Enfant blonde aux doux yeux, ô rose de Norvège,
Qu’un jour j’ai rencontrée aux bords du bleu Léman,
Cygne pur émigré de ton climat de neige !
Je t’ai vue et je t’aime ainsi qu’en un roman,
Je t’aime et suis heureux comme si quelque fée
Venait de me toucher avec un talisman.
Quand tu parus, naïve et d’or vivant coiffée,
J’ai senti qu’un espoir sublime et surhumain
Soudain m’enveloppait de sa chaude bouffée.
Voyageur, je devais partir le lendemain ;
Mais tu m’as pris mon cœur sans pouvoir me le rendre,
Alors que pour l’adieu je t’ai touché la main.
A ce dernier bonheur j’étais loin de m’attendre,
Et je me croyais mort à toutes les amours ;
Mais j’ai vu ton regard spirituel et tendre,
Et tout m’a bien prouvé, dans les instants trop courts
Passés auprès de toi, blonde sœur d’Ophélie,
Que je pouvais aimer encore, et pour toujours.
Et je ne me dis pas que c’est une folie,
Que j’avais dix-sept ans le jour où tu naquis ;
Car le triste passé, je l’efface et l’oublie.
Et tu ne peux savoir à quel point c’est exquis !