs plis du rideau,
J’aime entre les fleurs écloses
         Et les roses,
Voir briller ton œil si beau :
 
Ô toi, mon amour suprême !
         J’aime, j’aime
Ton souris plein de douceur,
Ton souris qui me fait vivre,
         Qui m’enivre
Et met le ciel dans mon cœur.

Poésies complètes (1858)

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