Alphonse Beauregard

L’arbre mort.

Je connais, au fond d’une anse
Où sa maigre forme danse,
   Un érable mort,
Mort nous raconte une histoire
De s’être penché pour boire
   L’eau claire du bord.
 
A le voir nu comme un marbre,
L’été, parmi d’autres arbres
   Verts et vigoureux,
On dirait que la nature
L’a laissé sans sépulture
   Pour un crime affreux.
 
Plus tard quand tombent les feuilles
Quelquefois il les recueille
   Au bon gré du vent ;
Supercherie enfantine
Qui lui rend un peu la mine
   D’un arbre vivant.
 
L’hiver est plus équitable :
Comme lui, le misérable,
   Ses frères sont nus,
Et l’homme qui passe ignore
Lequel sera chauve encore,
   Le printemps venu.
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