Arthur Rimbaud

Age d’or

Quelqu’une des voix
Toujours angélique
—Il s’agit de moi, -
Vertement s’explique :
 
Ces mille questions
Qui se ramifient
N’amènent, au fond,
Qu’ivresse et folie ;
 
Reconnais ce tour
Si gai, si facile :
Ce n’est qu’onde, flore,
Et c’est ta famille !
 
Puis elle chante. Ô
Si gai, si facile,
Et visible à l’oeil nu...
—Je chante avec elle,—
 
Reconnais ce tour
Si gai, si facile,
Ce n’est qu’onde, flore,
Et c’est ta famille !... etc...
 
Et puis une voix
—Est—elle angélique ! -
Il s’agit de moi,
Vertement s’explique ;
 
Et chante à l’instant
En soeur des haleines :
D’un ton Allemand,
Mais ardente et pleine :
 
Le monde est vicieux ;
Si cela t’étonne !
Vis et laisse au feu
L’obscure infortune.
 
Ô ! joli château !
Que ta vie est claire !
De quel Age es-tu,
Nature princière
De notre grand frère ! etc...
 
Je chante aussi, moi :
Multiples soeurs ! voix
Pas du tout publiques !
Environnez-moi
De gloire pudique... etc...

"Derniers vers (1872)"

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