Cécile Sauvage

Destin.

Quand j’aurai bien souffert de mon âme muette
Qui contenait le rythme et les rayons humains,
Sans l’avoir jamais vue, en des planches secrètes,
Des hommes la cloueront, ironique destin !
 
Car ce que j’ai chanté n’est encore que silence,
Et mon cœur et mes yeux, mon élan contenu,
À travers la torpeur de la matière immense,
Sombreront sans un mot, à jamais inconnus.
 
Quand le fier mouvement sera le froid rigide,
Quand les beaux yeux pleins d’univers seront creusés,
Quand la danse des pieds, quand le baiser humide
Seront le sec, l’immobile, le décharné,
 
C’est cela, c’est cela, ô ma pure lumière,
Lumière interne, ô ma musique des confins,
Quand il faudra que, citadin au cimetière,
Ton pauvre cœur pourrisse avec tes jeunes mains !
 
Quand le plaisir a fui de la bouche muette,
Le sourire ignoré ne vit que sur le front,
Lumière de l’esprit et de l’âme secrète,
Appel mystérieux de l’aurore aux rayons.
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