François Coppée

Les perroquets du Jardin des plantes.

Centenaires, la chaîne à la patte, en plumages
Somptueux, ils sont là, du matin jusqu’au soir,
Et piétinent, d’un air important, leur perchoir,
En rabâchant tout bas leurs étranges ramages.
 
Ce ne sont pas ceux-là qui pourraient laisser choir,
Au profit d’un renard intrigant, leurs fromages.
Ils ont l’aspect sagace et profond des vieux Mages
Ou des sultans qui vont accorder le mouchoir.
 
Ils méditent, dressant leur huppe jaune ou rouge.
Sous son gros bec de fer leur langue noire bouge,
Marmottant des propos grivois et des jurons
 
Qui se mêlent aux cris des canards et des dindes,
Tandis que le passant cherche dans leurs yeux ronds
Un reflet des forêts monstrueuses des Indes.

Sonnets intimes et poèmes inédits (1911)

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