Charles-Augustin Sainte-Beuve

C’est un beau soir paisible

C’est un beau soir, un soir paisible et solennel,
À la fin du saint jour, la Nature en prière
Se tait, comme Marie à genoux sur la pierre,
Qui tremblante et muette écoutait Gabriel :
 
La mer dort ; le soleil descend en paix du ciel ;
Mais dans ce grand silence, au-dessus et derrière,
On entend l’hymne heureux du triple sanctuaire,
Et l’orgue immense où gronde un tonnerre éternel.
 
Ô blonde jeune fille, à la tète baissée,
Qui marches près de moi, si ta sainte pensée
Semble moins que la mienne adorer ce moment,
 
C’est qu’au sein d’Abraham vivant toute l’année,
Ton âme est de prière, à chaque heure, baignée,
C’est que ton cœur recèle un divin firmament.
 
                                       Septembre 1829.

Les consolations (1830)

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