Stances.
Quoi donc, ma lâcheté sera si criminelle ?
Et les voeux que j’ai faits pourront si peu sur moi,
Que je quitte Madame, et démente la foi
Dont je lui promettais une amour éternelle ?
Que ferons-nous, mon coeur, avec quelle science,
Vaincrons-nous les malheurs qui nous sont préparés ?
Courrons-nous le hasard comme désespérés ?
Ou nous résoudrons-nous à prendre patience ?
Non, non, quelques assauts que me donne l’envie
Et quelques vains respects qu’allègue mon devoir,
Je ne céderai point, que de même pouvoir
Dont on m’ôte Madame, on ne m’ôte la vie.
Bien sera-ce à jamais renoncer à la joie,
D’être sans la beauté dont l’objet m’est si doux
Mais qui m’empêchera qu’en dépit des jaloux
Avecque le penser mon âme ne la voie ?
Le temps qui toujours vole, et sous qui tout succombe
Fléchira cependant l’injustice du sort,
Ou d’un pas insensible avancera la mort,
Qui bornera ma peine au repos de la tombe.
La fortune en tous lieux, à l’homme est dangereuse ;
Quelque chemin qu’il tienne il trouve des combats ;
Mais des conditions où l’on vit ici-bas,
Certes celle d’aimer est la plus malheureuse.