Amédée Pommier

La tentation.

D’un doute périlleux ton cœur est combattu,
Je le vois, et, si Dieu ne te prête son aide,
Je crains qu’à l’ennemi ta faiblesse ne cède.
Des deux sentiers ouverts lequel choisiras-tu ?
 
Ton corps formé pour plaire est pauvrement vêtu.
Or, c’est double danger qu’être pauvre et point laide.
Le tentateur est là qui pour le vice plaide ;
Ton bon ange te dit : Préfère la vertu.
 
Voilà certes un sujet de réflexions graves.
La vertu, c’est un chou, des poireaux et des raves,
Bref, tous les éléments de l’humble pot-au-feu.
 
Le vice, c’est l’amour, les beaux fruits, les dentelles,
Les ramiers becquetant leurs tendres tourterelles :
Qui ne conçoit, hélas ! Qu’on délibère un peu ?

Les sonnets sur le Salon de 1851 (1860)

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