Amédée Pommier

La fille du doge.

Si le doge est son père, ou si c’est quelque autre homme,
C’est ce dont, pour ma part, je m’inquiète peu.
Dès qu’elle a pris naissance, il n’importe en quel lieu,
Que ce soit à Venise, ou dans Naples, ou dans Rome.
 
Elle est belle, voilà l’intéressant, en somme.
Vivante, elle serait un chef-d’œuvre de Dieu,
Et chacun devant elle, empli d’un soudain feu,
Voudrait comme à Vénus lui décerner la pomme.
 
Certes, ce ne sont pas ses perles, ses joyaux,
Ses tissus de brocart, ses vêtement ; royaux,
Qui frappent l’œil tandis qu’elle se déshabille ;
 
C’est son bras virginal, son corps d’un blanc de lait,
Son beau petit pied nu, son buste rondelet,
Sa grâce de naïve et douce jeune tille.

Les sonnets sur le Salon de 1851 (1860)

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