Charles Cros

Paroles perdues

xxÀ Stéphane Mallarmé.
 
 
Après le bain, la chambrière
Vous coiffe. Le peignoir ruché
Tombe un peu. Vous écoutez, fière,
Les madrigaux de la psyché.
 
Mais la psyché pourtant, Madame,
Vous dit : « Ce corps vainement beau,
Caduc abri d’un semblant d’âme
Ne peut éviter le tombeau.
 
« Alors cette masse charnelle
Quittera les os, et les vers
Fourmillant en chaque prunelle
Y mettront de vagues éclairs.
 
« Plus de blanc, mais la terre brune
Sur la face osseuse. Le soir,
Plus de lustres flambants : La lune. »
C’est ce que dit votre miroir.
 
Vous écoutez sa prophétie
D’un air bestialement fier.
Car la femme ne se soucie
Pas plus de demain que d’hier.

Le coffret de santal (1873)

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