Dis ce qui est dessous parle
Dis ce qui commence
Et polis mes yeux qui accrochent à peine la lumière
Comme un fourré que scrute un chasseur somnambule
Polis mes yeux fais sauter cette capsule de marjolaine
Qui sert à me tromper sur les espèces du jour
Le jour si c’était lui
Quand passe sur les campagnes l’heure de traire
Descendrait-il si précipitamment ses degrés
Pour s’humilier devant la verticale d’étincelles
Qui saute de doigts en doigts entre les jeunes femmes
des fermes toujours sorcières
Polis mes yeux à ce fil superbe sans cesse renaissant
de sa rupture
Ne laisse que lui écarte ce qui est tavelé
Y compris au loin la grande rosace des batailles
Comme un filet qui s’égoutte sous le spasme des
poissons du couchant
Polis mes yeux polis-les à l’éclatante poussière de
tout ce qu’ils ont vu
Une épaule des boucles près d’un broc d’eau verte
Le matin
Dis ce qui est sous le matin sous le soir
Que j’aie enfin l’aperçu topographique de ces poches
extérieures aux éléments et aux règnes
Dont le système enfreint la distribution naïve des
êtres et des choses
Et prodigue au grand jour le secret de leurs affinités
De leur propension à s’éviter ou à s’étreindre
A l’image de ces courants
Qui se traversent sans se pénétrer sur les cartes
maritimes
Il est temps de mettre de côté les apparences individuelles d’autrefois
Si promptes à s’anéantir dans une seule châtaigne
de culs de mandrilles
D’où les hommes par légions prêts à donner leur vie Échangent un dernier regard avec les belles toutes
ensemble
Qu’emporte le pont d’hermine d’une cosse de fève
Mais polis mes yeux
A la lueur de toutes les enfances qui se mirent à la
fois dans une amande
Au plus profond de laquelle à des lieues et des lieues
S’éveille un feu de forge
Que rien n’inquiète l’oiseau qui chante entre les 8
De l’arbre des coups de fouet