Sur la peau de lion, fauve et royal coussin,
Voyez agoniser la belle Cléopâtre.
Elle est là toute nue, et de ses bras d’albâtre
L’œil suit complaisamment le suave dessin.
Il effleure l’épaule et la hanche et le sein,
Qui s’offrent exhaussés comme sur un théâtre,
Et parcourt cette chair légèrement bleuâtre,
Où circule déjà le poison assassin.
Même dans un serpent, j’admire ce courage
D’avoir osé détruire un si parfait ouvrage.
Mais était-ce morsure, ou baiser trop ardent ?
Va, pauvre aspic, j’en crois mon cœur qui te disculpe.
Voyant de ce beau corps l’appétissante pulpe,
J’y mettrais bien la lèvre, et même un peu la dent.