Nous renaissons, ma chère Éléonore ;
Car c’est mourir que de cesser d’aimer.
Puisse le nœud qui vient de se former
Avec le temps se resserrer encore !
Devions-nous croire à ce bruit imposteur
Qui nous peignit l’un à l’autre infidèle ?
Notre imprudence a fait notre malheur.
Je te revois plus constante et plus belle.
Règne sur moi ; mais règne pour toujours.
Jouis en paix de l’heureux don de plaire.
Que notre vie, obscure et solitaire,
Coule en secret sous l’aile des Amours ;
Comme un ruisseau qui, murmurant à peine,
Et dans son lit resserrant tous ses flots,
Cherche avec soin l’ombre des arbrisseaux,
Et n’ose pas se montrer dans la plaine.
Du vrai bonheur les sentiers peu connus
Nous cacheront aux regards de l’envie ;
Et l’on dira, quand nous ne serons plus,
Ils ont aimé, voilà toute leur vie.